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AUTRES OUVRAGES

DU MÊME AUTEUR,

Qui fe trouvent chez les mêmes Libraires.

1. Effai Hiftorique - Critique fur l'Origine de la Puiffance temporelle des Papes; Ouvrage qui a remporté le Prix de l'Académie Royale de Pruffe. Nouvelle édition. Broché 1.liv. 10.f

2.o Le Manuel des Enfans, ou les Maximes des Vies des Hommes Illuftres de Plutarque; Ouvrage dédié à Monseigneur le Dauphin. 1. Vol. in-12. Relié 2.liv. 10.

3. Recueil de Differtations fur divers fujets de l'Histoire de France. 1. Vol. in-12.

4. Les Mœurs, Coûtumes & Ufages des anciens Peuples, pour fervir à l'Éducation de la Jeuneffe. 3. Vol. in-12. & 1. Vol. in-4.

5. Sous preffe, les Exercices du Corps chez les Anciens auffi pour fervir à l'Éducation de la Jeuneffe. 2. Vol. in-12.

DICTIONNAIRE

POUR L'INTELLIGENCE

DES AUTEURS CLASSIQUES, GRECS ET LATINS,

TANT SACRÉS QUE PROFANES,

CONTENANT

LA GÉOGRAPHIE, L'HISTOIRE, LA FABLE ET LES ANTIQUITÉS.

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C

CETTE LETTRE

eft la troisième de
l'alphabet des Latins
& des Langues vivan-
tes. (a)

I. Quelques Auteurs ont cru que le C venoit du caph des Hébreux, parce que la figure de cette lettre eft une espèce de quarré ouvert par un côté ; ce qui fait une forte de C, tourné à gauche à la manière des Hébreux. Mais, le caph est une lettre afpirée, qui a plus de rapport au x, chi, des

(4) Juven. Satyr. 7. v. 192. Méthod. Latin. de Port Royal. pag. 735, 736. Antiq. expl. par D. Bern. de Montf. Tom. VIII.

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qu'il en foit, la figure du C par rapport à nous, paroît venir des Latins.

II. Cette lettre a aujourd'hui un fon doux avant l'e & avant l'i. On prononce alors le C comme un f, ce, ci, comme fe, fi; enforte qu'alors on pourroit regarder le C comme le figma des Grecs, tel qu'il fe voit fouvent, fur tout dans les Infcriptions, avec la figure de notre C capital, TAIC HMEPAIC; c'est-à-dire, taïs emeraïs. On pourroit citer une multitude d'exemples du figma ainfi écrit, principalement en lettres majeures ou capitales; car,en lettres communes, le figma s'écrit ainfie au commencement & au milieu des mots, & ainfi à la fin des mots. Quant à la troifième figure du figma, elle eft précifément comme notre C dans les lettres capitales; & elle eft en ufage au commencement, au milieu & à la fin des mots ; mais, dans l'écriture commune, on recourbe la pointe inférieure du C, comme fi on ajoûtoit une virgule au C. En voici la figure C.

ς

Il paroît donc que le C doux n'eft que le figma des Grecs; & il feroit à fouhaiter que le C eût alors un caractère particulier, qui le diftinguât du C'dur. Car, lorfque le Ceft fuivi d'un a, d'un o, ou d'un u, il a un fon dur ou fec, comme dans canon, cabinet, cadenat, coffre, Cologne, colombe, curiofité, cuvette, culte, &c. Alors, le C n'eft plus la même lettre que le C doux, quoiqu'il paroisse fous la même figure. C'eft

le xáлα des Grecs K, x, dont on a retranché la première partie. C'est le 9 des Latins, écrit fans u, comme on le trouve dans quelques Anciens. En bas-Breton, on écrit auffi le q fans u.

9

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S'il arrive que, par la raifon de l'étymologie, on conferve le C dans l'écriture avant a, ? u; que dans la prononciation on donne le fon doux au C, comme quand on écrit, il prononça, françois, conçu, reçu, &c., à cause de prononcer, France, concevoir recevoir, on met alors fous le C une petite marque, qu'on appelle cédille; ce qui pourroit bien être le figma, dont nous avons déjà parlé, & qui, en lettres communes, s'écrit ainfi ;, sw, fỗ. La petite queue de ce figma a beaucoup de rapport avec notre cé

dille.

Le C fe prononce fortement à la fin de prefque tous les monofyllabes, comme dans bec, choc, croc, froc, pic, roc, fec, foc, &c. Il y a auffi quelques mots de plufieurs fyllabes, à la fin defquels le C fe prononce fortement, comme dans Briffac, Enoc, Lamec, &c. Il faut en excepter Almanac, Tabac, &c. Dans refpect & fufpect, le C fe prononce fans le t, refpec, fufpec, felon le P. Buffier. Malgré cette regle, on peut, fuivant d'autres, prononcer le t dans fufpect. En pact, exact, correct, direct, le C & let fe prononcent. Dans ces mots, almanac, arfenac, arfenic, cotignac, clerc, marc, porc, épic; & dans ceux où le C eft précédé d'une voyelle nazale, comme banc,

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III. Depuis que l'Auteur du Bureau typographique a mis en ufage la méthode, dont il eft parlé dans la Grammaire générale de PortRoyal, les maîtres, qui montrent préfentement à lire à Paris, donnent une double dénomination au C. Ils l'appellent Ce avant e & avant i. Ainfi, en faifant épeller, ils font dire ce, e, ce; ce, i, ci. Quant au Cidur ou fec, ils l'appellent ke, a, ca ; be, a, ba, caba; ne, e, ne,cabane. Car, aujourd'hui, on ne fait que joindre un e muet à toutes les confonnes. Ainfi, on dit be, ce, de, fe, me, re, te, se, ve; & jamais effe, emme, enne, erre, effe.

Cette nouvelle dénomination des lettres facilite extrêmement la lecture, parce qu'elle fait affembler les lettres avec bien plus d'aifance. On lit en vertu de la dénomination qu'on donne d'abord à la lettre.

Il n'y a donc proprement que le C dur, qui foit le cappa des Grecs, x, dont on a retranché la première partie. Le C garde ce fon dur après une voyelle & avant une confonne, dicter, effectif.

Le C dur & le q fans u ne font prefque qu'une même lettre. Il y a cependant une différence remarquable dans l'ufage, que les La

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tins ont fait de l'une & de l'autre de ces lettres. Lorsqu'ils ont voulu que la voyelle, qui fuit le q accompagné de l'u, ne fît qu'une même fyllabe, ils fe font fervis de qu; ainfi, ils ont écrit, aqua, qui, quiret, reliquum, &c. Mais, lorfqu'ils ont eu befoin de divifer cette fyllabe, ils ont employé le C. C'est pourquoi on trouve dans Lucrece a-cu-a en trois fyllabes, au lieu de aqua en deux fyllabes. De même, ils ont écrit qui monofyllabe au nominatif, au lieu qu'ils écrivoient cu-i diffyllabe au datif. On trouve auffi dans Lucrece cui ret pour quiret, relicu-um pour reliquum.

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IV. Il faut encore obferver le rapport du Cau g. Avant que le caractère g eût été inventé chez les Latins, le C avoit en plufieurs mots la prononciation du g. Ce fut ce qui donna lieu à Sp. Čarvilius, au rapport de Térentius Scaurus, d'inventer le g pour diftinguer ces deux prononciations. C'est pourquoi, un Auteur appelle le g, lettre nouvelle.

Quoique nous ayons un caractère pour le C,& un autre pour le g; cependant, lorsque la prononciation du C a été changée en celle du g, nous avons confervé le C dans notre orthographe, parce que les yeux s'étoient accoûtumés à voir le C en ces mots là. Ainfi nous écrivons toujours Claude, cicogne, fecond, fecondement, feconder, quoique nous prononcions Glaude, cigogne, fegond,fegondement,fegonder; mais, on prononce, fecret, fecrétement fecrétaire.

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C

4 Les Latins écrivoient indifféremment vicefimus ou vigefimus; Gaius ou Caius; Gneius ou Cneius.

Pour achever ce qu'il y a à dire fur ce rapport du Cau g, on ne peut mieux faire que de transcrire ici ce que l'auteur de la Méthode Latine de Port-Royal a recueilli à ce fujet.

de

"Leg n'eft qu'une diminution » du C, au rapport de Quintilien. "Auffi ont-ils grande affinité en» femble, puifque de xvCepús » nous faifons gubernator, » néos, gloria; de egi nous fai» fons actum, de nec-otium, negotium, &c. Et Quintilien té»moigne que dans Gaius » Gneius, l'on ne diftinguoit pas » fi c'étoit un C ou un g. C'est

de-là qu'eft venu que de cen» tum l'on a formé quadringenta, » quingenta, feptingenta, &c. De » porricere, qui eft demeuré en » ufage dans les facrifices, l'on a » fait porrigere, & femblables.

» L'on croit que le g n'a été » inventé qu'après la première » guerre de Carthage, parce que » dans la colonne, que Duille fit » élever alors, on trouve tou» jours le C pour le g; MA» CESTRATOS, LECIONES » CARTHACINENSES, » PUCNANDO.; ce que l'on » ne peut bien entendre, fi l'on » ne prend C dans la pronon"ciation du k. Auffi eft-il à re» marquer que Victorin ne re» connoît point d'autre C dans » fon alphabet que le k même, » marquant le g le troisième com» me les Grecs, A, B, G, &c,

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» Et Suidas, parlant du croiffant » que les Sénateurs portoient fur » leurs fouliers, l'appelle rò &'w» μαϊκὸν κάππα, faifant allez voir » par-là que le C & le k paffoient » pour une même chofe, comme » en effet, ils n'étoient point dif»férens dans la prononciation. » Car, au lieu qu'aujourd'hui "nous adouciffons beaucoup le "Cavant l'e & avant l'i, pro» nonçant Cicero prefque comme » s'il y avoit fifero ; eux au con» traire le prononçoient dans ce » mot & dans tous les autres, de ❞ mêine que dans caput & dans

» corpus.

Cette remarque eft confirmée par la manière dont on voit que les Grecs écrivoient les mots Latins, où il y avoit un C, fur tout les noms propres, Kairap, Cæfar; Kinepor, Cicero. Ils auroient écrit Σαΐταρ, Σισέρων s'ils avoient prononcé ces mots, comme nous les prononçons aujourd'hui.

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Plufieurs Grammairiens ont trouvé un fr grand rapport entre le C & le q, qu'ils ont voulu rejetter le q comme une lettre fuperflue, prétendant que le C & l'u peuvent fuffire. La différence de ces lettres eft pourtant fi néceffaire, que nous voyons que les anciens Poëtes employent le C, où nous mettons un q, lorfqu'ils veulent divifer le mot, comme nous l'avons déjà remarqué. Aufone parle ainfi de ces deux lettres :

Prevaluit poftquam gamma vice functa priùs C

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