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sages mesures adoptées par mon intime allié, l'empereur des François et roi d'Italie, à déclarer, comme j'ai déclaré, les îles britanniques en état de blocus, afin de voir si ce moyen réduiroit le cabinet britannique à abdiquer son injuste suprématie sur les mers, et à faire une paix solide et durable. Loin de cela, non seulement le gouvernement anglois a rejeté les propositions qui lui ont été faites de la part de mon intime allié, l'empereur des François et roi d'Italie, soit directement, soit par la médiation de différentes puissances amies de l'Angleterre, mais encore ayant commis la plus énorme des atrocités et des pirateries, par son attaque scandaleuse de la ville et du port de Copenhague, elle a quitté le masque, et personne ne peut plus douter que son ambition insatiable n'aspire au commerce et à la navigation exclusive de toutes les mers. Rien ne le prouve mieux que les mesures que ce gouvernement vient d'adopter par ses ordres du 14 novembre dernier, où non seulement il déclare en état de blocus toutes les côtes de France, d'Espagne et de leurs alliés, et toutes celles occupées par les armées de l'une ou l'autre puissance, mais même en assujétissant les vaisseaux des puissances neutres, amies et même alliées de l'Angleterre, à subir les visites des croiseurs anglois, à aborder forcément dans un port de l'Angleterre, et à s'obliger de payer, sur leurs cargaisons, un droit dont la quotité sera déterminée par la législature angloise. Autorisé par un juste droit de représailles à prendre les moyens qui me paroîtront convenables pour empêcher l'abus que le cabinet britannique fait de ses forces à l'égard des pavillons neutres, et à voir si on peut l'obliger à renoncer à une aussi injuste

tyrannie, j'ai résolu d'adopter et j'entends qu'on adopte dans tous mes états les mêmes mesures qui ont été prises par mon intime allié l'empereur des François et roi d'Italie, et dont la teneur suit, etc. »

J'Étrurie

François.

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Ces mesures sont le décret de Milan, du 17 décembre 1807, dont les dispositions sont ici répétées. En conséquence des traités de Fontainebleau, par Occupation de Marie-Louise, reine douairière d'Étrurie, et régente pour son fils Charles-Louis, annonça, le 10 décembre, à ses sujets, qu'appelée à régner sur d'autres contrées qui lui avoient été assignées par un traité entre la France et l'Espagne, en dédommagement de l'Étrurie cédée à Buonaparte, elle déposoit le gouvernement de ce dernier pays; immédiatement après elle partit pour l'Espagne, et la Toscane fut occupée par des troupes françoises.

Cependant les préparatifs qui se faisoient à Bayonne annonçoient à la cour de Lisbonne le sort qui lui étoit destiné. La plus grande consternation régnoit dans cette ville depuis la nouvelle qu'on reçut que les troupes françoises alloient se mettre en mouvement. Le principal ministre du prince-régent, don Antonio de Aranjo Azevedo, avoit conseillé à son maître, depuis l'époque de la paix de Badajoz, d'exécuter un plan conçu déjà par Pombal, celui de transporter au Brésil le siége du

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La

la cour de Europe.

Lisbonne quitte

gouvernement portugais. L'Angleterre appuya ce projet, en faisant voir au prince-régent la perspective de se dédommager, par la conquête de l'Amérique espagnole, de la perte du Portugal. Don Antonio de Aranjo avoit pris en secret les mesures nécessaires pour embarla famille royale, l'armée et le trésor de la couronne, et pour sauver la marine, pendant que par des démonstrations d'attachement à la France il trompoit les agens du gouvernement françois.

quer

Le 2 octobre 1807, le prince-régent publia une proclamation adressée aux Brésiliens, que nous allons insérer ici :

« Fidèles sujets, habitans du Brésil! depuis mon avénement au gouvernement, mon désir constant a été de vous donner des preuves de mon amour inaltérable; mais les temps malheureux ne me permirent pas de vous le montrer entièrement. Maintenant que la monarchie portugaise se voit menacée du fléau de la guerre, j'espère que le bras du ToutPuissant protégera mon trône. Dans ce moment critique, j'ai résolu de vous donner une forte preuve de mon affection, convaincu que vous y répondrez par un amour cordial. Comme c'est un de mes premiers devoirs de monarque de n'abandonner qu'à la der

Un ami de ce ministre, M. Correa, ancien chargé d'affaires du Portugal en Suède, a déclaré dans une note qu'on lit au Polit. Journal, année 1808, Vol. I, p. 577, que ce projet lui a été confié par M. d'Aranjo en 1802.

nière extrémité mes anciens sujets, dont les ancêtres, qui sont aussi les vôtres, ont rétabli le trône du Portugal, je vous confie mon fils aîné, auquel j'ai, depuis sa tendre enfance, inspiré le plus vif attachement pour vous. Je lui donne le titre de connétable ou vice-roi du Brésil'. Je suppose que vous saurez traiter dignement un gage si précieux et si chéri. Vous êtes Portugais; comme tels, gardez-le et défendez ses droits avec le courage et le sentiment d'honneur qui vous sont innés. »

Donné au palais de Notre-Dame au Bon-Secours, le 2 octobre 1807.

Signé JEAN, prince-régent,

A l'époque où cette proclamation parut, le ministre de Portugal à Paris, comte de Lima, soit qu'il voulût masquer les intentions de sa cour, soit qu'il crût encore pouvoir sauver le Portugal, négocioit pour obtenir la neutralité de son pays. Il offroit d'exclure le pavillon anglois de tous les ports, et de payer un subside de deux millions de francs par mois; mais l'avis qu'on eut à Paris que le prince-régent traitoit aussi avec la Grande-Bretagne, produisit la conviction qu'il ne vouloit que gagner du temps pour sauver tout ce qui seroit disponible, et laisser à la factorerie angloise le temps de quitter le pays. Les ministres d'Espagne et de France se retirèrent de Lisbonne, et Junot eut ordre de se mettre en marche.

1 Don Antonio, fils aîné du prince-régent, étoit alors âgé de neuf ans.

Enfin, le 20 octobre, le prince-régent publia un ordre, par lequel tous les ports du royaume furent déclarés fermés au commerce anglois.

Cette mesure ne fut que simulée, afin de gagner du temps pour l'exécution du grand projet qu'on méditoit; car, à la même époque, on négocioit à Londres une nouvelle alliance entre les deux monarchies, qui fut signée le 22 octobre. Ce traité n'a pas été publié; on en ignoreroit même l'existence, s'il n'étoit cité dans celui du 19 février 1810, dont nous rendrons compte en son temps.

Le traité de Fontainebleau n'étoit pas encore signé, quoique probablement arrêté, lorsque le général Junot, à la tête de l'armée de Bayonne, entra en Espagne. Le 23 octobre, une colonne marcha de Bayonne sur Tolosa, l'autre par Saint-Jean-Pied-de-Port sur Pampelune. Les François s'emparèrent par force de cette place; ils employèrent la ruse pour surpendre celles de Saint-Sébastien, de Figuières et de Barcelonne. Les deux corps eurent rendez-vous à Salamanque; l'armée espagnole, destinée à agir de concert avec eux, se rassembla à Badajoz.

Au commencement du mois de novembre, l'escadre russe, commandée par le vice-amiral Siniawin qui, après avoir vaincu les Turcs à Lemnos le 1er juillet, s'en retournoit à Cronstadt, par suite de l'armistice de Slobosia du 24 août, entra dans le port de Lisbonne,

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