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vélocipèdes. A priori, l'idée est excellente, reste à la voir en pratique.

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PROPRETÉ DES BLESSURES. La propreté des plaies et du harnachement découlent des principes formulés dans le résumé des causes. Le lavage des plaies doit se faire à l'eau tiède, cas échéant additionnée de savon quand il y a des croûtes ou du pus qui sont adhérents aux poils ou aux crins. Les poils ou crins qui recouvrent les plaies doivent être coupés à ras, cela surtout au garrot et à l'encolure.

EMPLOI DES CORPS GRAS. Pour moi, les applications ou lavages d'eau fraîche sont plus nuisibles qu'utiles et je leur préfère de beaucoup la propreté combinée ou plutôt suivie de l'application de corps gras qui ne rancissent pas vaseline, coldcream divers et les huiles, dont la meilleure est l'huile de lin. Le saindoux doit être absolument proscrit.

Les pièces du harnachement qui ont occasionné des blessures, par usure, malpropreté, racornissement, humidité ou dureté, doivent, est-il nécessaire de le dire, être réparées, nettoyées, assouplies, séchées ou changées.

AJUSTAGE DES COLLIERS. L'ajustage du collier doit se faire d'après les principes déjà énoncés. Le collier danois, avec ses deux grandeurs, se modifie facilement avec les courroies. Le collier anglais a quatre numéros, qui correspondent à 50, 52, 54 et 56 cm. d'ouverture, avec des faux-colliers pour suppléer au défaut d'épaisseur de la base d'encolure comparativement à la plus grande largeur de la tête mesurée à la hauteur des orbites. Cette complication de quatre modèles de collier avec adjonction de faux-colliers n'est pas pour simplifier le service ou la mobilisation. Il faudrait absolument pouvoir unifier le harnais aussi bien que la selle en ayant seulement des numéros différents.

COLLIER DE MOUDON ET COLLIER GRISON. Les harnais qui sont chez nous les plus estimés comme harnais à deux mains, trait lourd et trait léger, sont : le collier dit de Moudon, à sac pointu au sommet, large et plat sur les côtés, à côtes bourrées de paille avec attelles légèrement saillantes au garrot, et le collier grison, à sac demi-rond, avec attelles dépassant le collier, s'écartant à leur sommet comme la queue d'un coq de bruyère et reliées entre elles par une courroie qui permet

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de resserrer le sac à volonté. Ces colliers sont ouverts ou fermés par le bas; les premiers, pouvant se resserrer par le haut et le bas, permettent un meilleur ajustage et sont aussi plus pratiques pour harnacher.

COLLIER OUVERT. On reproche au collier ouvert de se disloquer facilement à la coiffe, défaut qui peut être évité si l'on a soin de le fermer chaque fois qu'on l'enlève. Cette fermeture, à l'ordinaire, se compose de deux pièces en fer, l'une pourvue de deux ou trois trous, permettant de varier la largeur, l'autre d'un tenon, qui entre dans ces derniers. Ce système pourrait être modifié pour que la fermeture soit complète mais permette cependant un écartement de 10 à 12 cm. Il faudrait pour cela deux pièces de fer glissant l'une sur l'autre, pourvues de deux à quatre crans d'arrêt et d'une goupille pour la fixation. Cette armature permettrait l'ouverture. limitée du collier qui se placerait et s'ajusterait du haut et du bas avec la plus grande facilité, sans faux collier et sans sortir le sac.

BLESSURES DE COLLIER. En cas de blessures de collier et pour permettre d'utiliser le cheval, on procédera comme pour les blessures de selle, c'est-à-dire qu'on cherchera toujours à soustraire la partie contusionnée à la pression qui la cause, soit au moyen de feutres, coussinets, bandes de peaux en poils, linges, etc., soit en supprimant ou modifiant certaines parties du harnais. On s'ingéniera aussi à changer la destination du cheval de selle à cheval de trait, de porteurs à sousverge, de cheval de pièce à cheval de caisson, de caisson à munitions à char d'approvisionnement, bagages, etc., jusqu'au moment où on sera forcé de le passer à l'infirmerie comme non valeur.

Il y aurait lieu, en cas de mobilisation, de commander les chevaux de réquisition avec leur harnachement. Les chevaux destinés aux bagages et aux munitions qui sont attelés à la bricole et conduits à longues rênes pourraient ainsi garder le collier auquel ils sont habitués et entrainés et se blesseraient ainsi bien moins facilement.

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LE BAT. Le bat n'était guère employé jusque dernièrement que pour les chevaux et mulets de nos quatre batteries de montagne; aujourd'hui, on s'en sert pour transports divers,

signaux optiques, etc., et il nous serait indispensable pour la guerre en montagne. Le bât n'est autre chose qu'une selle à bandes où tout est exagéré comme force, rembourrage et solidité, avec une charpente au lieu de siège et des boucles-crampons et courroies spéciaux pour arrimer la charge.

CONSTRUCTION. La base ou squelette du bât est un arçon en bois plus long que celui de la selle à bandes, avec deux forts panneaux recouverts de cuir et rembourrés en avant avec du crin et en arrière avec de la paille. Le bât est maintenu avec une large sangle rembourrée de crin et par un poitrail. L'avaloire qui sert à l'attelage est supportée par un coussinet de croupe et maintenue par un culeron.

La plus grande charge réglementaire pour nos mulets est de 149 kg. (mulets de pièce) - des bons mulets portent jusqu'à 200 kg. en montagne, poids qui n'est guère supérieur

à celui d'un gros dragon avec paquetage réglementaire et deux jours de vivres; mais le poids mort prédisposera toujours plus aux pressions qu'un cavalier adhérent à sa selle, bien équilibré et ne contrariant pas les mouvements de son cheval. L'important avec le bât c'est la juste répartition de la charge sur les deux côtés également et aussi bas que possible pour éviter le balancement.

En fait de blessures spéciales au bàt on peut citer la blessure d'épaule dans sa partie supérieure, dessous le garrot, par suite du prolongement du panneau qui vient s'adapter de chaque côté du cou.

La blessure du poitrail, à la sortie de l'encolure, causée par un poitrail trop tendu dans les montées, celle du culeron et de la croupière dans les descentes. La blessure du haut de croupe est produite par le coussinet d'avaloire.

A part cela, les blessures déjà citées du garrot, produites par l'arcade de devant du bat et de la sangle qui a beaucoup de tiraillements à supporter dans les chemins de montagne.

Le traitement ne diffère en rien de celui des blessures de selle et de collier. Il est à noter que le mulet présente une résistance beaucoup plus grande que les chevaux aux blessures mais que leur guérison n'en est pour cela pas moins longue.

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TRAITEMENT MÉDICAL DES BLESSURES. tion de traiter ici une affaire chirurgicale.

Il n'est pas ques

Le traitement des contusions, blessures et plaies à tous leurs degrés dépend de la formation d'infiniments petits qu'on appelle microbes, bacilles, diplacoques, etc., qui empêchent le renouvellement des tissus et retardent la cicatrisation. La destruction de ces rapaces est le but dont doit s'inspirer tout traitement, destruction qui a lieu au moyen de substances qu'on appelle désinfectants. Quelques-uns de ces désinfectants étaient déjà usités antérieurement à la théorie microbienne à cause de leurs propriétés astringentes ou caustiques, qui, croyait-on, étaient la condition spéciale de la guérison. Donc dans tout traitement une première désinfection, la propreté, et une seconde par l'emploi des microbicides. Dans cette longue série je citerai pour l'avoir beaucoup employé la solution de sulfate de cuivre 1: 50 et plus récemment la créoline 1 à 2% employées en lavages suivis de l'application des corps gras cités plus haut.

Sur la Lisaine.

La plupart de nos lecteurs n'ignorent pas que la Société vaudoise des armes spéciales et la section vaudoise de la Société des officiers ont organisé ce printemps deux excursions, aux champs de bataille de la Lisaine et de Worth.

Voici, telles quelles en style de télégramme, — quelques notes d'un participant à la course aux bords de la Lisaine.

Nous les donnons ici, malgré leur décousu, dans la pensée qu'elles pourront intéresser les nombreux lecteurs de l'ouvrage du colonel Secretan sur l'armée de l'Est, auquel ces notes se réfèrent :

1re journée: vendredi 22 mai. - Il pleut à verse au départ de Lausanne, au passage à Neuchâtel; il pleut à torrent à l'arrivée à Porrentruy. Aussi sommes-nous peu nombreux, déterminés à ne pas nous laisser arrêter par « l'inclémence des éléments. >>

Audaces... ; à Montbéliard, l'après-midi, temps charmant! A la gare, réception par un groupe d'officiers, parmi lesquels M. le capitaine d'état-major Debeney, envoyé de Besançon par une délicate attention de M. le commandant du 7 corps, général Pierron; M. le commandant Brieu, chef d'état-major de la XIVe division, envoyé de Belfort par son chef, M. le

général Jeannerod; M. le commandant Chevalier, du 21° chasseurs à pied, commandant de place à Montbéliard; M. le commandant du génie Silve, etc. Ces messieurs se sont mis très obligeamment à notre disposition pour nous renseigner et nous faciliter nos travaux.

Puis, après une petite conférence dans laquelle le colonel Secretan nous expose brièvement les événements qui amenérent l'une en face de l'autre et, les 15, 16 et 17 janvier 1871, mirent aux prises l'armée de Bourbaki et le corps de Werder sur la Lisaine, notre petite troupe sort des rues paisibles de Montbéliard pour aller visiter les positions allemandes de la Grange-aux-Dames, 1 km. nord-ouest de la ville.

La Grange-aux-Dames est une sorte de bastion naturel, encore surmonté aujourd'hui de l'ouvrage élevé en 1871 pour artillerie enterrée. A nos pieds, au sud, la plaine où, côte à côte avec le canal de la Savoureuse, coule l'Allaine; à l'ouest, Montbéliard, dominé par son pittoresque château aux épaisses murailles, caponnière dont les feux pouvaient enfiler la vallée de la Lisaine jusqu'à Petit-Bethoncourt; à nos pieds encore, au nord-ouest, cette vallée où coule, petit ruisseau paresseux, encaissé, bordé de prés marécageux, la célèbre Lisaine; celle-ci est le fossé sinueux longeant le rempart naturel des lignes allemandes et la voie du chemin de fer Montbéliard-Héricourt; au nord-est, le village du Grand-Charmont dans un enfoncement, où s'abritaient des cantonnements allemands.

La vue s'étend au sud et sud-ouest jusqu'aux contreforts du Jura. Au nord, au nord-ouest, par delà les futaies du Grand-Bois », d'où les 15e et 24e corps français débouchérent sur Bethoncourt et Bussurel, les hauteurs du « Bois de la Thure ». A l'ouest, l'horizon est borné par le plateau dénudé du Mont-Chevis; au nord, par les « Grands-Bois »; à l'est, par le fort de la Chaux, dont les ouvrages émergent du bois couvrant la hauteur.

D'ici, les feux de l'artillerie allemande balayaient non seulement le flanc gauche de la position de Werder, mais les approches de son front jusqu'à la ferme du Mont-Chevis et, dans le fond de la vallée, jusqu'à Vyans et Bussurel. Les bois au nord de Bussurel dérobent Héricourt à la vue.

Cette magnifique position devait s'imposer au choix du défenseur, dont elle était le meilleur point d'appui sur la

gauche.

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