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tivement à égale distance entre Bâle et Genève, couperait en deux parties le front d'attaque d'une armée d'ouest, de telle manière que son aile droite opérerait dans le canton de Vaud et son aile gauche dans les cantons de Soleure et d'Argovie. et se trouveraient alors, à un moment donné, dans l'impossibilité d'effectuer leur jonction.

L'ennemi serait donc forcé de nous attaquer ou par Soleure, ou par le canton de Vaud, du côté de Jougne et Vallorbe, et, par conséquent, de nous dévoiler ses intentions dès sa première marche, s'il ne veut pas commettre la grande faute d'une double attaque distincte et complètement séparée, qui nous permettrait alors, à l'heure suprême, de masser toutes les forces fédérales sur un des deux points nommés, non seulement pour y attendre l'ennemi, mais cette fois prendre l'offensive et livrer avec de réels avantages une grande et décisive bataille. Il n'y aurait qu'un hiver très rigoureux qui pourrait nous être fatal et qui permettrait sur cette immense étendue le passage par une marche de front pour nous envelopper.

Cependant, par un système combiné de décharge et d'alimentation, l'eau serait maintenue constamment en mouvement, ce qui enrayerait la formation de la glace. Des briseglace et des mines concourraient d'ailleurs au même but.

Je ne balance donc pas à dire qu'il serait d'un haut intérêt militaire fédéral d'établir à l'état permanent un système d'écluses en dehors de celui qui existe déjà, au moyen duquel on put, à bref délai et à volonté, élever le niveau des eaux pour submerger les grands marais. Ce serait une bien faible dépense comparativement aux frais énormes que la Confédération a dù supporter pour les fortifications du Gothard qui, très probablement, seront moins utiles que ne pourrait l'être l'inondation que je préconise pour notre défense nationale.

Faoug, avril 1896.

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A. JOANNOT-PERRET,
ancien major à l'état-major général.

Observations. En remerciant M. le major Joannot de son intéressante communication, qui ouvre de nouvelles vues sur la question majeure de la défense de la Suisse, nous ne pouvons adhérer de tous points et en toutes circonstances à un moyen aussi extrême que celui qu'il propose, d'où résulte

raient de graves dommages pour une large étendue du pays. Puis serait-il bien efficace, par le temps qui court, s'il ne devait donner ses fruits qu'après 10 ou 15 jours de concentration des eaux de défense ?? Réd.

Les cyclistes en France.

L'organisation et l'emploi des cyclistes fait de notables progrès en France, où l'on est en train de les armer sérieusement et de les former en compagnies. A ce sujet, le général de Saint-Mars, commandant le 12me corps d'armée, a adressé, le 23 avril, la note-circulaire suivante aux généraux et chefs de corps placés sous ses ordres :

« L'ennemi du militaire, c'est le poids, et sa qualité suprême, c'est la mobilité.

A ce double point de vue, la bicyclette est une machine merveilleuse qui réalise l'idéal.

Le soldat, emporté par ses deux roues d'acier, traverse l'espace comme un projectile intelligent, en dirigeant à volonté, au milieu des obstacles, sa rapide et sinueuse trajectoire.

Son moteur, c'est justement la jambe humaine, qui semble avoir été construite exprès pour la pédale.

Les ordres et les renseignements confiés aux cyclistes voltigent comme de légers oiseaux sur l'échiquier de la bataille et sur toutes les zones voisines, sans compter les distances. Le service de la cavalerie est surpassé et l'emploi du télégraphe est complété.

Mais le cycliste est aussi un facteur efficace de la lutte. Soudain, des groupes de tireurs habiles surgissent sur des points inattendus, puis disparaissent comme par enchantement. Les rideaux de couverture sont percés. La sécurité de l'ennemi est détruite. Ses communications sont bouleversées. Des événements invraisemblables sont devenus faciles par la vitesse et l'imprévu.

Le général commandant le 12me corps revendique l'honneur d'avoir, le premier, en 1886, introduit l'usage du vélocipède dans l'armée, en proclamant, déjà à cette époque, la certitude de l'avenir qui s'ouvrait devant cette gracieuse et puissante invention du génie humain.

Depuis dix ans, les progrès du cyclisme ont été prodigieux et tout le monde est maintenant d'accord au sujet de son application à la guerre, dans de sages limites.

Dans le 12me corps, le dernier relevé donne 219 officiers, 328 sous-officiers et plus de mille soldats qui sont amateurs et familiers de la bicyclette.

Cette situation est satisfaisante, mais il faut encore s'en occuper pour lui faciliter tout son essor.

MM. les généraux et les chefs de corps encourageront cet exercice. Ils y inciteront tous les officiers, et ils organiseront des courses et des récompenses pour stimuler le zèle de la troupe. Un contrôle sera tenu dans les régiments pour renseigner sur la valeur des coureurs. Des épreuves pourront être instituées entre les régiments, entre les brigades ou entre les différentes armes.

L'expérience pratique de l'emploi des ressources du 12me corps en vélocipédistes sera faite pendant les grandes mancuvres prochaines.

Un groupe de cyclistes choisis, dirigés par un cadre d'officiers d'élite, sera constitué et affecté à chacune des 23me et 24me divisions d'infanterie.

Cette organisation va fonctionner dès maintenant et se préparer à démontrer victorieusement sa force et son utilité pendant la rencontre et la réunion des 12me et 17me corps d'armée.

Le général commandant le 12me corps fait appel à MM. les généraux et les chefs de corps pour la désignation des éléments de ces deux groupes dans les meilleures conditions, et il délégue spécialement son chef d'état-major pour surveiller avec la plus grande attention les détails de la préparation qui sera centralisée à Limoges pendant le mois d'août. »>

La statistique établie par le général de Saint-Mars montre, dit l'Avenir militaire, que l'effectif des amateurs de bicyclette au 12me corps d'armée peut largement permettre de constituer deux compagnies de cyclistes à deux cents fusils chacune, avec un cadre de sous-officiers aussi serré que possible.

C'est de deux compagnies « de manoeuvre » qu'il s'agit dans les lignes qui précèdent, et en admettant que chacune d'elles soit fournie par une des divisions du 12me corps, on peut fort bien les supposer divisées en quatre sections de cinquante cyclistes chacune avec les ressources de chacun des quatre régiments d'infanterie de chacune des divisions.

La note-circulaire qui précéde laisse en suspens, et non sans raison, l'effectif du « groupe des cyclistes » à affecter aux 23me et 24me divisions d'infanterie aux prochaines grandes ma

nœuvres.

On peut, en principe, considérer que les cyclistes, pour remplir les missions de confiance auxquelles les réserve leur faculté locomotrice supérieure à celle que que peuvent atteindre les meilleurs cavaliers montés sur les pur sang les plus rapides doivent, pour une compagnie à l'effectif de 200 fusils, compter 8 officiers, soit 1 pour 25 fusils, et 24 sous-officiers, soit 1 pour 8 fusils. Il n'est pas question ici des caporaux, parce que, en principe, tout cycliste doit posséder l'instruction requise du caporal, afin d'être à la hauteur des circonstances spéciales où il devra faire preuve de savoir-faire.

Le rôle des officiers du 12me corps appelés à commander chacun 25 cyclistes et surtout celui des commandants de compagnie sera des plus importants, car il s'agira de créer une doctrine et de ne pas commettre de trop graves erreurs dans une matière où tout dépend des circonstances, du temps qu'il fait, de l'état du sol, de l'esprit des populations au milieu desquelles les cyclistes sont censés opérer.

Si ce rôle est difficile, il est, par contre, le plus utile qui se puisse entendre et l'on peut affirmer que dans le prochain conflit européen la bicyclette sera un instrument de succès tactique tout aussi puissant que le fusil à répétition et le canon le plus perfectionné, entre les mains des généraux qui sauront s'en servir. >>

Ajoutons que, sur la recommandation du général de SaintMars et de plusieurs autres autorités militaires, dont le général d'artillerie Tricoche, il serait sérieusement question d'organiser des compagnies de cyclistes militants dans tous les corps d'armée.

Les manœuvres du ler corps d'armée en 1893.

Journée du 9 septembre.

La IIme division n'a pas réussi à arrêter la Ire. Elle doit se retirer sur Cossonay, derrière la ligne l'Isle-Pampigny-Préverenges, c'est-à-dire dans le même rayon qu'elle occupait la

veille. Son commandant a donc arrêté pour le soir du 7 septembre et la journée du 8, qui, d'après le programme des manœuvres est jour de repos, l'ordre de stationnement sui

vant :

Ier Corps d'armée.

IIe Division.

Cossonay, le 7 septembre, 5 h. soir.

Ordre de stationnement

pour le 7 septembre 1895.

10 La Ile division a reçu l'ordre de se retirer sur ses emplacements d'hier.

20 Les troupes passeront la nuit en cantonnements et camps de localités, d'après la même liste de dislocation que le 6 septembre, à l'exception du bataillon cantonné à Villars-Bozon qui ira occuper, à l'Isle, les cantonnements laissés libres pour le demi-bataillon du génie, qui n'entre:a que demain en ligne

50 Un bataillon de la IVe brigade occupera les avant-postes de la ligne l'Isle-Veyron, à l'ouest de la Tuilerie; un bataillon de la IIIe brigade, la même ligne d'avant-postes que de hier à aujourd'hui.

De même pour la cavalerie.

La ligne occupée par les avant-postes sera maintenue énergiquement en cas d'attaque.

Patrouilles devant tout le front, maintenir le contact avec les avantpostes ennemis.

40 Les commandants de place détermineront les places d'alarme pour chaque cantonnement.

5o Les voitures d'approvisionnement ont été envoyées directement dans les cantonnements des unités.

6o Quartier général de la division: Cossonay.

TECHTERMANN, colonel divisionnaire.

La Ire division, qui a franchi le Toleure, stationne sur les deux rives de ce ruisseau et occupe avec ses avant-postes, sur la rive gauche de l'Aubonne, la ligne Tolochenaz-DenensMollens :

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ORDRE DE DIVISION No 4.

Ordre de stationnement pour le 7 septembre.

1o L'ennemi se retire dans la direction de Cossonay.

2o La Ire division prendra, ce soir, ses cantonnements selon carte de stationnement ci-après :

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