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clarer les nommés audit libelle, incapables d'avoir trempé dans un semblable complot, ayant donné dans toutes les occasions des preuves de leur zèle, de leur fidélité et de leur amour pour la patrie.

Nous avons fait part à notre grand Conseil de cette résolution, et nous regardons par ce moyen cette affaire finie.

Nous ne pouvons cependant dissimuler à VV. SS. qu'il y eut encore le 27 septembre dernier des mouvemens dans notre bourgeoisie, à l'occasion de quelques paroles qu'il y avait eu entre deux magistrats. Ils s'assemblèrent en grand nombre, et voulurent prendre le parti de l'un, et ils demandèrent qu'on s'assurât de la personne de

l'autre.

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Lesdits magistrats, qui étaient proches parens, s'étant réconciliés en notre présence, on les assura que cette affaire était finie, qu'elle n'intéressait point le caractère de celui pour lequel ils s'intéressaient, et on eut peine à les engager à se

retirer.

Quoique cette affaire n'eût aucune suite, la plupart ayant reconnu le peu de fondement de leur demande, elle n'a pas laissé de nous faire de la peine, par la facilité que nous voyons qu'ils

ont à s'émouvoir.

Nous écrivons aussi par ce courier aux magnifiques et très-honorés Seigneurs de Berne.

Nous espérons que VV. SS. voudront bien nous continuer leurs bons conseils et offices confédéraux. Nous aurons soin de les informer de la suite de nos affaires, etc., etc.

III..

Lettre de la Reine douairière et de la Régence d'Espagne au Roi de France.

SIRE,

Aujourd'hui, sur les trois heures du soir, Dieu a retiré de ce monde le roi Charles II, notre seigneur et maître, pour le faire jouir, comme nous devons le croire, de sa gloire éternelle. Son testament a été ouvert immédiatement après sa mort avec les solennités de droit; et, s'y trouvant dans la clause qui concerne l'héritier et successeur de tous ses royaumes, états et seigneuries, qu'il appelle, sans nulle exception, le sérénissime duc d'Anjou, fils du sérénissime dauphin, avec ordre de lui en donner, sans aucun délai, session actuelle après qu'il aura prêté le serment qu'il doit faire d'observer les loix, priviléges et coutumes de chaque royaume et seigneurie, ainsi qu'il est plus amplement expliqué dans les deux copies ci-jointes; et que S. M., que Dieu absolve, établit une Junte pour le gouvernement

la

pos

général de la monarchie, jusqu'à ce que son successeur puisse la gouverner lui-même. La reine, qu'il a nommée pour en être si c'est sa volonté d'y assister, et les ministres soussignés, s'acquittent de l'obligation qu'ils ont d'en donner la première nouvelle à Votre Majesté, laquelle sera suivie de toutes les autres diligences et informations qui seront nécessaires en cette occurrence. C'est à quoi se réduit tout ce dont nous avons à donner avis à V. M. Dieu la conserve, comme il en est besoin.

Le cardinal PORTOCARRERO.

Don MANUEL ARIAS.

MOI LA REINE.

L'évêque inquisiteur général, don RODRIGUE MANUEL MAURIQUEZ DE LARA.

Le comte de BENAVENT.

Madrid, le 1er de novembre de l'an 1700.

CHAPITRE III.

De la Correspondance des Ministres.

Nous ne parlerons dans ce chapitre que de la correspondance que les ministres d'état entretiennent avec des souverains étrangers ou avec d'autres ministres, sur les affaires publiques et des lettres que les souverains écrivent aux minis

tres des puissances étrangères. Quant aux dépêches des ambassadeurs, adressées à leurs propres cours, sur les affaires qu'ils sont chargés de traiter, nous en parlerons dans la troisième partie de cet essai, particulièrement destinée aux fonctions des personnes diplomatiques.

Les ministres n'écrivent à présent que rarement des lettres aux souverains étrangers. On négocie presque partout par mémoires, et les lettres sont réservées pour des cas extraordinaires. Quelquefois les généraux d'armées écrivent aux princes alliés des lettres de notification sur les victoires qu'ils ont remportées.

Le cérémonial de ces sortes de lettres est toujours très-respectueux. Il n'y a aucun caractère, aucune qualité personnelle, qui puisse dispenser un ministre, tant qu'il est sujet d'un souverain, de marquer à un autre souverain ce degré de respect. Les ministres étrangers, même ceux d'une qualité illustre, observent les mêmes égards en écrivant aux républiques.

Les têtes couronnées écrivent encore plus rarement des lettres aux ministres étrangers; elles font répondre aux lettres, aussi bien qu'aux mémoires des ministres publics, par ce genre de mémoires dont nous parlerons dans la suite, et qu'on appelle décrets ou signatures. Aux ministres et aux autres personnes distinguées, qui sont hors

de leurs royaumes elles écrivent souvent des lettres de recommandation en faveur de leurs propres ministres. Elles répondent aussi aux lettres de compliment que les généraux d'armée ou d'autres personnes de distinction leur écrivent.

Les titres ordinaires que les rois donnent aux ministres étrangers sont, au haut de la lettre : Mon Cousin ou Monsieur. Celui de mon cousin est à présent fort commun; le roi de la GrandeBretagne le donne à ses propres sujets. Dans le corps de la lettre ils mettent simplement Vous. Enfin ils écrivent le plus souvent leurs noms ïmmédiatement sous le corps de la lettre et sans

courtoisie.

Les républiques écrivent aux ministres plus fréquemment et en termes plus obligeans que les rois.

Dans la correspondance que les ministres entretiennent entre eux, le style doit être celui qui est en usage entre les personnes du grand monde.

Le titre d'Excellence est celui qui fait naître le plus de difficultés. Il appartient de droit aux ministres d'état et aux envoyés du premier rang. Mais pour les envoyés du second ordre, l'usage varie beaucoup.

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