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Vaudois sont en réalité beaucoup plus importants qu'il n'y paraît d'après cette carte. Au point de vue militaire, nos cartes à la même échelle sont peut-être préférables.

Puis l'on est frappé aussi, sur cette partie du champ de bataille, plus encore qu'entre Héricourt et Montbéliard, de l'analogie de cette contrée avec les nôtres. A ce point de vue encore, les participants à cette course sont heureux d'avoir fait, sous la direction de M. le colonel Secretan, une recon naissance ici : résistance sur un front étendu avec de faibles effectifs, par l'occupation solide des points les plus importants, emploi judicieux d'ouvrages passagers, etc. Bref, presque tous les exemples que l'on peut proposer à la défensive sont là, donnés par les troupes de Werder.

Ainsi, entre Héricourt et Chagey, une forte brigade combinée, opposée à un corps d'armée, a pu à la fois tenir par son infanterie (7 bataillons) tout le front, en se répartissant aux débouchés des routes, en fortifiant les villages à l'entrée des défilés (Chagey, Luze, etc.), les réserves restant dans les bas-fonds, tandis qu'à mi-hauteur du Mont-Vaudois l'artillerie (5 batteries), de ses feux divergents, battait les crêtes et prenait en flanc les colonnes d'attaque françaises '.

D'autre part, l'assaillant avait à surmonter des difficultés dont l'étendue peut se mesurer à la vue des pentes abruptes de la chaîne de la Thure et des étroits défilés d'où il déboucha certes, le 18e corps ne pourrait sans injustice être accusé d'infériorité à sa tàche.

De Chagey à Chenebier, par l'étroit ravin que la Lisaine traverse côte à côte avec la route.

Signalé au passage, dans un petit vallon dénudé, l'emplacement du bivouac de la division Cremer, dans la nuit du 15 au 16 janvier 1871.

Quoique l'on soit aujourd'hui en plein printemps, la montagne est ici d'aspect si morne et désolé, que l'on se sent pris d'un frisson en pensant aux souffrances des pauvres diables qui passèrent là la nuit, dans la neige, sans nourriture depuis trente-six heures, les chevaux affamés broutant quelques genêts, seule végétation de cette terre aride!

A l'issue du défilé, du haut de la « Caroline », mamelon sur le plateau de Courchamp, en face de Chenebier, on em

1 Col. Secretan, p. 221.

brasse du regard la partie la plus importante de tout le champ de bataille, non au point de vue des effectifs en présence, mais de l'influence sur le sort des deux armées. Etobon, Chenebier, Frahier, Chalonvillars pouvaient être autant d'étapes vers une victoire l'unique probablement de l'armée de l'Est, vers la délivrance - momentanée de Belfort; la division Cremer se fùt elle maintenue à Frahier et Chalonvillars, Werder eût été menacé sur ses derrières, contraint à une retraite dangereuse, Belfort débloqué...

Séparés du Chermont (chainon détaché des Vosges), par un vallon profond, nous voyons à gauche et au-dessus de nous, à l'ouest, accroché aux flancs de la montagne, le village d'Etobon. Plus à gauche encore, à notre hauteur, une série de mamelons dénudés couvrent le vallon; c'est grâce à leur abri que la division Cremer, évitant le combat avec les défenseurs de Chenebier, put dérober la marche de flanc de ses 12 000 hommes sur le bois de la Thure, à quelques centaines de mètres de la position ennemie.

Chenebier est en face, formant en réalité trois hameaux séparés par des ravins; aussi peut on s'expliquer que les deux adversaires aient tour à tour pris, perdu et repris cette importante localité pendant la journée décisive du 17 janvier 1871 '.

En arrière et à droite de Chenebier, les hauteurs du bois des Evaux dérobent Echavannes à la vue. Là-bas, la vallée, dominée d'autre part par les bois « Ferry » et « d'Essoyeux », s'élargit en une vaste cuvette à fond plat; dans ce bas-fond, le gros village de Frahier. Au-delà de Frahier, à quelque 6 km. d'ici, le terrain se relève insensiblement; la ligne uni forme des hauteurs prononcées d'Evette barre l'horizon au nord-ouest.

Il semble que la division Cremer, en suivant les flancs du bois de la Thure, ait pris de propos délibéré le plus mauvais des partis: qu'elle voulût entreprendre l'extrême aile droite du général de Degenfeld ou, au contraire, s'attaquer dès l'abord aux troupes du général von der Goltz, une marche de flanc dans le terrain le plus difficile de toute la contrée, puis une conversion lui était imposée, soit à gauche, soit à droite, permettant de la prendre à revers. Tandis qu'en mar

'L'Armée de l'Est, p. 258.

chant résolument par Chenebier sur Frahier, avec Belfort devant eux, les Français eussent pu dès l'abord bousculer l'aile droite allemande trop faible '.

Evidemment, aucune faute n'est imputable aux sous-ordres, étant donnés le terrain, la saison, la disette qui les accablaient, il faut reconnaitre que les troupes de la division Cremer se sont héroïquement comportées, mais aux ordres du commandement en chef qui tuaient l'initiative indispensable au succès.

De retour à Héricourt, visite à la colline du Mougnot (rive droite), que les défenseurs d'Héricourt avaient transformée en une sorte de tête de pont, suppléant par des ouvrages importants aux défauts naturels de cette position qui, en particulier, n'a qu'un champ de tir très restreint : dominée de toutes parts à 300-500 m., au nord-ouest par Saint-Valbert, à l'ouest par Byans et par les bois de la Doire, au sud-ouest, sur la route, par le village de Tavey, dont les premières maisons sont à peine à 300 m., au sud par les « Grands Bois », s'étendant jusque sur la position du Mougnot elle-même. A la hauteur relative des taillis et des futaies de la lisière du bois du Mougnot, on peut encore aujourd'hui se rendre compte des abatis. considérables opérés du 12 au 15 janvier 1871 au matin. Trois jours et trois nuits de travail ininterrompu, la hache et la pioche à la main, suivis de trois autres, 15-17 janvier, à combattre, brigade contre corps d'armée: on comprend que les troupes du général de Werder ne fussent pas, le 18 janvier, en état d'entreprendre une vigoureuse poursuite de l'ennemi en retraite !

La partie proprement militaire de notre course terminée, nous allons passer l'après-midi à Belfort. Malgré la pluie, l'énorme garnison de la petite ville, Belfort compte, sauf erreur, plus de militaires que d'habitants, écoule son flot dans toutes les rues: Dans tous les restaurants, les cafés, les << beuglants »> (qui sont légion comme dans toute garnison importante), partout ce ne sont que chasseurs ou hussards dans leur coquet dolman bleu de ciel à brandebourgs blancs, avec leurs énormes culottes basanées, auprès desquelles celles de nos tringlots ne sont que des fuseaux, artilleurs ou soldats du génie, lignards surtout, toujours par groupes, avec la tour

1 L'Armée de l'Est, p. 275.

nure caractéristique, illustrée par leur grand ami Caran d'Ache.

Au pied du rocher surplombant que couronne le vieux chàteau, le fier lion de Bartholdi a l'honneur de notre visite. De sa terrasse, la vue s'étend, à l'ouest, jusqu'aux hauteurs d'Urcerey, dominées par le fort du Mont-Vaudois; plus près, Essert, les forts des Barres avec de hautes casernes, la vieille enceinte et au delà les pentes escarpées que couronne le fort du Salbert; au nord-ouest, la hauteur des forts de la Miotte et de la Justice nous domine à quelques cents mètres.

Ainsi entourée, ses maisons, plus ou moins entassées dans un bas-fond, la vieille ville, malgré son passé glorieux, n'a rien d'engageant pour des Suisses habitués aux vastes horizons, aux villes ouvertes et librement étalées sur des hauteurs...

4o journée. Départ par chemin de fer de Montbéliard pour Saint-Hippolyte. De là à la Maison-Monsieur, en voiture, par l'une des plus pittoresques et grandioses contrées du Jura. Cordiale réception de la Société des officiers de la Chaux-deFonds et du Cercle des Sonneurs, dans le ravissant site de Ja Maison-Monsieur. Débarquons le soir à Lausanne, suivant la formule toujours nouvelle : « enchantés de notre course et nous promettant bien de recommencer à la première occasion», surtout très reconnaissants envers M. le tolonel Secretan.

ACTES OFFICIELS

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Nominations, mutations, démissions. Ont été nommés premiers-lieutenants de troupes sanitaires (médecins) les militaires dont les noms suivent et qui ont passé avec succès l'école préparatoire d'officiers de troupes sanitaires no II, à Bâle :

MM. Gustave Clément, de Romont, à Fribourg; Arnold Bangerter, de Lyss, à Nidau; Christian Dönz, de Fideris, à Degersheim; Hermann Mösly, de Gais; Max Wild, de Zurich, à Glaris; Otto Bolleter, de Zurich, à Waldkirch (Saint-Gall); Hans Schilling, de Bâle; Charles Binder, de Saint-Gall, à Zurich; Auguste Richard, de Reiben, à Berne; Théodore Auchlin, de Lucerne, à Zurich IV; Oscar Seippel, de Rheineck, à Thal (Saint-Gall); Ro

dolphe Meyer, de Zurich; Antonio Pusterla, de Bellinzone; Emmanuel Veillon, d'Aigle, à Bâle; Robert Vogel, de Dachsen, à Båle; Emile Villiger de Meienberg, à Bâle; Otto Schär, de Wyssachengraben, à Berne; Armin Müller, de Rheinfelden, à Aarau; Ernest Frei, de Hottingen-Zurich, à Pfaffnau; Auguste Prochaska, de Zurich V; Charles Studer, de Thoune; Robert Stäger, de Villmergen, à Berne; Angelo Sciolli, de Pura (Tessin); Erasme Betschart, de Muotathal, à Seuzach.

-M. Jacques Egloff, major dans l'état-major général, à Berne, prend le commandement du IIIe régiment de cavalerie, en remplacement de M. le colonel Markwalder, nommé chef de l'arme.

M. le lieutenant-colonel Auguste Haag, à Bienne, prend le commandement de l'artillerie divisionnaire III.

- M. le capitaine R. Evêquoz est nommé adjudant du bataillon de carabiniers no 2.

--M. Edouard de Meuron, d'Orbe, capitaine d'infanterie, actuellement instructeur de IIe classe de la Ire division, passe en Ire classe dans la même division.

- Le Conseil fédéral a accepté pour le 25 septembre prochain, avec ses remerciments pour les services rendus, la démission offerte par M. Paul Pfund, de Rolle, colonel et instructeur du génie de Ire classe, de ses fonctions de chef du génie des fortifications du Gothard.

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Cavalerie. Les cours de remonte I et II et les écoles de recrues de cavalerie I et II pour l'année 1897 ont été fixés comme suit :

Cours de remonte I, à Aarau, du 12 octobre 1896 au 9 janvier 1897. Cours de remonte II, à Zurich, du 17 octobre 1896 au 14 janvier 1897. Cours préparatoire et école de recrues I, à Aarau, du 9 janvier au 1er avril 1897, pour les recrues des cantons de Fribourg (de langue allemande), de Berne (de langue allemande), de Bâle-Ville, de Zoug et de Schwytz.

Cours préparatoire et école de recrues II, à Zurich, du 14 janvier au 6 avril 1897, pour les recrues des cantons de Soleure, de Bâle-Campagne, d'Argovie, de Schaffhouse, de Lucerne, d'Unterwalden (le Haut et le Bas), d'Uri, de Glaris et des Grisons.

Le chef de l'arme a proposé au département et celui-ci a accepté un nouveau modèle de drap vert pour la tunique de la cavalerie. La nuance adoptée est beaucoup plus claire que celle de l'ordonnance de 1875. I n'en sera pas toléré d'autre.

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Vaud. Le Conseil d'Etat a nommé commandant du Ile arrondissement, en remplacement de M. Compondu, décédé, M. Druey-Epars, à Avenches.

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