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VI

Quoique tous les articles qui seront traités dans la troisième partie du présent Essai, fassent proprement partie des écrits politiques, indiqués sous les différentes rubriques générales de la seconde partie de l'ouvrage, et qu'il soit très- facile de les y ranger, j'ai cependant mieux aimé les réunir séparément, afin d'offrir un Traité complet des écrits qui touchent les fonctions des sonnes en mission diplomatique.

per

J'ai ajouté à chaque Chapitre quelques exemples destinés à montrer l'application des règles qui y sont données. J'ai dû me relâcher quelquefois sur la rigueur que les principes eussent exigée pour le choix, puisqu'il eût été impossible de trouver des modèles parfaits dans tous les genres. Enfin, le style et les formes étant les seuls rapports sous lesquels il s'agissait de considérer ici les écrits publics, j'ai choisi ceux-ci sans égard aux principes politiques qui pourraient s'y trouver énoncés et qui sont sans conséquence pour le but que je me suis proposé.

DE

STYLE DIPLOMATIQUE.

INTRODUCTION.

SI

1 déjà la facilité de s'expliquer convenablement tant de bouche que par écrit, est de la plus haute importance pour les affaires privées et pour la politique de la vie ordinaire, on jugera facilement de quel poids elle doit être pour la vie publique et pour les affaires d'état, et si elle mérite qu'on en fasse une étude particulière et suivie.

Les affaires d'état peuvent se traiter ou de bouche, ou par écrit. La rhétorique donnera de bonnes règles pour la première de ces deux manières de traiter, qui d'ailleurs est assez arbitraire dans ses formes. Cependant l'importance et l'étendue des affaires d'un état requièrent ordinairement des communications par écrit. L'ordre, la concision, la brièveté, si nécessaires en

toutes occasions, le sont encore davantage ici, où il s'agit des intérêts les plus importans, d'affaires qui embrassent le sort des états. C'est donc à la connaissance du style propre à ces écrits publics que doivent s'appliquer ceux qui comptent de se préparer pour le service de l'état. Ce style forme la vive voix des nations; sans lui, rien que lenteurs et dégoûts dans les affaires.

La nature des écrits publics est double, suivant le double rapport de l'administration générale ou intérieure ou extérieure des états. Le style pour le premier de ces deux genres d'écrits, quoique également fondé sur des principes généraux, se modifie cependant trop sur les différentes constitutions et sur les divers idiomes des nations, pour pouvoir faire partie de notre sujet. On a coutume de le comprendre sous la dénomination générale de style diplomatique; cependant, pour le distinguer du style diplomatique proprement dit, et dont nous allons parler, on pourrait l'appeler style de chancellerie.

Les affaires extérieures sont celles qui ressortent des rapports des états entre eux; savoir, des rapports de droits et d'obligations réciproques et des relations de procédés, d'amitié, de parenté, de communauté d'intérêts, etc.

Tous ces rapports établissent entre les états une multitude de communications très - variées.

-

Telles sont les négociations, les expositions de droits, de griefs, d'intentions, de mesures; les traités d'alliance offensive ou défensive, ou simplement d'amitié ou de commerce, ou enfin de paix ; les complimens, etc. Il est donc un style consacré à ces relations extérieures entre les puissances, le style diplomatique, proprement dit, que l'on appelle aussi style des Cours, dont les principes sont déterminés par la raison, par les conventions et par l'usage: c'est ce style qui fera exclusivement le sujet du présent essai. Il est soumis à des règles générales, fondées sur l'égalité des puissances indépendantes, sur les degrés d'honneur qu'elles ont reconnus entre elles et sur les rapports momentanés où elles se trouvent.

Le choix de la langue dans les relations entre les états, l'un des points les plus importans du cérémonial diplomatique, a souvent été la source de contestations sérieuses.-Entre les puissances dont la langue du pays est la même, il est naturel de s'en servir préférablement à toute autre, ainsi qu'il se pratique entre les cours d'Allemagne. Quant aux puissances qui n'ont pas même langue, chacune a toujours considéré comme un avantage qu'on se servît de la sienne. Lorsque aucune ne veut céder, il ne reste que' deux partis à prendre, ou de s'arranger sur le choix d'une langue neutre, ou de négocier et de

la

rédiger le traité dans les deux langues, parti qui n'est pas sans inconvéniens sensibles.

On se servit long-temps de la langue latine, comme de langue neutre, dans les lettres et négociations, dans les traités, etc. Cependant depuis l'époque de Louis xiv, la langue française, substituée au latin, a été généralement employée comme langue diplomatique, sans cependant que cet usage lui ait jamais donné aucune préémi

nence.

La diète de la confédération germanique a adopté une sage mesure dont l'usage général, dans les communications réciproques des états, aplanirait bien des difficultés et favoriserait essentiellement les affaires publiques. Elle s'est fait la règle de présenter en langue du pays, savoir en allemand, tous les écrits et toutes les communications à faire aux puissances étrangères, en y joignant cependant une traduction ou française ou conçue dans la langue du pays avec lequel elle traite.

Les écrits diplomatiques doivent être considérés sous un double point de vue:

1° Sous celui de leur contenu ou de la matière dont ils traitent;

2° Sous celui de la manière dont ils sont rédigés. Le premier de ces objets ne peut être de notre ressort. Il est inutile d'observer que, sans la con

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