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la constance de l'attachement vrai et amical avec

lequel je suis,

Monsieur mon cousin et beau-frère,

de votre Altesse sérénissime,

Le bien affectionné,

PAUL.

Gatschina, du 29 septembre (v. st.) 1800.

III.

Lettre du Roi de France Louis XIV au Pape Clément IX.

TRÈS-SAINT PÈre,

Je mets au rang des faveurs les plus signalées que j'ai reçues du ciel, celle d'avoir réservé le baptême de mon fils au pontificat de V. S., afin de lui donner pour parrain le plus digne Pape que nos voeux pouvaient jamais espérer de la bonté divine. C'est avec ce sentiment, que je supplie votre béatitude de l'accepter pour son filleul, et d'agréer que la cérémonie de cette sainte adoption se puisse faire au plus tôt avec les solennités accoutumées, ayant impatience de le voir uni d'autant plus étroitement par un si doux lien, aux bénédictions apostoliques et à l'amour paternel de V. S. Je me remets au surplus à ce que mon ambassadeur aura l'honneur de lui dire de

plus particulier, et je lui confirme seulement qu'il n'y a point de prince au monde plus zélé pour le saint siége, ni plus rempli de vénération pour la sacrée personne de votre Béatitude, que le sera toute sa vie, etc.

Paris, le 19 janvier 1668.

IV.

Lettre du Roi d'Espagne Ferdinand VII à la Confédération helvétique.

GRANDS ET BONS AMIS,

Les circonstances qui ont retardé l'arrangement des affaires intéressant notre couronne, et qui se trouvoient indécises depuis le congrès réuni dernièrement à Vienne, nous ont empêché d'expédier l'acte reconnoissant la neutralité et l'inviolabilité de votre confédération et de son territoire. Nous attendions d'un jour à l'autre de le faire, conformément à vos désirs exprimés dans les lettres que vous nous avez adressées dernièrement, et comme en effet l'époque est arrivée de donner notre accession aux arrangemens faits

par le congrès, moyennant la conclusion des questions relatives à nos intérêts, et afin de vous donner aussitôt une preuve de notre amitié, nous vous envoyons ci-joint l'acte de notre accession,

qui vous sera remis par notre ministre résident Don Louis Martinez de Viergol, en vous assurant en même temps de notre amitié et des vœux que nous formons pour la prospérité de votre confédération.

Donné en notre palais de Madrid, le 6 juillet 1817.

Votre bon ami

FERDINAND.

ARTICLE TROISIÈME.

Des lettres en billet.

Les billets étant affranchis de toutes les formalités d'usage dans les lettres en cérémonie, on ne peut donner des règles fixes pour un genre d'écrits dont le caractère distinctif est de ne pas être soumis aux règles.

Dans ces écrits les titres sont très-courts. On débute sans aucune introduction, en plaçant le vocatif dans la même ligne. On les finit sur les conclusions ordinaires et même sans courtoisie, en signant son nom immédiatement sous le corps de lettre.

Ces billets entre souverains témoignent ordinairement l'amitié et la confiance. Mais il y a des circonstances dans lesquelles on veut témoigner par là sa grandeur ou son indignation. Les pre

miers sont des billets familiers, les seconds des billets sérieux. L'intention doit donc déterminer le ton de leur style.

L'aisance doit caractériser les billets familiers, mais cette aisance doit être noble.

L'obligeance du ton doit montrer qu'on ne néglige le cérémonial que pour laisser parler l'amitié et l'affection. C'est la nature qui reprend ses droits. L'expression du sentiment doit être surtout plus marquée à la fin du billet. Comme ce genre de correspondance suppose des liaisons très-étroites, les princes et les princesses n'écrivent ordinairement des lettres en billet qu'à leurs proches parens.

Dans les billets sérieux on se borne à un simple exposé de son sujet; le style est coupé ; les périodes sont courtes et pressées; les expressions doivent être énergiques et marquées sans orgueil, d'une négligence proportionnée à la grandeur ou au mécontentement qu'on veut faire sentir. Un souverain ne peut, sans se compromettre, sortir de la décence que lui prescrit sa dignité.

EXEMPLES.

I.

Réponse de l'Impératrice de Russie au Prince Guillaume de Wurtemberg.

Mon bon cher frère Guillaume, j'ai reçu votre lettre par notre bon Alexandre. J'y ai vu le lien que vous venez de former, et je vais vous répondre d'après les sentimens de mon cœur. J'aurais désiré pour votre bonheur, pour celui de votre femme, que votre union n'eût jamais existé, parce qu'elle vous expose, sinon vous et votre femme, du moins vos enfans, à des désagrémens; car, selon les lois, et je vous avoue, cher Guillaume, que je les trouve justes, une mésalliance prive votre postérité de l'état de prince et des avantages y annexés. Mais enfin, la chose étant faite, la jeune personne étant honnête, faisant votre bonheur, acquiert un titre à mes yeux : je vous promets, cher Guillaume, de faire pour elle ce que je puis. Je m'engage, si elle a le malheur de vous survivre, de lui laisser votre pension. Je vous promets encore que, lorsque vous le désirerez, j'écrirai à notre frère le duc régnant, pour que cette union ne nuise pas à l'intimité qui doit régner entre vous. Enfin, cher Guillaume, dites-moi quels sont vos pro

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