prises. Je pense, ainsi que Cambon, qu'un tribunal de neuf membres pourroit être dangereux, même aux amis de la liberté. C'est le jury que nous voulons, et je demande que les jurés attachés au tribunal, soient nommés comme ceux du 17 août, par les sections.

Grands murmures.

Billaud de Varennes. Je n'ai pu entendre par-là que toutes les sections de la république.

Cette explication tardive de Billaud ne pouvoit en imposer à personne. Son intention de faire choisir les jurés par les sections de Paris étoit évidente. Il pressentit apparemment que la défaveur dont il fut accueilli par une immense majorité, nuisoit trop à son parti pour y persister, et il se hâta de démentir cette intention.

Barrère. Puisque les amis de la liberté sont réunis et tous d'accord; puisqu'il est convenu que les jurés seront pris dans toutes les sections de la république, je demande l'ajournement à demain.

Philippeaux s'oppose à la nomination de jurés près d'un tribunal extraordinaire, afin de pouvoir conserver cette belle institution.

Boyer-Fonfrède. C'est faire la contrerévolution que d'anéantir les jurés.

Il est décrété qu'il y aura des jurés. Les jurés seront pris dans tous les départemens, suivant le mode décrété.

Boyer-Fonfrède. Ils doivent être nommés par tous les départemens, parce que tous les délits à punir par ce tribunal pourront être commis dans tous les départemens. Je réclame, au nom de tous les citoyens de mon département, le droit de concourir à cette nomination.

Garreau. Pour abréger, c'est à la Convention à nommer elle-même les jurés.

On invoque du côté droit le renvoi au comité de législation; et du côté gauche, la question préalable sur le renvoi.

« C'est décréter la contre-révolution «<, s'écrie le braillard Duhem.

Beaucoup de montagnards demandent l'appel nominal, et se précipitent au bureau pour en signer la demande.

Devars. Chacun des jurés doit être nommé par le département qui doit le fournir.

Delmas. Pourquoi tant de retards apportés à cette délibération? Renvoyer à demain, c'est ajourner le départ des commissaires; cependant ni les Prussiens ni les Autrichiens n'ajournent leur marche. Rien de plus instant que le départ des commissaires. Je demande que, séance tenante, cette discussion soit terminée.

DÉCRET. Les jurés, pris dans tous les

départemens, seront nommés par la Con

vention.

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La levée de la séance étoit prononcée, lorsque Danton s'élance à la tribune, et avec cette impétuosité qu'il apportoit dans les instans de crise : « Je somme, dit-il, » tous les bons citoyens de rester à leur poste..... » (Tous les membres se remettent en place. Calme profond.) « Quoi, citoyens! au moment où notre position est » telle que si Miranda étoit battu ( et cela » est possible), ou Dumourier enveloppé » et obligé de mettre bas les armes, vous pourriez vous séparer sans prendre les » mesures que le salut de la chose publique exige!.... Je sens à quel point il » est important de prendre des mesures judiciaires qui punissent les contre-révolutionnaires; car c'est pour eux que ce >> tribunal est nécessaire. C'est pour eux » que ce tribunal doit suppléer au tribunal suprême de la vengeance du peuple. Les » ennemis de la liberté lèvent partout un » front audacieux; partout confondus, ils » sont partout provocateurs. En voyant le » citoyen honnête occupé dans ses foyers » l'artisan dans ses ateliers, ils ont la stupidité de se croire en majorité !.... Eh bien! arrachez-les vous-mêmes à la ven» geance populaire; l'humanité vous l'or» donne.....

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>> S'il est si difficile d'atteindre un crime politique, n'est-il pas nécessaire que des >> lois extraordinaires, prises hors du corps social, épouvantent les rebelles et attei>> gnent les coupables?

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Le salut du peuple exige de » grands moyens et des mesures terribles.... » L'histoire atteste cette vérité, et puis» qu'on a osé, dans cette assemblée, rappeler ces journées sanglantes sur lesquelles tout bon citoyen a gémi, je dirai, moi, que si un tribunal eût existé, le peuple, à qui on a si souvent, si cruel»lement reproché ces journées, ne les >> auroit pas ensanglantées; je dirai, et j'aurai l'assentiment de tous ceux qui » ont été les témoins de ces événemens, » que nulle puissance humaine n'étoit dans » le cas d'arrêter le débordement de la vengeance nationale. Profitons des fautes » de nos prédécesseurs, faisons ce que n'a pas fait l'assemblée législative. Soyons » terribles pour dispenser le peuple de » l'être. Organisons un tribunal, non pas bien, cela est impossible, mais le moins mal qu'il se pourra, afin que le glaive » de la loi pèse sur la tête de tous ses en» nemis..... »

Dans ce discours véhément et révolutionnaire au plus haut degré, on trouve ces passages audacieux: « Le moment est ar

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rivé; soyons prodigues d'hommes et d'argent.....

Vous n'êtes

pas un corps constitué, car vous pouvez tout constituer. » Et c'est aux organisateurs du meurtre et de l'anarchie, c'est aux usurpateurs du pouvoir suprême que le peuple français, tout entier, devra obéir au premier signal, et sans murmure! On sera rebelle, parce qu'attaché à ses anciennes institutions, au roi à qui l'on a juré obéissance et fidélité, à une religion consolante, seul refuge de l'infortune et de la misère, on témoignera de l'éloignement ou de l'indifférence pour lés nouveaux dominateurs!

Mais, hélas ! à quoi servent ces réflexions? Il n'est pas une pensée, pas une maxime débitée par ces odieux législateurs, qui ne soit un blasphème ou un attentat contre les lois divines et humaines.

Danton se résume : « Ce soir, organisation du tribunal (institué pour arriver à la confiscation des biens par l'assassinat. ) Demain, organisation du pouvoir exécutif (d'un pouvoir monstrueux, précédé

par la terreur, environné de victimes et de bourreaux. ) Mouvement militaire; départ des commissaires de la Convention. Que la France entière se lève, courre aux armes et marche à l'ennemi; que la Hollande soit envahie; que la Belgique soit