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reviser la loi du 29 juin 1894 sur l'instruction du landsturm dans le sens d'une diminution des charges militaires qui pèsent sur les citoyens qui en font partie. Le Conseil fédéral sera invité à présenter un rapport et des propositions à ce sujet.

Initiative militaire. Un comité, jusqu'ici anonyme, s'est constitué à Saint-Gall pour lancer, cas échéant, au printemps prochain, un projet d'initiative populaire en faveur de la centralisation militaire. Ce projet qui parait partir de milieux beaucoup plus politiques que militaires, tout en reprenant, au point de vue technique, le projet repoussé le 3 novembre 1895, entre dans de nombreux détails touchant l'impôt militaire. Il est sans doute issu de ces mêmes cercles qui, il y a quelque temps, réclamaient une « démocratisation » de l'armée. Voici, d'ailleurs les principales dispositions de ce projet qui comporte 12 articles:

La Confédération prend en mains toutes les compétences militaires. Elle administre, instruit, arme, équipe et habille l'armée. L'administration comporte une administration centrale et les administrations d'arrondissement de division. Les cantons servent d'intermédiaires entre la Confédération et les communes, moyennant indemnité.

En ce qui concerne l'habillement, la chaussure doit, cas échéant, être comprise dans les objets à fournir par la Confédération.

La solde journalière du soldat est de un franc.

La Confédération rachète les places d'armes et bâtiments ayant un but militaire.

L'armée ne peut être mise sur pied, en temps de paix, que pour la durée strictement nécessaire à l'instruction et à sa préparation à la guerre. Les lois élaborées en application de cet article doivent être soumises au peuple.

Tout citoyen suisse doit le service militaire.

Le contribuable dont le revenu est inférieur à 1500 fr. est exonéré de la taxe militaire. De 1500 à 3000 fr., il paie le 3 %. Au delà de 3000 fr. le taux est fixé suivant une progression convenable. Pour chaque enfant de moins de 17 ans, le contribuable défalque 500 fr. Le contribuable des classes d'âge de la landwehr paie la moitié de l'impôt. La taxe personnelle est supprimée, de même la taxe sur la fortune présumée des parents.

Les registres de l'impôt militaire sont rendus publics. Toute fraude est punie d'une amende de 25 fois le montant de l'impôt soustrait; dans les cas graves, la peine de la prison et de la privation des droits civiques sera prononcée.

Les cantons percevront l'impôt militaire, en échange de quoi ils verseront au fonds Winkelried une indemnité déterminée par la législation

fédérale. Le fonds Winkelried assistera les soldats que leur service a fait tomber dans le dénuement ou qui y auront contracté une maladie. Il assistera la famille de ces soldats s'ils sont morts. Si les frais de cette assistance dépassent les sommes versées par les cantons, la Confédération supporte la différence.

Si les exigences professionnelles d'un soldat l'ont fait dispenser d'une partie de son service militaire, il reste néanmoins libéré de l'impôt même s'il n'a pas refait les services manqués.

Le citoyen suisse, libéré du service en temps de paix, mais qui aurait en temps de guerre à participer à la défense nationale, ne paie que la moitié de l'impôt.

Le droit de plainte du soldat est garanti.

Aucun patron n'a le droit de renvoyer un soldat pour cause de service militaire; une loi fédérale détermine les peines à infliger au patron qui viole cette disposition. Il y a lieu de réserver toutefois le droit du patron de réclamer une indemnité à la Confédération.

La Confédération doit indemniser les campagnards de tout dommage causé aux cultures par les exercices militaires. Les conflits sont réglés par l'arbitrage.

Le projet donne enfin un effet rétroactif portant au 1er janvier 1897 à la plupart des dispositions qu'il édicte.

Nous ne pensons pas qu'il soit nécessaire de discuter ce projet. Nous considérons comme douteux qu'il réunisse le nombre de signatures nécessaire pour pouvoir être soumis au peuple. Dans tous les cas, au point de vue des intérêts de l'armée, il est inopportun et de nature à desservir le pays plutôt qu'à améliorer une situation déjà difficile.

Cette Société s'est

Zurich. Société des officiers de Winterthour. réunie le 16 octobre, à Winterthour, en assemblée générale annuelle, sous la présidence de son président, le major D. Corti, de l'état-major général. Du rapport de ce dernier résulte que la Société a eu 11 séances dans le courant de l'exercice 1895-96, dont six consacrées à des conférences et cinq à des exercices de jeu de guerre. Le comité pour le prochain exercice a été composé de: MM. Ed. Bühler, capitaine d'état-major; E. Curti, capitaine d'état-major; A. Muller, premier lieutenant d'infanterie; R. Ernst, premier lieutenant d'infanterie, et W. Knüss, capitaine-médecin. Dans le courant de l'hiver seront organisés des entretiens familiers, destinés surtout à permettre aux officiers subalternes d'exposer les expériences qu'ils ont faites au cours des manœuvres du IIIe corps d'armée.

ALLEMAGNE

Recrutement.- Voici quelques renseignements sur le recrutement de l'armée allemande en 1894 et 1895.

En 1894, il a été appelé comme contingent 235 649 hommes, soit 48,49 pour cent sur un total de 485 949 individus comprenant, en outre, 18161 ou 3,74 % d'engagés volontaires et 19345 ou 3,98 % d'autres engagés entrés au service avant d'avoir atteint l'âge de leurs obligations militaires. Le reste du total se décomposait ainsi : 1397 hommes ou 0,29 % exclus comme indignes; 33,303 ou 6,89 % réformés définitivement comme physiquement impropres ; 97 028 ou 19,97 % classés dans le landsturm du 1er ban et enfin 81 068 ou 16,68 % classés dans l'ersatzreserve tant de la marine que de l'armée.

Pour 1895, ces mêmes chiffres varient quelque peu, mais pas beaucoup. Le nombre des appelés est de 227 212 ou 46,43 % d'un total de 489 388 hommes qui comprend 19 110 (3,90 %) d'engagés volontaires, 20 387 (4,17 pour cent) d'autres engagés entrés dans l'armée avant d'avoir atteint l'âge des obligations militaires, — puis : 1285 (0,26 %) exclus comme indignes, 36 574 (7,47 %) de réformés définitivement, 103 271 (21,10%) classés dans le landsturm de 1re catégorie, et enfin 81 549 ou 47,43 % classés dans l'ersatzrseerve de l'armée ou de la marine.

En dehors de ces chiffres, les deux contingents de 1894 et 1895 ont laissé en surnombre et disponibles pour incorporation ultérieure, le premier: 11 439 jeunes gens de 20 ans et 2583 de 21 ans; le second: 4997 de 20 ans et 4876 de 21 ans.

Il ressort de ces chiffres qu'en comptant les engagés volontaires on a trouvé aptes à l'incorporation, tant dans l'armée que dans la marine en 1894: 56,21 %, en 1895 54,50 % soit plus de la moitié du total. Sur ce nombre, il est vrai, 4499 dans une année et 4594 dans l'autre ont été incorporés dans les services non armés, mais n'en avaient pas moins l'aptitude physique à servir comme combattants.

Le ballon cerf-volant. Le capitaine bavarois von Parseval a inventé un ballon captif, qu'il dénomme ballon cerf-volant, dont voici une description très sommaire.

L'enveloppe a la forme d'un long cylindre terminé à ses deux extrémités par des calottes sphériques; le câble est fixé à l'extrémité antérieure de ce cylindre et la nacelle à la partie postérieure. De la sorte, l'aérostat se tient dans une position intermédiaire entre la verticale et l'horizontale. Plus le vent est fort, plus il tend à faire monter cette espèce de cerf-volant, le câble conservant une inclinaison constante d'environ

40° par rapport au sol. Les déplacements latéraux sont annihilés par des ballonnets suspendus à hauteur de la nacelle et qui jouent le même rôle que les oreilles et la queue du cerf-volant.

Le capitaine de Parseval prétend que son appareil peut être utilisé par les vents les plus forts, tandis que les autres ballons captifs deviennent inutiles, impropres à tout service, lorsque le vent est supérieur à 10 mètres.

BELGIQUE

Réorganisation militaire.

Le général Brassine, ministre de la guerre, vient de donner sa démission de membre du conseil des ministres dans des circonstances très honorables pour lui. Le motif de sa retraite est le refus de ses collègues d'admettre le projet de réforme militaire qu'il se proposait de soumettre au Parlement dès la rentrée de celui-ci.

Actuellement, la durée de l'obligation militaire en Belgique est de treize ans; le service actif de deux ans et demi environ dans les troupes à pied, de quatre années dans les troupes montées. Le contingent annuel de 13300 hommes est recruté par voie de tirage au sort, avec faculté de remplacement. L'effectif théorique des treize classes, y compris les services auxiliaires, est d'environ 145 000 hommes.

A ce système, le général Brassine proposait de substituer les dispos tions générales suivantes :

Réduction à douze ans de la durée de l'obligation militaire; service actif de dix-huit mois pour les troupes à pied, de deux ans et quelques mois pour les troupes montées; contingent annuel de 18 000 hommes environ, recruté par voie de tirage au sort, mais sans faculté de remplacement; division du contingent en deux parties, dont la première (13 à 14000 hommes) servirait le temps indiqué plus haut, et la seconde (4 à 5000 hommes), composée des hommes ayant tiré les plus hauts numéros, demeurerait seulement six mois sous les drapeaux : faculté laissée aux hommes des deux parties du contingent de permuter entre eux; exemption du service pour les instituteurs et les ministres des cultes; grande tolérance pour l'exemption des soutiens de famille et des hommes atteints de défauts corporels; autorisation pour les miliciens, sous conditions, de devancer ou de retarder le moment réglementaire de leur appel, dans l'intérêt de leurs études ou de leur apprentissage; encouragements considérables donnés aux engagés volontaires, pour en augmenter le nombre et diminuer ainsi le contingent des conscrits; création d'une catégorie de volontaires d'un an, pour le recrutement des officiers de réserve, etc.

La droite se montrant divisée sur ce projet, le ministère n'a pas voulu

pour motifs politiques, qu'il fût déposé. Le général Brassine se retire. On ne peut que le féliciter de son attitude résolue et patriotique, et regretter les vues égoïstes de ceux pour lesquels le remplacement est encore un fétichisme et le service personnel l'abomination de la désolation.

Insurrections.

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ESPAGNE

Impossible de savoir exactement où en sont les insurrections des Philippines et de Cuba. Les nouvelles officielles sont de continuels bulletins de victoire. On ne compte plus les morts des insurgés, et ce qui étonne c'est qu'il puisse y en avoir encore de vivants. Il y a ieu de faire observer que cette abondance de bonnes nouvelles coïncide avec l'émission de l'emprunt de 400 000 000 décidé par le gouvernement espagnol.

D'autre part, certains renseignements venus par d'autres voies que les voies espagnoles disent qu'effectivement il règnerait chez les insurgés, cubains un certain découragement et qu'ils commenceraient à compter surtout sur les embarras financiers de l'Espagne pour arriver au succès. Aux dernières nouvelles, le général Weyler paraissait décidé à reprendre une vigoureuse offensive.

En ce moment-ci, la situation militaire générale de l'Espagne est la suivante :

Dans la Péninsule, on compte 128 865 hommes sous les armes, savoir: infanterie, 64 800; cavalerie, 14346; artillerie, 11 774; génie, 5294; administration militaire, 1500; infirmiers, 900; escorte royale, hallebardiers, brigade topographique du corps d'état-major, etc., 1296; gendarmerie, 14779; douaniers, 14 186.

A Cuba, y compris la 11e expédition et non compris les volontaires indigènes, l'Espagne a 200 000 hommes.

La force armée des Philippines, augmentée depuis le début de l'insurrection, ne comporte pas moins de 30 881 hommes appartenant aux différentes armes et aux divers services; 10 234 d'entre eux ont été détachés de la Péninsule.

Enfin à Puerto Rico se trouvent réunis 6000 soldats.

En résumé, l'Espagne a aujourd'hui sous ses drapeaux 365 746 soldats. Il y a deux ans, les effectifs de l'armée entière, en y incorporant la gendarmerie et les douaniers, ne dépassait pas le chiffre de 140 000.

Il faut bien tout le courage et tout le patriotisme des Espagnols pour que le pays n'ait pas encore succombé sous une charge aussi lourde.

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