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Buonaparte dans ses bulletins déprime l'armée anglaise et la nation espagnole. Il apprendra trop peut-être qu'il n'a pas à combattre, comme le lui répètent d'odieux adulateurs, quelques hordes de brigands, de fanatiques révoltés, un parti que la nation désavoue, mais la nation ellemême, mais des citoyens fidèles à la religion et à la patrie, mais un gouvernement dont l'Angleterre est l'âme et le conseil.

1809.

Victoirde

L'année dernière (année 1809), l'Autri- Campagne de che, encore tentée par les circonstances, se décida à une nouvelle et terrible attaque. Buonaparte,dont le grand art est de devancer son ennemi, remplit les cadres de tous les corps,et ordonna de nouvelles levées. Il attaqua,en même temps, l'empereur d'Autriche, dans l'Italie et dans l'Allemagne. Partout il fut vainqueur. Il revint à Vienne; la victoire de Wagram le rendit encore maître de Wagran dicter la loi à son superbe ennemi. Pendant ce temps les Anglais ont essayé d'opérer une diversion sur Anvers et les provinces belgiques. Il y avoit peu de forces sur ce point. Le ministre Fouché mit en mouvement, avec beaucoup d'activité, les gardes nationales. Le général Bernadotte imposa aux Anglais en se portant sur l'endroit menacé.

faix de Vienne.

La campagne de 1809 a été couronnée par la paix de Vienne, qui confirme et accroît, en faveur de Buonaparte, les concessions stipulées dans le traité de Presbourg. La Bavière et les princes de la confédération du Rhin se sont enrichis des dépouilles de l'empereur d'Autriche. La Hollande a été punie pour n'avoir pas pris une part assez active au système du blocus continental. Elle a perdu la Zélande et la liberté. Bientôt elle cessera d'être comptée parmi les nations. Par le même motif, ou plutôt sous le même prétexte, le pape a été déRéunion de l'épouillé de ses états, Rome réunie à la France at ecclésiastique et le sort du chef de l'Eglise réglé par un sénatus-consulte. Le roi de Suède a perdu la couronne par suite de la funeste influence du despote corse.

la France.

Mais l'Europe, il faut l'espérer, sortira enfin de sa funeste léthargie. La vengeance s'amasse lentement au fond des cours. L'année dernière l'usurpateur a été menacé du poignard d'un jeune Allemand qui lui a annoncé deux cents conjurés résolus à délivrer le monde de l'ennemi de son repos. Buonaparte arme contre lui la justice du temps, l'autant plus inévitable qu'elle est plus tardive. Le jour viendra peut-être où les excès de sa tyrannie réclameront le glaive vengeur des rois réunis.

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Cependant Buonaparte, épouvanté de la prédiction terrible du jeune Allemand, se hâta de conclure la paix. Il laissa entrevoir l'intention de se rapprocher davantage de l'empereur d'Autriche. Il demanda la main de l'archiduchesse Marie-Louise. Comme père et comme roi, François parut, dit-on, flotter dans un doute cruel. On a assuré qu'il ne s'étoit élevé aucun combat dans le coeur de la princesse, et qu'elle avoit formé le vœu secret d'être unie à Buonaparte à l'instant où elle n'avoit plus vu d'obstacle à cet hymen.

:

Mariage de Buc rie-Louise, archi

naparte avec Ma

duchesse d'Antri

Le vœu de l'usurpateur fut accueilli par le cabinet autrichien. L'empereur d'Autriche a comblé, par le sacrifice de sa fille, che la mesure des humiliations que la fortune lui avoit fait subir. Cette considération n'a pu être immolée qu'à des intérêts trèspuissans le danger d'un refus, et la nécessité de tromper le conquérant. On a pu pénétrer les intentions du cabinet de Vienne, Le conseil aulique a montré aux regards de l'empereur, la perspective de l'avantage que lui promettoit cette alliance. Un rapprochement de cette nature entre la plus orgueilleuse famille de l'Europe, et l'obscur protégé de M. de Marboeuf, ne peut être qu'un piége.

La maison d'Autriche a dû songer d'a

Joséphine de Beauharnais.

bord à se rassurer sur son existence politique, deux fois menacée; à recouvrer son rang, à réparer des pertes immenses en territoire, en armée, en considération politique et militaire.

Au commencement de cette année, le mariage de Buonaparte avec Marie-Louise a été solennellement annoncé au sénat et au corps législatif. Joséphine de Beauharnais a été une victime absolument passive; elle s'est résignée, pour le bien de l'Etat, au divorce, à la douleur, à l'exil. En vain l'opinion publique a invoqué les lois qui attestent la sainteté d'un premier hymen; en vain on a gémi sur cette atteinte publique portée aux mœurs et à la religion; tout a dû céder à l'orgueil insatiable de l'usurpateur. L'état de Rome a été réuni à l'empire; et, après avoir publié le code pénal, Buonaparte a fait monter sur le trône, en ce moment le plus éclatant de l'univers, l'archiduchesse MarieLouise.

C'est ainsi que l'Europe est enchaînée au joug du plus affreux despotisme. Un seul moyen lui reste pour s'affranchir enfin du système de conquêtes et de spoliations de l'usurpateur; c'est un plan bien tracé et bien suivi d'une confédération générale et indissoluble. Que les

rois de l'Europe finissent enfin par s'entendre entr'eux ; qu'ils s'unissent contre le tyran, qu'ils le renversent; et puissé-je, avant d'entrer dans la tombe, voir encore flotter les lis sur les dômes sacrés de nos temples !

FIN DU CINQUIÈME VOLUME.

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