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des preuves de l'estime que je vous porte. L'occasion me paraissant aujourd'hui favorable, je me suis empressé de vous écrire cette lettre amicale, et j'ai chargé un de mes aides-de-camp de vous la porter, pour vous la remettre en mains propres. Je l'ai chargé aussi de vous faire certaines ouvertures de ma part; et, comme il ne sait point votre langue, veuillez bien faire choix d'un interprète fidèle et sûr pour les entretiens qu'il aura avec vous. Je vous prie d'ajouter foi à tout ce qu'il vous dira de ma part, et de me le renvoyer promptement avec une réponse écrite et en turc, de votre propre main. Veuillez bien agréer mes vœux et l'assurance de mon sincère dévouement.

BONAPARTE.

CHAPITRE IV.

Des Lettres de rappel.

Lorsque le but d'une mission est accompli et que les raisons du séjour du Ministre ont cessé, ou lorsque d'autres circonstances quelconques exigent qu'il quitte la mission, le Souverain ou le gouvernement qui l'avait expédié notifie son rappel à la cour auprès de laquelle il résidait.

La lettre au moyen de laquelle se fait cette notification doit annoncer les raisons qui engagent le prince au rappel de son ministre, et l'assurance de l'invariabilité de ses sentimens et du désir de continuation de bonne intelligence, qu'on le charge de réitérer de bouche à son congé. On sent qu'encore ici les expressions varieront suivant les circonstances et les rapports mutuels des gouvernemens, mais que dans tous les cas on doit faire choix des tournures les plus obligeantes et des paroles qui répondent le mieux aux liaisons existantes.

Même lorsque le rappel du Ministre a lieu pour raison de mécontentement et d'union rompue entre les états, il convient d'indiquer ses griefs avec dignité et d'user de ménagement dans ses expressions, afin de ne point mettre de difficultés à la réconciliation future en s'abandonnant à l'aigreur qu'inspire la passion.

Enfin les motifs de rappel peuvent encore varier par rapport aux ministres mêmes, selon que leurs gouvernemens sont satisfaits ou non de leurs services. Dans le dernier cas on se sert de quelque prétexte, tel que de maladie du ministre, ou autre, pour cacher la vraie raison dans la lettre de rappel.

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D'ailleurs les lettres de rappel s'expédient dans les mêmes formes que les lettres de créance.

EXEMPLES.

I.

Lettre de rappel du Roi de France pour M. de Bonrepos, son Ambassadeur près des ÉtatsGénéraux.

TRÈS-CHERS, GRANDS AMIS, ALLIES, ET CONFÉDÉRÉS,

La satisfaction particulière que nous avons des services du sieur de Bonrepos, notre Ambassadeur extraordinaire auprès de vous, nous aurait porté à le laisser plus long-temps dans cet emploi, si sa santé avait pu lui permettre d'en continuer encore les fonctions. Mais nous avons accordé aux instances qu'il nous a faites par cette raison, la permission qu'il nous a demandée de revenir auprès de nous. Il ne pourra rien faire avant son départ, qui nous soit plus agréable qu'en vous témoignant, comme nous le lui avons ordonné, que nous conservons toujours les mêmes sentimens pour le maintien de la tranquillité générale, et pour vos avantages particuliers; et qu'en toutes occasions vous recevrez des marques de l'estime et de l'affection que nous avons pour vous. Priant Dieu qu'il vous ait, Très-Chers, grands Amis,

Alliés, et Confédérés, en sa sainte et digne

garde.

Votre bon Ami, Allié, et Confédéré,

Louis.

COLBERT.

Écrit à Marly, le 13 novembre 1699.

II.

Très-Haut, Très-Excellent, et Très-Puissant Prince, notre Très-Cher et Très - Aimé bon Frère et Cousin.

Ayant jugé convenable au bien de notre service de nommer le Marquis N. N., notre Ambassadeur à N. N., nous avons dû lui ordonner de prendre congé de V. M. près de laquelle il remplissoit les fonctions de notre Envoyé extraordinaire et Ministre plénipotentiaire. Nous ne doutons pas qu'en remplissant cette dernière fonction de son ministère il n'en profite pour lui exprimer sa vive reconnaissance des bontés dont V. M. a bien voulu l'honorer pendant tout le temps de sa résidence à sa cour. Nous lui recommandons particulièrement de saisir cette même occasion pour renouveler à V. M. les assurances de notre sincère estime et de notre parfaite amitié. Sur ce, nous prions Dieu, Très-Haut, Très-Excellent, et TrèsPuissant Prince, notre Très-Cher, et Très-Aimé

bon Frère et Cousin, qu'il vous ait en sa sainte

digne garde.

Votre bon Frère et Cousin.

(L. S.) LOUIS.

PASQUIER.

Écrit au château des Tuileries, le, etc., de l'an de grace 1820, et de notre règne le vingt-sixième.

CHAPITRE V.

Des Lettres de récréance,

La lettre de rappel, remise par le ministre à la cour où il réside, exige de la part de celle-ci une réponse dans les mêmes formes, que l'on appelle lettre de récréance, et que l'on fait remettre au ministre pour son gouvernement.

Dans ces lettres on accuse la réception des lettres de rappel et la notification faite par le ministre de son rappel, sur quoi on lui fait témoignage de la conduite qu'il a tenue, de la manière dont il a su gagner l'estime générale, et de la satisfaction qu'on a eue en tout temps de ses procédés, etc. On donne ensuite des assurances sur le vif désir que l'on a de maintenir la bonne intelligence inaltérable et les dispositions mutuellement ami

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