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«En général, l'introduction du nouveau paquetage a été très bien accueillie et le système a été approuvé par tous dans ses grandes lignes. On a pu constater que la mobilité de notre infanterie y avait beaucoup gagné et qu'on ne voyait plus, comme autrefois, après des marches de quarante kilomètres et davantage, les hommes penchés en avant comme sous le poids d'un lourd fardeau.

>> Cependant, les essais qui ont été faits ont prouvé la nécessité d'apporter différents changements au nouveau paquetage. Le sac à pain, entre autres, sera complètement transformé ; le petit couvercle en peau sera remplacé par un couvercle entier en cuir noir, qui préservera beaucoup mieux le contenu. En outre, le sac à pain sera non plus suspendu au bas du sac, mais accroché au côté gauche de l'homme, en partie au ceinturon et en partie à la partie latérale du sac.

>> Un changement apporté dans la partie du sac contenant les cartouches donnera au sac de l'homme une capacité plus grande. En même temps, le crochet et la boucle seront placés plus bas, ce qui en rendra le port plus pratique encore. Grâce à une autre modification, on pourra enlever le sac tout seul; les cartouchières seront, en outre, faites de cuir plus ferme, pour éviter la déformation. La gamelle et la gourde ne subissent pas de transformations, sauf que les boucles et les boutons seront renforcés et que, par mesure de propreté, le gobelet ne sera plus verni.

» Le paquetage réduit, consistant dans le manteau roulé, le sac à pain et la gamelle, n'a pas donné les résultats voulus: les soldats préféraient encore porter le sac. Aussi peut-on s'attendre à sa prochaine disparition.

>> La question de la deuxième paire de souliers et de pantalons n'est pas résolue. Les essais continueront l'an prochain, en partie avec de nouveaux modèles. »

Aux renseignements qui précèdent, on peut ajouter ce qui suit :

Le paquetage réduit disparaît par suite des décisions de la commission; en effet, le sac à pain n'est plus suspendu au moyen d'une courroie portée en sautoir, mais il s'accroche, à gauche de l'homme, par sa partie antérieure au ceinturon et par sa partie postérieure au havresac. Le soldat possèdera une banderolle, renfermée habituellement dans le sac à pain, et au moyen de laquelle il pourra le porter occasionnellement en sautoir.

La gourde continuera à être renfermée dans le sac à pain, où elle aura un compartiment particulier.

Avec l'équipement M 96, la charge moyenne du fantassin est de 26.735 kil. avec l'outil de pionnier et de 25.530 kil. sans outil. Or, on admet généralement que la charge du fantassin ne devrait pas dépasser, tout compris, 25 kil.

Pourrait-on opérer une diminution permettant d'arriver à ce poids, et comment ?

Peut-être pourrait-on, sans grands inconvénients, diminuer les dimensions et, par conséquent, le poids de la capote; il ne parait nullement nécessaire qu'elle soit aussi longue qu'on la veut actuellement; on en fait un manteau d'hiver, à endosser habituellement par-dessus un autre vêtement (tunique ou veston), et peut-être serait-il plus pratique d'en calculer les dimensions à deux fins, mais surtout pour qu'elle puisse servir de second vêtement, pour la marche ou la manœuvre.

Serait-il possible de supprimer le second pantalon ?

On a mis dernièrement à l'essai des pantalons légers de deux espèces : un pantalon fait d'une sorte de milaine et un pantalon de toile grise. L'un et l'autre étaient destinés à être portés comme pantalons de quartier ou à être mis par-dessus le pantalon de drap, en cas de basse température.

Le pantalon de milaine s'usait extraordinairement vite; l'autre, agréable à porter par les fortes chaleurs, présentait l'inconvénient d'être rapidement transpercé par la pluie et de devenir, alors, très froid. Ni l'un ni l'autre, me semble-t-il, ne remplissaient les conditions requises.

Je crois qu'on pourrait se passer du second pantalon, à la condition que le fantassin fût pourvu, en campagne, d'un pantalon de drap d'excellente qualité, d'une coupe large, ne descendant pas à plus de 2 centimètres audessous de la cheville pour éviter l'usure, coupé de façon à ce qu'il flottât en dehors de la jambe et non pas en dedans, et pourvu d'une ceinture de 10 à 12 centimètres de hauteur, couvrant bien le ventre et la chute des reins.

Le second pantalon serait remplacé par un caleçon, dont le poids n'atteindrait pas 400 grammes et qui serait porté sous le pantalon quand celui-ci aurait été mouillé, ou par les basses températures.

Je suis aussi de l'avis qu'il serait possible d'alléger la tunique actuelle, sans lui faire perdre aucun de ses avantages.

La question de la chaussure se présente différemment.

Après une marche par la chaleur, sur des routes poudreuses ou par la pluie, il est indispensable que le fantassin puisse quitter ses souliers de fatigue pour se reposer et aussi pour les faire sécher. Il lui faut alors une seconde paire de chaussures. Si la chaussure de marche est de bonne qualité, en bon état et faite à la mesure du pied, il n'est pas essentiel que la seconde paire de souliers puisse servir éventuellement à la marche. Je crois toutefois que, sans dépasser le poids de 500 grammes, on pourra confectionner des souliers dont la semelle offrira assez de résistance pour qu'on puisse, au besoin, s'en servir pour la marche, même plusieurs jours de suite.

Si l'on admet que la ration journalière de vivres ne sera jamais complète, le pain ayant déjà été consommé en partie avant le départ et la ration de viande, transportée cuite, ne pesant plus 320 grammes, on se

rapprocherait, en opérant ces minimes réductions sur le poids des vêtements, du poids de 25 kil., que l'on doit s'efforcer de ne pas dépasser.

La commission a décidé de maintenir les gaines-porte-cartouches, pour les cartouches destinées au feu coup par coup.

Dans un précédent article, j'ai émis un doute au sujet de cet appareil. Il reste encore à voir comment les boutons de la tunique et de la capote en supporteront le poids (Il ne peut plus être question de les fixer sur la courroie du sac à pain, puisqu'elle disparaît).

J'ai constaté depuis que l'on perd des cartouches, et si, pour éviter cela, on les enfonce profondément, on ne les retire plus qu'avec une grande difficulté.

Quand la gaine-porte-cartouches a été mouillée, l'instruction prescrit d'en retirer les cartouches, pour la faire sécher, afin qu'elle ne se rétrécisse pas. Un officier, qui en a fait l'expérience, m'a assuré que dans ce cas, en retirant ces cartouches, il arrive que le calepin de papier qui entoure la balle se détache et reste dans la gaine. L'inconvénient, s'il est réel, me semble bon à signaler.

Notre fusil étant essentiellement destiné au tir à répétition, pourquoi ne renoncerait-on pas au chargement coup par coup, ce qui ferait disparaître et les cartouches isolées et les gaines qui les portent. Il suffirait que le tireur fût averti que le magasin est vide, par un appareil empêchant la fermeture de la culasse quand la dernière cartouche est tirée et la douille expulsée.

On observe d'ailleurs constamment que, dans l'excitation de la manœuvre, le soldat ne charge plus coup par coup dans le feu d'une cartouche, si l'on n'y prend pas garde, et se sert de préférence du magasin.

NICOLET, lieut.-colonel.

Les juges de camp et la critique aux manœuvres. En date du 20 août 1897, le Département militaire fédéral a pris les dispositions suivantes en ce qui concerne les juges de camp et la critique pendant les manoeuvres du Ile corps d'armée :

1. Les juges de camp ne doivent intervenir directement que vis-à-vis d'officiers qui leur sont subordonnés comme rang et comme grade. Lorsque le commandement est exercé par un officier plus élevé en grade ou d'un rang supérieur, le juge de camp doit se borner à observer, et au besoin à faire immédiatement rapport à un juge de camp d'un plus haut grade.

2. Le fanion blanc ne sera accordé qu'au premier juge de camp et qu'aux deux divisionnaires fonctionnant comme juges de camp. Les autres juges de camp porteront simplement, comme signe distinctif, un brassard blanc. Si, par suite, il arrivait que des chefs d'armes, des instructeurs

chefs ou des membres de la section historique — qui portent également le brassard blanc · - fussent sollicités d'intervenir comme juges de camp, ils feront aussitôt connaître leur qualité et se récuseront.

3. La discussion jusqu'ici pratiquée entre juges de camp est supprimée. Le directeur de la manoeuvre, si cela lui paraît nécessaire pour éclairer la situation, interrogera quelques juges de camp ou chefs de corps de troupes, puis il passera, immédiatement après la réunion des officiers commandés, à la critique proprement dite, qu'il fera à sa guise.

4. Immédiatement après le retour dans les quartiers, les juges de camp se réuniront, d'abord en groupes, puis tous ensemble, sous la direction du premier juge de camp, pour discuter et formuler les remarques critiques auxquelles peuvent donner lieu les manœuvres de la journée, ou les observations qu'ils peuvent avoir faites en dehors de celle-ci. Ces remarques feront l'objet d'un rapport concis que l'on adressera, par écrit, le plus vite possible, au directeur de la manoeuvre. Les remarques personnelles à tel ou tel chef feront l'objet de rapports séparés.

5. Les chefs d'armes et de subdivisions, et les instructeurs-chefs se réuniront de même sous la présidence du chef du Département militaire pour échanger leurs observations. Il sera donné connaissance de celles-ci au directeur de la manoeuvre.

6. Le directeur de la manoeuvre complète ces communications comme il le jugera à propos, et, pour autant qu'elles peuvent être publiées, il les fera imprimer sous une forme convenable et distribuer aux divisions et aux troupes de corps. Le directeur de la manœuvre détermine dans quelle mesure et à qui sera distribué le rapport critique journalier.

7. Ce service sera placé sous la direction de M. le colonel de Crousaz, instructeur d'arrondissement de la IIIe division, auquel sera adjoint dans ce but un secrétaire d'état-major désigné par le chef d'arme de l'infanterie. M. le colonel de Crousaz assistera à la discussion prévue sous chiffre 4, entre les juges de camp.

Ces prescriptions ont été portées à la connaissance du Ile corps d'armée par l'ordre de corps no 8.

L'idée générale pour les manoeuvres de division contre division (10, 11, 13, 14 septembre) et du corps d'armée contre un ennemi marqué (15 septembre), était la suivante :

Une armée Ouest s'avance du Jura bernois vers l'Aar inférieure.

La IIIe division, qui en fait partie, bivouaquait le 8 septembre entre Bienne et Granges-Soleure; le 9 septembre, elle a traversé l'Aar à Arch (à 10 kil. en amont de Soleure) et s'avance le long de la rive droite de l'Aar, avec l'intention de couper les communications avec la Suisse centrale et occidentale.

L'avant-garde d'une armée Est qui marche à la rencontre de l'armée Ouest, avait atteint, le 8 septembre, la ligne du Frankenthal et de l'Ergolz inférieur (Langenbruck-Liestal-Basel-Augst). Le commandant de l'armée Est apprenant que la division ennemie a franchi l'Aar à Arch, a envoyé, le 9 septembre, la Ve division du Frickthal par le Jura dans la vallée de l'Aar, pour couvrir les lignes de communications de l'armée de l'Est en arrière de l'ar.

Genève. La Société militaire du canton de Genève, section de la Société suisse des officiers, vient de publier une nouvelle édition du catalogue de sa bibliothèque. La précédente datait de 1876; dès lors de nombreuses et utiles acquisitions ont été faites par la société. Son bibliothécaire, M. le capitaine Bastard, s'est efforcé d'acquérir, avec les ressources modestes dont il disposait, non pas des publications qui ont l'actualité d'un moment, mais des ouvrages de fondation et de valeur et ceux qui se rattachent à notre histoire militaire. Il a eu la bonne idée, pour faciliter les recherches, de grouper à la fin de chaque chapitre les ouvrages concernant la Suisse

La bibliothèque est ouverte à tous les officiers suisses, qu'ils fassent ou non partie de la Société militaire. Le catalogue sera envoyé gratuitement à toutes les bibliothèques de la Société des officiers et à celle des places d'armes; il est également en vente au prix de 3 fr. 50 à la librairie Georg & Cie, à Genève.

ALLEMAGNE

L'Usine Krupp. Au moment où se discute la question de l'établissement chez toutes les grandes puissances d'un nouvel armement d'artillerie, ce qui correspondrait à une dépense de plus d'un milliard en Europe, il semble intéressant d'étudier l'état des usines ou ateliers qui sont appelés à la mise en œuvre de cet énorme capital, qui, plus généralement, se livrent dès à présent à la fabrication du matériel de guerre.

L'usine Krupp, qui semble dans ce cas devoir satisfaire aux besoins non seulement de l'Allemagne, mais encore de son alliée l'Autriche-Hongrie et d'autres États moins importants, mérite, par sa puissance de production industrielle et financière, le premier rang dans cette étude. On ne saurait ici étudier la question technique et les détails de fabrication des bouches à feu: on cherchera plutôt à rendre compte et du développement de l'usine et de sa puissance actuelle.

L'usine Krupp, à Essen, commença par être une modeste fonderie, recommandable, toutefois, par la qualité de ses aciers, mais d'une faible importance. Elle ne prit son essor qu'entre les mains d'Alfred Krupp (1812-1887), père du directeur actuel.

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