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cette obligation doit être apprécié et réprimé comme une faute analogue au fait de n'avoir pas donné les marques de respect réglementaires.

Cuba. La proclamation ci-après du général Weyler fait quelque bruit, non seulement à Cuba, mais aussi et surtout en Amérique et en Espagne :

Ceux qui inventent ou mettent en circulation, de quelque manière que ce soit, des nouvelles directement ou indirectement favorables à l'insurrection, seront considérés comme coupables d'actes contre la sûreté de l'Etat, tels qu'ils sont déterminés par l'article 223 du Code militaire, attendu qu'ils facilitent ainsi les opérations de l'ennemi.

La peine de mort ou l'emprisonnement à vie seront prononcés, les tribunaux jugeant sommairement, contre :

Ceux qui détruisent ou détériorent les chemins de fer, les lignes télégraphiques ou téléphoniques ou qui en interrompent le fonctionnement; ceux qui seront convaincus d'être des incendiaires; ceux qui vendent, apportent ou fournissent des armes ou des munitions à l'ennemi, ou qui, de toute autre manière, en favorisent l'introduction par des offices des douanes; les employés du télégraphe qui délivrent des dépêches relatives aux opérations à d'autres personnes qu'aux vrais destinataires; ceux qui, par la parole, par la presse ou par tout autre moyen, discréditent le prestige de l'Espagne, l'armée, les volontaires, les pompiers, ou toute personne prêtant son concours à l'armée; ceux qui, par les mêmes moyens, louent l'ennemi; ceux qui fourniront à l'ennemi des chevaux, ou tout autre moyen de faire la guerre; ceux qui serviront d'espions ou de guides à l'ennemi; ceux qui détérioreront les vivres de l'armée ou feront augmenter le prix des subsistances; ceux qui se serviront de matières explosives contrairement au décret du 17 octobre 1895; ceux qui se serviront de pigeons, de fusées ou de signaux pour renseigner l'ennemi.

Cette ordonnance sévère ayant été l'objet d'appréciations non moins dures de la part des Chambres des Etats-Unis, qui réclament la reconnaissance du gouvernement insurrectionnel de Cuba, il s'en est suivi de vives manifestations à Madrid, à Barcelone et dans plusieurs villes de la Péninsule Ibérique contre les Etats-Unis. En même temps, le gouvernement espagnol ordonne de nouveaux armements maritimes.

France. Distinction méritée.

Le gouvernement français, bien qu'il soit radical, vient de décorer de la Légion d'honneur le prince Henri d'Orléans, fils du duc de Chartres, qui vient de faire dans le Yusnam et la Birmanie des explorations dont profitèrent grandement la science et le commerce français.

(Feuille d'avis de Lausanne, du 10 mars 1896.)

Manoeuvres d'automne. Les divers journaux militaires indiquent comme suit les manoeuvres d'automne, en 1896:

« Les 12e et 17e corps exécuteront des manoeuvres d'armée, sous la haute direction du général Caillot, membre du conseil supérieur de la

guerre. Les autres corps d'armée exécuteront des manoeuvres de divisions et de brigades.

Les manœuvres de divisions seront de seize jours au plus, aller et retour compris, pour les 2o, 10e, 11e, 13e, 15e et 18e régions. Elles seront de quinze jours dans les 1re, 3e, 4e et 14e régions.

Les manœuvres de brigades seront de quatorze jours au plus, aller et retour compris, dans les 5o, 6o, 7e, 8e, 9e et 16e régions.

Dans les 14e et 15e régions, les manoeuvres de division pourront être transformées en manoeuvres de brigades.

Il ne sera pas exécuté de manœuvres de forteresse.

L'organisation des manœuvres en Algérie et en Tunisie fera l'objet d'instructions particulières.

Manoeuvres de cavalerie: les 1re, 2e, 3e, 4o, 6e bis, 9e, 10e, 11e, 13o, 14e. 15e, 16e et 18e brigades de cavalerie, ainsi que les brigades des 2o, 5o et 6e divisions de cavalerie et la 3e brigade de chasseurs (Dôle-Auxonne), exécuteront des évolutions de brigade, d'une durée de huit jours, non compris l'aller et le retour.

Toutes les brigades de cavalerie du corps, sauf les 6e, 7e et 8e, prendront part aux manœuvres de divisions et de brigades d'infanterie qui auront lieu dans leur région.

Prendront également part à ces manoeuvres les brigades subdivisionnées ci-après :

2e division de cavalerie: les trois brigades, manœuvres de la 6o région. 5e division: 4e brigade de cuirassiers, manoeuvres de la 1re région; 2e brigade de hussards, manœuvres de la 2e région; 3e brigade de dragons, Ge région.

6e division 5e brigade de cuirassiers, manoeuvres de la 7e région; fre brigade de hussards, également; 6e brigade de dragons, 13e région.

7e division: 3e brigade de chasseurs, manoeuvres de la 8e région. Les 1re et 3e divisions de cavalerie, ainsi que la 7e division, dans la composition de laquelle la 3e brigade de chasseurs sera remplacée par la 3e brigade de dragons, exécuteront des manœuvres d'ensemble d'une durée de douze jours au plus, non compris l'aller et le retour, sous la direction du général de division, président du comité technique de cavalerie.

La 11e division de cavalerie et une division provisoire, qui sera commandée par le général de division, inspecteur du 3e arrondissement, et qui comprendra les 6o, 7e et 8e brigades avec deux batteries à cheval, exécuteront, sous la direction du général commandant la 4e division, des manoeuvres d'ensemble, d'une durée de douze jours au plus, non compris l'aller et le retour.

Tous les régiments territoriaux et bataillons de chasseurs territoriaux, convoqués en octobre, manœuvreront dans le voisinage de leurs garnisons pendant deux jours, à la fin de leur période d'instruction. >>

A cette série de manoeuvres la United Service Gazette du 22 février écoulé en ajoute d'autres en ces termes :

« D'importantes manoeuvres d'armée seront exécutées, l'été prochain, dans les départements alpins de la France, vers la frontière orientale Trente-six mille hommes seront mobilisés sous le commandement du général Zédé, gouverneur militaire de Lyon. Les forces françaises couvriront la frontière de Nice à Genève, Grenoble étant le quartier-général du grand état-major, et Lyon le centre d'approvisionnements. Les corps d'armée engagés seront les 14e et 15o, le premier opérant dans le district de la Tarentaise près des ouvrages défensifs des montagnes du Dauphiné, tandis que l'autre manœuvrera dans les Basses Alpes et les Alpes maritimes, en attendant d'effectuer leur jonction pour la revue finale. »

Madagascar.

Statistique des pertes.

Voici le chiffre aussi exact

que possible des pertes subies par le corps expéditionnaire de Mada

gascar.

Dans les cadres, on compte les décès de 3 officiers supérieurs, 20 officiers subalternes, 8 assimilés (médecins, vétérinaires, officiers d'administration, interprètes), 3 aumôniers, 1 commis de trésorerie. Dans la troupe, le nombre des morts a été de 4326, plus 828 pour les convoyeurs kabyles, sénégalais et somalis.

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Italie. L'événement dominant est toujours le désastre d'Adua et ses contrecoups politiques, dont en premier lieu le remplacement du ministère Crispi par un ministère di Rudini, avec le général Ricotti à la guerre.

Quant aux détails de la bataille elle-même, on n'en connaît encore que ce que le gouvernement a bien voulu publier, c'est-à-dire rien de précis ni de vraiment authentique ; de là des variantes sans nombre où les suppositions remplacent souvent la réalité. Il en sera ainsi tant qu'on n'aura pas le rapport officiel du général Baratieri sur ses opérations et intentions du 25 février au 4 ou 5 mars, et quelques notions des rapports ou récits abyssins.

En attendant, nous nous bornerons à enregistrer, d'après les télégrammes de Rome de la première semaine de mars, que c'est le général Baratieri qui a attaqué la position d'Adua le 1er mars de grand matin, après une longue marche nocturne commencée le 29 février au soir; qu'il a réparti son attaque en trois colonnes d'une brigade chacune, Dabormida à droite, Arimondi au centre, Albertone à gauche, avec Ellena en réserve;

que la gauche s'est trop étendue, jusqu'au delà d'Abba-Garima, et qu'elle a été écrasée isolément, le centre n'ayant pu la secourir à temps; ce centre lui-même fut bientôt enveloppé, sans que la droite, très occupée à repousser des attaques abyssines, ait pu joindre son action à celle du centre. La réserve n'a pu faire agir l'artillerie à son gré, de crainte de tirer sur les siens.

En somme, il y eut cinq à six combats très chauds, incohérents, avec mêlées terribles, puis retraite, d'abord de la gauche, ensuite sur toute la ligne. Une fois commencée, la retraite, vivement pressée, tourne à la débandade, les uns à l'est sur Adigrat, les autres au nord sur Mainarat et Barachit, d'autres plus directement au nord derrière la Belesa ou le Mareb.

Les pertes italiennes sont considérables. On n'en sait pas encore exactement le chiffre, elles dépasseraient, dit-on, la moitié de l'effectif, soit huit à neuf mille hommes, tant tués que blessés ou prisonniers, et toute l'artillerie de campagne ou montagne, avec une grande quantité de bêtes de somme et de matériel.

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Rome, 11 mars. Les Abyssins, excités par leurs succès, ont poussé vers le nord jusqu'à Godefelassi. Ils occupent le fort d'Adi-Ugri et sont en force sur la route de Senafé

Sauf la garnison d'Adigrat bloquée et les soldats débandés, il ne se trouve plus aucun corps italien hors des frontières de l'Erytrée.

Vu les forces importantes de l'ennemi, le général Baldissera, qui a pris le commandement en chef à Asmara le 6 mars, se borne à organiser la défense. Il a envoyé une petite colonne à la rencontre de la garnison de Kassala. Dès que la garnison de Kassala sera rentrée dans le triangle Keren-Asmara-Massoua, le général en chef s'installera solidement entre ces trois points. Toutefois, l'artillerie fait défaut

D'immenses convois de blessés arrivent continuellement à Massoua. Ils sont soignés à l'hôpital Abd-El-Kader. Ceux qui pourront supporter le voyage seront transportés à Naples. Jusqu'ici le nombre des disparus est de 400 officiers et 8000 soldats, plus 2000 prisonniers au camp des Choans. Les généraux Dabormida et Arimondi ont été tués.

Le chiffre exact des troupes engagées par les Italiens devant Adua seraitde 484 officiers, 11 000 soldats italiens et 7330 indigènes.

Rome, 13 mars. Le général Baratieri est arrivé le 11 à Massoua. Il est très abattu au physique et au moral. Il reconnaît que l'attaque du 1er mars a été une faute; ce sont les difficultés de ravitaillement qui l'ont poussé à prendre l'offensive. Il craignait d'être contraint de battre en retraite. Il dit avoir tout fait pour empêcher un désastre. Il est prêt à répondre sur tous les points et à supporter jusqu'au bout ies conséquences de son malheur.

La situation générale est meilleure vers le Mareb.

Vers Kassala on signale l'arrivée de la cavalerie derviche.

Massoua, 13 mars. On annonce officiellement que des négociations sont engagées entre le général Baldissera et l'empereur Menelick en vue de la conclusion de la paix.

Messine, 13 mars. Le départ des soldats qui devaient s'embarquer cet après midi à Messine pour Massoua, a été ajourné. Cet ajournement est la conséquence des négociations pour la paix engagées avec Menelick.

P.S. Les arrangements pacifiques sont en voie d'aboutir. Les Italiens garderaient les limites du Mareb, et reconnaîtraient Makonen comme roi du Tigré sous la haute suzeraineté du négus. Un traité d'amitié et de commerce serait conclu en remplacement du traité d'Uccialli, dont il ne serait naturellement plus question.

BIBLIOGRAPHIE

El fusil Mauser Espanol modelo de 1893, par le capitaine d'artillerie Boado y Castro. Madrid, 1895. In-8, 170 pages.

Ce petit volume donne une description détaillée du fusil de 7mm adopté en décembre 1893 pour l'armement de l'infanterie espagnole. Plus de soixante-dix dessins et deux planches hors texte ajoutent à la clarté de cet exposé fort complet.

Parmi les armes modernes, le Mauser espagnol est une des meilleures et des plus perfectionnées; il est certainement égal sinon supérieur à la plupart de ceux des autres armées européennes. Ce qui rend ce fusil particulièrement intéressant, c'est qu'il semble marquer une étape dans la question de la diminution du calibre. En effet, comme le dit l'auteur dans sa conclusion, le Mauser espagnol unit à une simplicité extraordinaire des qualités balistiques de premier ordre, surpassées seulement par quelques armes de moindre calibre; celles-ci ont, il est vrai, une trajectoire un peu plus tendue, mais les pressions développées sont de nature à nuire à la sécurité du tireur et à la durabilité de l'arme. Il serait téméraire de dire, comme on le répète depuis quelque temps, que nous sommes arrivés à la limite minimum du calibre; cependant on peut affirmer qu'en l'état actuel de la science, il n'est pas prudent de descendre au-dessous des 7mm du Mauser espagnol. Ce qui est certain, c'est que, dans les essais qui ont eu lieu, ce modèle s'est montré supérieur à ceux de 6mm5 des systèmes connus et en particulier à celui présenté par le même inventeur Mauser.

L'auteur ajoute que des essais de ce genre ont été faits avec le fusil espagnol et que, partout, sa supériorité a été reconnue. Il serait intéressant de connaitre les résultats de ces expériences et de savoir comment le Mauser espagnol s'est comporté vis-à-vis des nouvelles armes américaines (Marine et Guerre) et surtout vis-à-vis du nouveau fusil italien 6,5 qui passait, il y a peu de temps encore, pour le dernier perfectionnement en fait d'armes de petit calibre.

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