Page images
PDF
EPUB

Lois militaires.

FRANCE

Les Chambres françaises seront nanties dans le courant de leur présente session de deux importants projets de lois militaires, savoir un projet de loi portant organisation d'une armée coloniale, et un dit relatif à l'organisation du haut commandement.

L'un et l'autre de ces projets, le premier surtout, étaient depuis fort longtemps réclamés. Il a fallu la fameuse expérience de Madagascar pour faire toucher du doigt, en matière coloniale, les graves inconvénients du régime actuel.

Il faut espérer que l'instabilité ministérielle n'ajournera plus les deux réformes proposées. Nous exposerons celles-ci dans nos prochains numéros.

Madagascar. Le général Gallieni, qui a remplacé à Madagascar le résident, M. Laroche, a fort à faire à mettre l'ordre dans la nouvelle colonie.

Les journaux de Madagascar arrivés le 7 novembre à Marseille par le paquebot Ava, apportent les nouvelles suivantes :

L'Emyrne, le Betsiléo et l'Ambatoudra sont mis en état de siège. Dans l'Emyrne sont constitués quatre cercles militaires importants : 1o le cercle d'Arivonimam, sous les ordres du chef de bataillon Reynes; 2o le cercle d'Ambahidrabiby, sous les ordres du chef de bataillon Mougeot; 3o le cercle d'Ambohidratimo, sous les ordres du lieutenant-colonel Gonard; 4o le cercle d'Ambotomanga, sous les ordres du lieutenant-colonel Borbat-Gombret. Le colonel Bouguié est nommé gouverneur militaire de Tananarive. Les gouverneurs hovas sont placés sous les ordres immédiats de ces officiers et résident aux mêmes endroits qu'eux.

A Ambatoudiazaka, un cercle militaire comprenant tout le gouvernement général d'Ambatoudrazaka et la partie du gouvernement de Mandritsara occupée par les populations Antsianaka, est créé sous les ordres du chef de bataillon Roulaud, du régiment colonial.

Comme conséquence de l'annexion, l'esclavage dans toute l'île est aboli, de même que les juridictions consulaires. Des secours sous forme de concessions territoriales ne seront accordés qu'aux propriétaires d'esclaves dépossédés qui seraient reconnus dans le besoin.

L'autorité français reste enfin seule chargée d'assurer le fonctionnement de la justice à Madagascar et, à partir du 17 octobre, les tribunaux français seuls connaissent de tous les litiges entre étrangers comme entre Français.

A Tananarive, le service judiciaire, à la suite d'une entente avec l'autorité militaire, continue à fonctionner sous la direction de M. Dubreuil, procu

1896

41

reur-général. Sa compétence est momentanément limitée aux affaires civiles et commerciales, l'autorité militaire devant connaître de tout délit ou crime tombant sous les lois ordinaires de l'état de siège. Un conseil de défense est institué à Tananarive, sous la présidence du résident général, avec le commandant supérieur des troupes comme viceprésident.

Le général Gallieni se montre sévère vis-à-vis des fonctionnaires civils et il exige d'eux une grande ponctualité dans l'accomplissement de leurs fonctions.

ITALIE

Organisation de l'armée.

[ocr errors]

Lors de la reprise des travaux législatifs, le Parlement italien aura à discuter plusieurs lois militaires, d'une importance capitale.

D'abord la loi sur l'organisation de l'armée. Actuellement, l'organisation de l'armée italienne n'est plus déterminée que par un simple décret. En novembre 1894, le général Mocenni (du ministère Crispi) a modifié complètement la loi de juillet 1887 et, en vertu d'un décret-loi, rendu par le roi en l'absence du Parlement, il a transformé l'armée italienne. Les décrets du 6 novembre 1894 devaient être changés en lois avant le 30 juin de cette année. Mais la chute du ministre de la guerre Ricotti n'a pas permis au Parlement de donner à ces décrets leur forme définitive, et il a fallu proroger leur existence jusqu'au 31 décembre 1896.

Le projet du général Pelioux est prêt à être déposé sur le bureau des Chambres. La teneur exacte en est tenue secrète; toutefois on sait que le général Pelloux maintient les douze corps d'armée, qu'il compte donner aux unités d'infanterie un effectif normal de 100 hommes et que l'on revient pour l'artillerie de côte et de forteresse aux formations prévues par la loi de 1887.

L'autre loi, non moins importante, dont doit s'occuper le Parlement italien, est la loi sur le recrutement de l'armée. Un projet, déjà accepté par le Sénat, pendant le ministère Ricotti, est soumis à l'approbation de la Chambre des députés. Mais le Popolo romano prétend savoir de bonne source que le général Pelloux retirera ce projet, dont il n'est pas partisan.

Le ministre veut supprimer les différentes catégories qui existent et les remplacer par une catégorie unique, créant pour tout le monde les mêmes obligations militaires. De plus, il veut affecter, en vertu d'une loi, aux services auxiliaires, les jeunes gens qui, sans être aptes à servir dans les corps combattants, sont cependant capables de rendre d'utiles services à l'armée.

L'armée italienne se trouve donc en ce moment à la veille d'une transformation.

RUSSIE

Les marches d'hiver vont avoir lieu comme les années précédentes, notamment dans la circonscription militaire de Varsovie, où un ordre du commandant provisoire vient de rappeler les prescriptions à observer dans l'exécution de ces exercices.

Toutes les troupes doivent, sans exception, prendre part aux marches d'hiver l'infanterie au grand complet, sauf les hommes indispensables au service du quartier; la cavalerie avec tous les chevaux disponibles. Tous les officiers doivent être présents.

Chaque corps de troupe doit exécuter au moins deux marches par mois; chaque opération ayant pour base un thème tactique et se terminant soit par une attaque contre un ennemi indiqué, soit par une manœuvre à double action.

Les marches doivent avoir lieu par tous les temps et l'étendue doit en être graduellement augmentée jusqu'à atteindre 30 verstes, les hommes étant en paquetage de guerre complet.

Indépendamment des marches proprement dites, chaque corps de troupe doit exécuter une manoeuvre à double action de deux jours avec bivouac pendant la nuit.

Ces manœuvres d'hiver ne doivent pas avoir lieu par une température ¡nférieure à 100 Réaumur. Si pendant le bivouac nocturne, la température s'abaissait jusqu'à -12°, les troupes devraient lever le bivouac, exécuter une manœuvre de nuit et rentrer ensuite au quartier.

Les manoeuvres et marches d'hiver doivent avoir lieu autant que possible avec le concours des trois armes.

BIBLIOGRAPHIE

Guerre de 1870-1871. Paris. Second échec du Bourget et perte d'Avron, par Alfred Duquet. Bibliothèque Charpentier, Eugène Frasquelle, éditeur, 11, rue renelle. Paris, 1896. 1 vol. in-12 de 316 pages, avec trois croquis. Prix : 3 fr. 50 On se rappellera que le dernier volume du grand et bel ouvrage de M. Duquet sur la guerre de 1870-1871, et notamment sur le siège de Paris, s'arrêtait aux batailles de la Marne, c'est-à-dire à la période de ce siège allant du 30 novembre au 8 décembre 1870, volume dont nous avons entretenu nos lecteurs dans les livraisons de mai et juillet 1896 de la Revue militaire suisse. On se rappellera aussi que la région du Bourget avait été le théâtre d'une vive action, très disputée, et plus tard très discutée, où les troupes françaises avaient dû combattre désavantageusement, les 28 29, 30 octobre 1870, et subir de graves pertes, opérations que nous avons rapportées dans nos livraisons de mars, juin, août et novembre 1893.

à des occupations de position et à des transmissions. De petites fractions, dont l'effectif pouvait s'élever jusqu'à une cinquantaine de cyclistes, ont fait office, dans une certaine mesure, d'infanterie montée. Le 9 septembre notamment elles ont occupé des positions avancées.

Le jour où l'empereur prit le commandement de l'armée de l'Est, le correspondant de la Reichswehr a observé le service des vélocipédistes employés aux communications entre le grand quartier-général et l'état-major du 6e corps. Ce service fonetionnait parfaitement, au moyen de relais organisés de deux en deux kilomètres environ. Le vélocipédiste au relais qui voyait arriver un porteur de dépêche enfourchait aussitôt sa machine et se mettait en marche à un mouvement ralenti, dans la même direction; il se laissait ainsi rejoindre, recevait la dépêche, et partait alors à grande allure.

Par ce procédé on arrivait à franchir en moins d'un quart d'heure la distance de 6 kilomètres qui séparait les deux quartiers-généraux, et ce résultat a sa valeur, si on songe que les chemins avaient beaucoup souffert des pluies.

ACTES

OFFICIELS

Nominations et promotions.

aux nominations suivantes :

Le Conseil fédéral a procédé

a) Dans le tribunal militaire de la IVe division, comme grand-juge : M. Alexandre Reichel, capitaine à Berne, actuellement auditeur du tribunal militaire de la IIIe division, avec promotion au grade de major.

b) Dans le tribunal militaire de la IIIe division: 10 comme auditeur, M. Alfred Stoos, capitaine à Berne, actuellement juge d'instruction; 20 comme juge d'instruction, M. Henri Türler, capitaine à Berne, actuellement greffier; 30 comme greffier, M. Wilhelm Gonzenbach, premier lieutenant à Thoune, actuellement greffier du tribunal supplémentaire du IVe arrondissement territorial.

- MM. Eugène Roud, d'Ollon, à Lausanne, et Aug. Bullet, à Estavayer, sont nommés lieutenants vétérinaires, et mis à disposition.

[ocr errors]

Le Conseil fédéral a nommé intendant du fort d'Airolo : M. Hans Gaudard, lieutenant dans la compagnie de position no 3, à Airolo (Tessin), Le Conseil fédéral a promu au grade de lieutenant les secrétaires d'état-major dont les noms suivent. Jules Nægeli, de Horgen, à Genève,

Hippolyte Aubert, du Petit-Saconnex, à Genève; Charles Fricker, de Veltheim, à Rolle; Louis Gauchat, de Lignières, à Zurich; Robert Ruchonnet, de Saint-Saphorin, à Lausanne; Rodolphe Kägi, de Bauma, à Zurich; Fritz Gysler, de Zurich; Henri Wipf, de Zurich, à Berne; Emile Kuratle, de Krummenau, à Wabern; Jules Gygax, de Seeberg, à Berne; Antoine Rossi, de Locarno, à Berne; Jacques Gubler, de Rüssikon, à Zurich; Adolphe Lörtscher, de Spiez, à Berne; Théodore Frick, de Zurich; Adolphe Ott, de Bischofzell, à Thoune; Rodolphe Weth, de Bâle; Frédéric Knobel, de Häzingen, à Berne.

NOUVELLES ET CHRONIQUE

SUISSE

Transports. Le Département militaire rappelle que les soldats voyageant isolément n'ont le droit de porter leur uniforme et de bénéficier de la demi-taxe que le jour même de l'entrée au service et le jour du licenciement, à moins qu'il ne leur faille plus de temps pour gagner la place d'armes ou regagner leur logis.

Le Département rappelle aussi que les soldats montés et les domestiques d'officiers qui accompagnent des chevaux doivent rester avec ceux-ci dans le wagon pendant tout le transport.

Organisation militaire.

La commission militaire du Conseil

des Etats, qui s'est réunie les 12 et 13 novembre à Berne, a pris les décisions suivantes :

En ce qui concerne les modifications et adjonctions à apporter à certaines dispositions de l'organisation militaire, le Conseil fédéral est invité à examiner s'il n'y aurait pas lieu de faire des questions d'administration et d'instruction deux lois distinctes, au lieu de les réunir en une seule, comme dans le projet.

La commission recommande à l'adoption de l'Assemblée fédérale les propositions du Conseil fédéral visant la réorganisation de l'infanterie et celle des corps de troupe de l'artillerie, le renforcement de la cavalerie divisionnaire et celui des compagnies de guides, portées à l'effectif d'un escadron,

Quant à l'instruction des bataillons de réserve et de landwehr, elle propose de maintenir en vigueur les prescriptions de la loi de 1881 sur les exercices de la landwehr.

Enfin, la commission a décidé de demander au Conseil fédéral de

« PreviousContinue »