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Zurich. A l'occasion des troubles d'Aussersihl, les 26, 27, 28 et 29 juillet, le gouvernement zuricois a levé les bataillons d'élite 70 et 71 et 80 hommes de cavalerie. Cette levée, qui s'est faite le mercredi 29 juillet, n'a duré que quelques jours. Le 2 août déjà, l'infanterie a été licenciée et la cavalerie le 4.

Ces troupes n'ont guère eu à intervenir. Il n'en a pas été de même du bataillon de recrues, actuellement en caserne à Zurich. Trois nuits durant, il a été de réquisition pour aider au maintien de l'ordre, et a dû plusieurs fois charger les émeutiers. Par son attitude martiale et son endurance, ce bataillon qui n'avait commencé son école que le 7 juillet, a mérité les éloges du Conseil fédéral.

ALLEMAGNE

Nouvelle organisation de l'armée allemande. Un projet de loi a été déposé au Reichstag créant une nouvelle organisation de l'armée allemande pour l'emploi des quatrièmes bataillons. A teneur de ce projet de loi, l'effectif de paix de l'armée est arrêté comme suit : Infanterie 624 bataillons, cavalerie 465 escadrons, artillerie de campagne 494 batteries, artillerie à pied 37 bataillons, pionniers 23 bataillons, troupes de chemins de fer 7, train 21.

Invoquant dans son exposé des motifs la nécessité de donner à l'instruction une action plus intensive, le projet forme 19 états-majors de brigade d'infanterie (16 prussiens, 2 bavarois, 1 saxon), 42 états-majors de régiment d'infanterie (33 prussiens, 4 bavarois, 3 saxons, 2 wurtembergeois), 86 bataillons d'infanterie (66 prussiens, 10 bavarois, 6 saxons, 4 wurtembergeois).

Les dépenses à faire une fois pour toutes pour les modifications proposées et les installations dans les garnisons s'élèvent à 13 955 000 marks L'augmentation des dépenses annuelles d'organisation est de 586 300 m.

Dans la discussion qui s'est élevée au Reichstag, au sujet du remplacement de 173 demi-bataillons par 86 bataillons complets, à 500 hommes, groupés en 42 régiments. le général Bronsart de Schellendorf a longuement développé le point de vue du gouvernement.

« Augmenter le rendement de l'arniée, a-t-il dit en résumé, voilà le but. Il faut rendre l'armée plus forte, et surtout accroître la puissance de la partie de l'armée appelée à frapper ou à parer les premiers coups.

» C'est l'armée de campagne de première ligne qui est appelée à frapper les premiers coups; pour être à la hauteur de ce que l'on attend d'elle, elle doit être l'armée du pied de paix mobilisée. Chaque bataillon forme une véritable troupe d'élite, apte à tous les services de paix et de guerre.

» A ce point de vue, l'expérience a prouvé que la création des qua

trièmes demi-bataillons n'a pas été une mesure heureuse. Il faut renoncer à l'idée d'instruire trois bataillons aux dépens du quatrième. Les quatrièmes demi-bataillons actuels, peuplés de réservistes, ne peuvent pas, en cas de guerre, être employés comme troupes de première ligne. »>

L'économie du projet de loi consiste donc à abandonner ces formations imparfaites pour créer des unités moins nombreuses, mais plus complètes et plus solides, dont le noyau, formé de troupes de l'effectif de paix, soit aussi fort que possible, 500 hommes au moins, au lieu d'une centaine seulement auxquels la mobilisation adjoindrait 900 réservistes. Ces nouveaux bataillons ne comporteront que des éléments jeunes et parfaitement instruits, puisqu'ils seront formés d'hommes de l'armée active et des réservistes des plus jeunes classes. Ces unités seront aussi fortement encadrées, grâce aux nombreux sous-officiers rengagés que possède l'armée allemande.

La conséquence dernière de cette mesure sera donc de réduire de 86 bataillons l'armée de campagne, soit de 80 000 hommes environ. Mais cette réduction de nombre, aux yeux du haut commandement, serait compensée et au delà par l'accroissement de la qualité des troupes. Voilà une vérité dont on pourrait s'inspirer ailleurs qu'en Allemagne.

Les 36 bataillons nouveaux seront groupés, avons-nous dit, en 42 régiments. Ceux-ci seront à 2 ou 3 bataillons, et seront groupés en 19 brigades à 2 ou 3 régiments.

« Je suis personnellement partisan des régiments à deux bataillons », a dit à ce sujet le général Bronsart de Schellendorf. « Je connais, d'ailleurs, des hommes très compétents qui déclarent que, comme commandants de brigade, ils préféreraient avoir sous leurs ordres trois régiments à deux bataillons que deux régiments à trois bataillons; la conduite en serait plus facile.

» ...Je ne dis pas qu'à la suite de la prochaine guerre, nous n'en venions pas à adopter cette mesure; il est assurément très difficile à un chef de conduire plusieurs milliers d'hommes, et je tiens pour probable que nous en arriverons peu à peu à une diminution de l'effectif des grosses unités. »

FRANCE

Règlement sur l'organisation et le fonctionnement du service de la télégraphie légère dans les troupes de cavalerie française. Ce règlement, qui abroge celui du 9 février 1889, porte la date du 14 mai 1896. Nous résumons ses principales dispositions.

Le service de la télégraphie légère est chargé d'assurer, lorsque les circonstances le permettent, les relations télégraphiques entre le général

commandant la cavalerie et les quartiers généraux, soit de l'armée, soit des corps d'armée, dans le rayon desquels opère la cavalerie. Il concourt, lorsque le réseau des lignes télégraphiques le permet, à la liaison des principaux échelons de cavalerie. Il utilise à cet effet les lignes télégraphiques existantes, qu'il répare, cas échéant, à l'aide du matériel dont il dispose. Lorsque le terrain s'y prête, il utilise les appareils optiques pour compléter les relations électriques ou les suppléer.

Le service de la télégraphie légère relève directement, dans chaque division, du chef d'état-major et, dans une brigade isolée, du général commandant la brigade.

Le recrutement du personnel se fait parmi les cavaliers qui ont suivi avec succès un cours d'instruction télégraphique à l'Ecole d'application de cavalerie et parmi les cavaliers ayant appartenu à l'administration des télégraphes et dont l'instruction technique est reconnue suffisante. Ils forment des ateliers régimentaires » à raison de quatre télégraphistes par régiment, dont un sous-officier chef d'atelier. Un vélocipédiste est adjoint à l'atelier.

Comme signe distinctif, les cavaliers télégraphistes portent des foudres brodés sur la manche gauche du vêtement.

Le matériel comprend entre autres des appareils optiques, des appareils légers de transmission (parleurs, vibrateurs ou microphones), des postes téléphoniques à téléphones Aubry, des appareils Morse de campagne, des fils de campagne, un lot d'imprimés et de cartes. Chaque brigade de cavalerie dispose d'une voiture à un cheval pour le transport du matériel régimentaire et du matériel spécial de brigade.

Dans les marches et les opérations, les télégraphistes se tiennent habituellement avec le gros des troupes. En principe, dans les colonnes, les voitures de télégraphie légère marchent en tête de l'ambulance de la division de cavalerie.

Dans les combats, les télégraphistes sont groupés au train de combat. Dès que les troupes de cavalerie sont arrêtées, le service de la télégraphie légère s'installe et recherche les communications électriques et optiques qu'il est possible d'établir avec les quartiers généraux de l'armée ou du corps d'armée et celles qui permettent de concourir à la liaison des principaux échelons de la cavalerie. Des postes optiques sont installés sur les points apparents situés dans le voisinage; l'attention des postes correspondants est appelée, s'il est nécessaire, à une heure convenue à l'avance par le poste central de la division au moyen des étoiles blanches ou rouges lancées par les pistolets signaleurs.

Dans les mouvements en avant, le service de la télégraphie légère recueille, au fur et à mesure de la marche, des renseignements sur l'état des lignes et bureaux télégraphiques des régions traversées.

En pays ennemi, des cavaliers télégraphistes sont désignés pour accom

pagner les officiers chargés de surprendre et de reconnaître un bureau télégraphique. Dès leur arrivée dans un poste télégraphique ennemi, ils font cesser tout travail de transmission; ils laissent au contraire dérouler les bandes d'appareils sur lesquelles des dépêches seraient reçues des postes correspondants.

La destruction des postes abandonnés et des lignes télégraphiques du territoire ne doit être effectuée que sur l'ordre formel des généraux commandant l'armée ou la cavalerie indépendante, et, le cas échéant, des généraux commandant les corps d'armée.

Un poste télégraphique peut être mis momentanément hors de service, si l'on détruit les communications intérieures, le fil de terre, les piles, etc. Pour le rendre plus radicalement inutilisable, il convient de démonter et d'enlever les appareils de transmission. Si le temps fait défaut ou si les moyens manquent pour effectuer cette opération, on brise les électroaimants ou bien on les met simplement hors d'usage en entaillant fortement le fil enroulé autour des bobines. On peut enfin rendre inutile un appareil Morse en brisant le levier d'impression de manière que la lecture au son elle-même ne soit pas possible.

Pour mettre hors de service pendant quelque temps et d'une façon efficace une ligne télégraphique, il faut y multiplier les coupures, en enlevant chaque fois, s'il est possible, de distance en distance, plusieurs mètres de fil; si l'on dispose du temps et des moyens nécessaires, on coupe quelques poteaux se suivant, près du sol, et, en les renversant, on rompt à la fois les fils et les isolateurs; on coupe les poteaux à la scie articulée ou on les brûle pour qu'ils ne puissent plus servir.

Lorsque le temps fait défaut, on peut encore mettre les lignes télégraphiques hors de service en y créant de simples dérangements soigneusement dissimulés. Ces dérangements consistent dans le mélange ou la mise à la terre des conducteurs à l'aide de fil fin masqué derrière les poteaux ou introduit dans les fentes de ces poteaux.

Une des préoccupations constantes du service de la télégraphie légère sera de maintenir des communications avec les armées ou corps d'armée que précède la cavalerie.

A cet effet, au fur et à mesure de la marche en avant, on devra toujours chercher à maintenir en bon état, en les réparant, au besoin, quelques lignes fixes longeant les grandes voies de communication ou les voies ferrées; l'essai de ces lignes sera fait, en avançant, successivement à tous les postes.

Tel est, dans ses grandes lignes, le règlement du 14 mai 1896. Pour les détails, nous renvoyons le lecteur à ce règlement lui-même, qui a été publié, avec les tableaux annexés, dans le numéro 17 du Journal militaire.

ITALIE

Effets du fusil de petit calibre.

Un officier italien, le colonel Nava, qui a été fait prisonnier par les Abyssiniens à la bataille d'Adoua, et qui vient d'être libéré à la suite de la reddition d'Adigrat, a pu parcourir pendant sa captivité le camp tigrin, et il a remarqué que les blessés y étaient très nombreux.

Le colonel Nava attribue cela au fusil italien du calibre de 6 millimètres. Les blessures produites par cette arme sont excessivement nettes; il est très rare que le projectile reste dans la blessure; aussi, quand la balle n'a pas frappé une partie vitale et causé ainsi une mort presque immédiate, la blessure faite n'est qu'un simple seton, de guérison prompte et facile. Le colonel Nava est donc d'avis que, si l'on veut obtenir un effet plus meurtrier, il vaut mieux employer un fusil de gros calibre tirant une simple balle de plomb, non recouverte d'une enveloppe; car, d'après lui, le nouvel armement tue moins que l'ancien, et, s'il fait plus de blessures, elles sont presque toutes guéries rapidement.

Ne disposant d'aucune preuve scientifique à l'appui de cette opinion, nous la reproduisons sous toute réserve.

BIBLIOGRAPHIE

Der Feldzug der Division Lecourbe im Schweizerischen Hochgebirge, 1799, par Reinhold Günther, premier lieutenant de fusiliers. Un vol. in-8°. Frauenfeld, 1896, J. Huber, éditeur.

La campagne de 1799 en Suisse fournit une foule de précieux enseignements tactiques et historiques. Pour le soldat suisse, il n'est pas de période plus instructive que ces années sombres où le sol national a servi de théâtre au choc des armées étrangères.

La marche de Lecourbe à travers les hautes montagnes de la Suisse centrale est spécialement intéressante. La question de la guerre de montagne a déjà fait couler beaucoup d'encre. Mieux vaut l'étudier d'après les faits que d'après les livres.

La brochure de M. Günther permet cette étude et a l'avantage d'être. un guide à la fois clair, complet et de style agréable. Aussi ne faut-il pas s'étonner que, présentée au dernier concours de la Société des officiers de la Confédération suisse, elle ait emporté un premier prix.

Nous reviendrons avec plus de détail sur cette étude.

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