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pour prendre l'offensive contre la France, 10 corps d'armée, soit 300 000 hommes, ainsi répartis :

1re armée corps VII et VIII (aile droite);

2e

Зе

4e

corps III, IV et Garde:

corps II, XI et X;

corps V et XII (aile gauche).

En résumé, de Moltke a l'intention de concentrer dans le Palatinat trois armées principales et une quatrième armée destinée non plus, comme dans le projet primitif de 1867, à protéger simplement l'aile gauche allemande, mais à prendre l'offensive contre l'armée française de Strasbourg.

Grâce à cette disposition des forces, l'armée prussienne eût pu opposer à l'offensive française, de quelque côté qu'elle se fût présentée :

Le 25e jour, deux corps d'armée à Neunkirchen ;

Le 30o jour, six corps d'armée à Kaiserslautern ;

Le 34 jour, huit corps d'armée un peu plus en arrière, mais toujours sur la rive gauche du Rhin. « La caractéristique de ce projet de concentration, remarque Verdy du Vernois', consiste dans la disposition des troupes de façon qu'elles eussent toutes pu prendre part à l'effort décisif, si leur présence n'eût pas été indispensable sur une autre partie du théâtre des opérations. >>

Le 33e jour, selon de Moltke, les Français ne peuvent avoir dépassé la ligne Neunkirchen-Deux-Ponts; à cette date, l'armée prussienne doit prendre l'offensive et rencontrer l'adversaire entre Blies et Sarre. Si ce dernier garde la défensive, la marche des armées prussiennes doit être dirigée sur la ligne Nancy-Pont-à-Mousson. Dans un cas comme dans l'autre, de Moltke recommande la la « marche en formation très serrée». (Bei diesem Vormarsch ist die engste Konzentration nöthig.!

Après avoir pris ses dispositions en vue d'une concentration qui réponde, autant que possible, à toutes les circonstances probables, de Moltke étudie la conduite à tenir en cas d'attaque brusquée de la part des Français.

Selon lui, une telle opération ne peut être tentée qu'avec des effectifs restreints. Une semblable armée, privée de trains et de convois, renferme en elle-même des éléments de faiblesse incompatibles avec la mobilité et l'aptitude au combat;

1

Verdy du Vernois (Studien über den Krieg), II, p. 95.

les troupes françaises peuvent donc obtenir des succès partiels, envahir momentanément une partie du territoire ennemi, mais leur force d'expansion se trouvera arrêtée dès que la Prusse leur opposera ses armées mobilisées.

« Nous ne pouvons prévoir, écrit de Moltke le 21 mars 1868, si les Français attendront la fin de leur mobilisation ou s'ils comptent nous envahir de suite avec leurs forces disponibles. Nous, de notre côté, devons n'avoir qu'une seule concentration répondant à cette double éventualité ». En conséquence, le chef du grand état-major propose de ne rien modifier aux principes généraux du groupement des forces allemandes, mais, le cas échéant, d'arrêter sur le Rhin la concentration des armées :

« Dès le 20 jour, nous disposerions, sur la rive droite du Rhin, entre Cologne et Mayence, de forces telles, qu'une armée de 70 000 Français ne pourrait tenter le passage du fleuve. Ce serait notre tour alors à prendre, aussitôt que possible, l'offensive par Cologne, Coblence, Mayence et, éventuel lement, par Mannheim. >>

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Le mois suivant avril 1868 de Moltke revient encore sur cette question, en précisant davantage les grandes lignes de la concentration allemande et des premières opérations contre l'armée française.

Si la guerre éclate cette année, dit-il, nous pouvons être à peu près certains de n'avoir à lutter que contre la France seule; l'intervention de l'Autriche sera enrayée par la réorganisation incomplète de son armée, l'hostilité de la Hongrie et l'attitude de la Russie. Nous pouvons donc concentrer presque toutes nos forces contre la France. >>

En laissant provisoirement les VIe et IXe corps sur le territoire national, il reste une masse de onze corps d'armée, soit 360 000 hommes, pour entrer en lutte avec les armées françaises. Notre supériorité numérique deviendra surtout très notable si nous obtenons de l'Allemagne du Sud un concours de 40 000 à 60 000 combattants. >>

La 1re armée (VIIe et VIIIe corps) se concentrera vers Wittlich et tentera de secourir son avant-garde, formée par la garnison de Trèves. Si les Français s'avancent en nombre par le Luxembourg, cette armée se retirera sur la rive droite de la Moselle, vers Bernkastel, en occupant tous les débouchés de la rivière. Si elle n'a pas d'ennemi devant elle, sa

mission sera de se rapprocher de la 2e armée et de se porter à la même hauteur. En cas de bataille dans le Palatinat, il importe que la 1re armée tombe à temps sur le flanc gauche de l'ennemi.

» La 2e armée (IIIe et IVe corps) sera renseignée sur les forces ennemies par la 16e division, laissée à Sarrebruck et renforcée de la 5e division, transportée de Mayence. Si les circonstances le permettent, les IIIe et IVe corps continueront sans interruption leurs transports stratégiques et seront concentrés sur la ligne Homburg-Deux-Ponts.

» La 3o armée (Ie et Xe corps, division hessoise), utilisant les voies de terre, marchera immédiatement derrière la 2e armée et formera réserve.

» La 4e armée, concentrée vers Landau (corps V et XI, division wurtembergeoise, division bavaroise, brigade bavaroise de Landau), aura pour mission de servir de noyau et de protection aux contingents du Sud.

» L'Allemagne du Sud sera surtout défendue par une vigoureuse offensive de toutes nos forces contre la France. >> Le mémoire fait enfin remarquer que du 22e au 30o jour, l'armée allemande pourrait, dans les conditions les plus favorables, se trouver renforcée de la Garde, des corps I et XII, ainsi que de toute l'armée bavaroise. L'ordre de bataille des armées serait alors le suivant :

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Mais, pour que les armées allemandes atteignent de semblables effectifs, qui assureraient la victoire, il faut à la Prusse la coopération des Etats du Sud.

Le 13 mai 1868, de Moltke convoque à Berlin les attachés militaires de la Bavière et du Wurtemberg, et leur exprime, sur la participation de l'Allemagne du Sud à une guerre contre la France, certaines opinions consignées le jour même dans la note suivante adressée à M. de Bismarck :

«Etant donné le traité d'alliance offensif et défensif conclu avec l'Allemagne du Sud, il suffit théoriquement que les con

tingents du Sud soient mobilisés en temps voulu et placés sous les ordres du roi de Prusse, devenu généralissime des armées allemandes dès la déclaration de guerre contre la France. Pratiquement, il en est autrement.

» Un traité d'alliance offensif et défensif n'est qu'une forme imparfaite d'aide mutuelle, et n'a d'autre valeur que l'appui isolé de chaque partie contractante. Sous ce rapport, l'importance des différents concours prêtés n'est nullement comparable.

L'Allemagne du Nord fournit une armée; l'Allemagne du Sud ne donne que des contingents. La Prusse a un généralissime; le Sud ne dispose que d'un commandant des troupes fédérales, et ne peut, avec la meilleure volonté du monde, nous offrir qu'un assemblage hétérogène de troupes.

» La différence entre une armée homogène et un amalgame de contingents fédéraux ressort suffisamment des événements de 1866....

Les intérêts particuliers ne peuvent être réduits au silence que dans un Etat unifié; ils prévalent toujours dans un traité d'alliance. Il s'agit done moins d'exiger de l'Allemagne du Sud l'exécution d'un plan d'ensemble conforme aux principes de la stratégie, que de lui demander ce qu'elle peut accorder en tenant compte de sa sécurité particulière.

» Or l'offensive immédiate avec des forces supérieures transporterait la guerre sur le territoire ennemi et protégerait indirectement toute l'Allemagne. Aucun Etat ne refuserait d'y participer. Malheureusement, ce plan implique une initiative politique et un degré de mobilisation dont l'Allemagne du Sud est provisoirement encore incapable.

» Il faut donc surtout envisager la protection des pays du Sud.

» Selon moi, le Rhin inférieur et le Rhin supérieur seraient surtout protégés par la concentration d'une armée sur le Rhin moyen. Mais, pour que l'Allemagne du Sud partage cet avis et nous accorde sa confiance, elle doit être certaine que nous y serons concentrés à temps et avec des effectifs suffisants. Cette assurance, je la donne. »

Profitant du concours militaire promis par les Etats du Sud, de Moltke élabore un nouveau plan de concentration en vue d'une guerre qui lui parait désormais certaine. Le nouveau mémoire, rédigé en 1868, rectifié en janvier et en mars 1869,

est intitulé: Concentration initiale de l'armée en cas de guerre · avec la France seule, et débute en ces termes :

«En cas de guerre avec la France seule, nous avons l'avan-tage de pouvoir concentrer toutes nos forces dans le Palatinat bavarois, en utilisant six voies ferrées indépendantes.

>> S'ils veulent faire rendre son maximum à leur réseau ferré, les Français sont obligés de se concentrer autour de Metz et de Strasbourg, en deux groupes séparés par les Vosges qui nous permettront de manoeuvrer, au début des opérations, sur la ligne intérieure.

» Il serait peu judicieux d'employer une partie de notre armée de campagne à la défense directe du Rhin inférieur. Cette partie du fleuve se trouve protégée par la neutralité de la Belgique et, en cas de violation de ce royaume, par son éloignement de la frontière française. Concentrés dans le Palatinat, nous sommes aussi près d'Aix-la-Chapelle et de Cologne que ne le sont les Français massés à Thionville et Mézières. Nos opérations, dirigées de la rive gauche du Rhin sur la Moselle, prennent à revers toutes les tentatives françaises faites sur le Rhin inférieur, et les obligent à faire front vers le Sud...

» .... La meilleure protection de la forte barrière du Rhin inférieur et de la faible ligne du Rhin supérieur réside dans l'offensive énergique dirigée contre la France avec des forces supérieures. En conséquence, il y aura lieu de constituer quatre armées :

1re armée (aile droite), vers Wittlich, VIIe et VIIIe corps.

2o armée (armée principale), vers Neunkirchen et Hombourg, IIIe, IVe, Xe corps et Garde

3o armée (aile gauche), vers Landau, Ve et XIe corps

.

Eventuellement, deux corps d'armée de l'Allemagne du Sud, la division wurtembergeoise et la division badoise

4o armée (réserve), en avant de Mayence, IXe et XIIe corps

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Et éventuellement les Ier, IIe et VIe corps.

60,000 hommes.

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130,000

60,000

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> En vue de l'offensive, nous disposons donc sûrement de

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