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chevêque, du primat. Il en est de même du simple prêtre, quant au caractère, vis-à-vis le vicaire général, le doyen, le curé. Ainsi, sous ce rapport, le simple prêtre est supérieur au cardinal qui n'est que diacre, etc. Mais, sous le rapport de la juridiction, le vicaire général est supérieur au prêtre dont le pouvoir ecclésiastique se borne à la direction d'une paroisse comme curé, etc. Le cardinal qui n'est pas même dans les ordres sacrés, est supérieur à l'évêque, surtout s'il est investi du titre de légat; mais ici c'est une hiérarchie d'honneur dans le plus grand nombre de cas.

Les deux hiérarchies de l'ordre et de la juridiction ont cela de commun, qu'elles ont une même cause et une même origine; elles émanent du caractère clérical, en sorte qu'un laïque, un religieux même, s'il n'était considéré comme clerc, ne saurait faire nombre dans aucune de ces deux hiérarchies.

D'où quelques canonistes concluent qu'il n'y a qu'une seule et même hiérarchie à laquelle Jésus-Christ a donné tous les pouvoirs divins, tant d'ordre que de juridiction, nécessaire pour le gouvernement de l'Église. Ce qu'on appelle pouvoir d'ordre, c'est cette puissance que donne l'ordination d'exercer les fonctions sacrées, propres de l'ordre auquel on est élevé. La puissance de juridiction, c'est celle qui donne droit d'exercer sur des personnes soumises à sa conduite et à son autorité, les pouvoirs divins que les ministres sacrés ont reçu dans l'ordination. Ainsi il ne se trouve point une différence essentielle, quant aux pouvoirs mêmes entre ces deux puissances. L'ordre sacré est le titre primitif de toute juridiction hiérarchique (1).

On a fait passer dans l'ordre civil le nom de hiérarchie, pour exprimer politiquement et administrativement la gradation des pouvoirs.

Le titre de hiérarque est donné quelquefois au pape, et même à un prélat. Il est alors employé dans le sens de prince sacré ou chef spirituel. Quelquefois le pape se donne lui-même ce titre.

Nous n'avons point mis dans les degrés de la hiérarchie de juridiction telle quelle existe actuellement, les patriarches; cette dignité, principalement établie dans l'Église d'Orient, n'a plus été chez les catholiques qu'un titre d'honneur, depuis le schisme de Photius. Les papes l'ont donné comme celui des autres évêchés, in partibus infidelium. En France, nos primats peuvent être comparés aux patriarches orientaux. Si quelques communions grecques, réunies à la communion romaine, décorent leurs principaux évêques de ce titre, on ne doit point en conclure qu'ils remplacent, dans la hiérarchie ecclésiastique, les anciens patriarches de Constantinople, de Jérusalem, d'Antioche et d'Alexandrie. On compte cependant trois patriarches qui assistèrent au concile de Trente, et qui précédèrent les archevêques; mais on peut dire que c'est une préséance d'honneur et de juridiction. (Voyez PATRIARCHE, PRIMAT.)

(1) Phillips, du Droit ecclésiastique, tom, 11, pag. 100.

Il en est de même des cardinaux ; quelque éminent que soit le rang qu'ils tiennent dans l'Église, ils ne forment cependant point un degré de la hiérarchie de juridiction ecclésiastique. Les honneurs et les prérogatives dont ils jouissent n'y ont absolument aucun rapport. Les cardinaux sont les premiers à Rome après le Souverain Pontife qu'ils ont seuls le droit d'élire et dont ils forment le conseil; mais ils ne sont rien dans la hiérarchie d'ordre et de juridiction, s'ils ne sont revêtus d'un caractère sacerdotal ou épiscopal. (Voyez CARDINAL.)

Les réguliers ont voulu, non seulement former un des degrés de la hiérarchie ecclésiastique, mais encore en être la plus noble partie.

A ne les considérer que comme moines ou religieux, ils sont sous la hiérarchie. Ils ne peuvent être dans la hiérarchie que comme prêtres, mais nullement dans la hiérarchie de juridiction. Voyez, à ce sujet, les censures du clergé de France et de la Faculté de théologie de Paris, dans les Mémoires du clergé, tome. I, pag. 588 et suiv.

Quant au rétablissement de la hiérarchie en Angleterre, et en Hollande voyez ANGLETERRE, HOLLANDE.

HISTOIRE.

On peut voir sous le mot ÉDUCATION, § III, comment les professeurs, d'après le concile d'Amiens, de l'an 1853, doivent enseigner l'histoire.

HISTOIRE DU DROIT CANON.
(Voyez DROIT CANON.)
HOLLANDE.

L'Église catholique en Hollande a été organisée hiérarchiquement par la lettre apostolique de Notre Saint Père le pape Pie IX, du 4 mars 1853. Jusque là elle comprenait dans les Pays-Bas, 1° les trois vicariats apostoliques de Bois-le-Duc, de Bréda et de Ruremonde, gouvernés par trois vicaires apostoliques revêtus du caractère épiscopal et du titre d'évêque in partibus infidelium; 2o ce qu'on appelait proprement la mission de Hollande, divisée en six missions que gouvernaient autant d'archiprêtres, sous l'autorité de l'internonce apostolique en résidence à la Haye, lequel avait le titre de président ou vice-supérieur de la mission. Il n'agissait que comme à la place du pape, qui s'était pour ainsi dire réservé d'être le supérieur immédiat de cette mission, rattachée ainsi au Saint-Siége par un lien plus étroit. Ce titre de vice-supérieur ne datait que des dernières années du dernier siècle. Auparavant, et depuis l'établissement du schisme janseniste, la mission de Hollande était gouvernée par les nonces en résidence à Bruxelles, avec le titre de supérieurs. Avant le schisme et depuis 1583, la mission de Hollande avait été régie par des vicaires apostoliques qui avaient remplacé les évêques d'Utrecht.

Aujourd'hui les trois vicariats de Bois-le-Duc, de Bréda et de Ruremonde sont devenus, avec la même circonscription, trois diocèses ayant des évêques titulaires, investis de la juridiction et de tous les droits et pouvoirs que confère cette charge. Quant à la mission, elle a été divisée en deux diocèses, l'archevêché d'Utrecht et l'évêché de Harlem. Utrecht est métropole de cinq nouveaux diocèses, dont la réunion forme une province ecclésiastique. Cette province est ainsi composée: Utrecht, archevêché, et Harlem, Bois-leDuc, Bréda et Ruremonde évêchés suffragants.

LETTRES APOSTOLIQUES de N. S. P. le pape pour le rétablissement de la hiérarchie épiscopale en HOLLANDE (1).

PIE IX, pape.

Ad perpetuam rei memoriam.

Depuis le jour où, par un dessein caché de la divine Providence, ne méritant rien de pareil et n'y pensant pas, nous fùmes élevé au faîte du Siége Apostolique, nous avons mis tous nos soins et tout notre zèle, comme le demandait la charge qui nous était imposée, à assurer la conservation et le salut spirituel des fidèles du Christ dans toutes les parties du monde. Après que, par la bénédiction du Seigneur, il nous eut été donné d'accomplir dans le florissant royaume d'Angleterre la restauration de la hiérarchie épiscopale, commencée par notre prédécesseur, d'heureuse mémoire, Grégoire XVI, nous avons tourné nos efforts et nos sollicitudes vers une autre partie choisie de la vigne du Seigneur, vers les contrées illustres de la Hollande et du Brabant, ayant vu la possibilité de les réformer par la même institution, comme nous désirions ardemment de le faire. Nous nous représentions sans cesse quelle fut, dès les premiers siècles de l'Église, la situation de ce pays, où introduite, dès la fin du septième siècle par un homme enflammé de l'esprit apostolique, saint Clément Willibrod, et par les ministres évangéliques qu'il s'était adjoints, la religion chrétienne, comme tous les anciens monuments l'attestent, produisit aussitôt les fruits les plus abondants, de sorte qu'en 696, saint Sergius Ier, notre prédécesseur, érigea l'église d'Utrecht et lui donna pour évêque Willibrod lui-même, qu'il revêtit de sa propre main des insignes sacrés. Il serait trop long de rappeler tout ce que le saint pasteur si digne de louanges, saint Boniface, qui le remplaça, et qui a mérité le titre d'apôtre de la Germanie, ainsi que les évêques qui leur succédèrent, dont plusieurs sont inscrits au nombre des saints, firent de glorieux et par quels travaux ils propagèrent la foi catholique dans ces régions, jusqu'à l'année 4559, où le pape Paul IV, notre prédécesseur, l'y vit si florissante, qu'il jugea convenable d'y établir une province ecclésiastique. Par ses lettres apostoliques commençant par ces mots: Super universas, et en date du quatre des Ides de mai, le siége d'Utrecht, élevé au rang de métropole, fut revêtu de tous les droits et pri viléges attachés à ce titre, et cinq églises furent érigées pour être ses suffragantes, savoir: Harlem, Deventer, Liewerden, Groningue, Middelbourg.

Cette vigne bien-aimée du Seigneur étant ainsi plus fortement entourée e munie de remparts plus solides, on devait espérer qu'elle produirait des fruits de plus en plus abondants; mais bientôt après, ce qu'on ne saurait trop déplorer, l'homme ennemi entreprit par tous les moyens de la dévaster, de la bouleverser

(1) Nous rapportons le texte latin de ces LETTRES APOSTOLIQUES à la fin de ce volume.

et de la ruiner. On ne sait que trop quels maux et quelles plaies l'hérésie calviniste fit à ces églises si florissantes. L'effort et la violence des hérétiques furent poussés à ce point, que le nom catholique parut comme éteint dans ces contrées, et qu'il ne restait presque plus d'espérance de réparer une telle défaite. Cependant les Pontifes romains, on le sait, ne négligèrent rien pour mettre obstacle et remédier autant que possible à de si grands maux. Voyant les pasteurs chassés, frappés ou mis à mort, et voulant rassembler les restes de ce troupeau dispersé, Gregoire XIII, d'illustre mémoire, envoya comme vicaire apostolique un homme éprouvé et enflammé du zèle de la gloire de Dieu, Sasbold Vosmer, qui, plus tard, revêtu par Clément VIII du titre et du caractère d'archevêque de Philippes, et ayant obtenu des meilleurs instituts et des sociétés régulières un grand nombre d'ouvriers sacrés, travailla avec succès, par le secours de Dieu, au rétablissement de la religion renversée.

Les Pontifes romains successeurs de ceux que nous venons de nommer agirent dans le même but et avec le même zèle, particulièrement Alexandre VII, qui, à l'origine du schisme janséniste, ne cessa de s'opposer vigoureusement à ce monstre, à cette peste, pour en comprimer, en briser la violence. Innocent XII, Clément XI, Benoît XIII, Benoît XIV et nos autres prédécesseurs s'appli quèrent de même, soit par des vicaires apostoliques revê us de la dignité épiscopale, soit par des nonces du Saint-Siége, à soutenir et à fortifier, en leur assurant les secours spirituels, les catholiques de la Hollande et du Brabant, qu'une si affreuse et si cruelle tempête avait réduits à l'extrémité, afin de préparer le jour où la miséricorde du Seigneur permettrait de rendre à ces églises leur première forme et leur ancien éclat.

Le Père des miséricordes, le Dieu de toute consolation, a daigné, dans sa bonté, accorder aux travaux incessants des Pontifes romains le fruit si longtemps désiré. Aujourd'hui, ce qu'ils ont voulu, peut être accompli et nous rendons grace de toute notre âme au Dieu dispensateur de tout bien, d'avoir réservé cette joie à notre humilité. Notre prédécesseur d'illustre mémoire, Grégoire XVI, le sérénissime roi de ce royaume y donnant son assentiment dans un esprit d'équité, avait réglé beaucoup de choses avec une grande sagesse et préparé les voies pour rétablir entièrement en ce pays la discipline ecclésiastique. Des négociations avaient même été ouvertes en 1844 pour la reconstitution de la hiérarchie épiscopale: mais, les circonstances s'y opposant, il ne crut pas devoir presser cette affaire, et il la remit à un temps plus opportun, après avoir revêtu du caractère épiscopal les vicaires apostoliques du Brabant et pris diverses autres mesures propres à faciliter dans la suite cette restauration si désirée. Ayant devant les yeux les beaux exemples de nos prédécesseurs et voulant, autant que nous le pouvons, procurer le bien de cette partie chérie du troupeau du Seigneur, nous avons résolu d'accroître autant qu'il est en nous dans le royaume dont nous parlons la prospérité de la religion catholique.

⚫ Considérant dans leur ensemble la situation et les progrès des affaires catholiques dans cette contrée, ainsi que le grand nombre de catholiques qui s'y trouvent; voyant diminuer chaque jour les obstacles qui s'opposaient avec tant de force au maintien et au développement de la religion; ayant la confiance que ces obstacles disparaitront tout à fait par la réforme des lois fondamentales commencée dans un esprit d'équité et de justice par les chefs du gouvernement, connaissant avec certitude la bienveillance du sérénissime roi envers ceux de ses sujets qui professent la religion catholique, nous avons cru que le temps était venu où la forme du régime ecclésiastique dans le royaume de Hollande pouvait être ramenée à celle dont jouissent les nations fidèles, là où aucune cause particulière n'exige qu'elles soient régies par le ministère extraordinaire des vi

caires apostoliques ou par tout autre ministère exceptionnel. Cela nous a été d'ailleurs demandé instamment et à diverses reprises, non-seulement par nos bien-aimés fils de toute condition qui habitent ces contrées, mais aussi par les vicaires apostoliques eux-mêmes et par tout le clergé; comment notre amour paternel aurait-il pu résister à leurs prières?

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Et cela devant être de la plus grande utilité à ces prélats et à leurs églises, nous voulons et ordonnons qu'ils continuent à adresser les rapports de la situation de leurs sièges et de leurs troupeaux à la Congrégation de la Propagande, qui jusqu'ici a donné des soins particuliers et attentifs à ces contrées, et qu'ils nous informent par l'intermédiaire de la même Congrégation de tout ce que, pour l'accomplissement de leur devoir et le bien spirituel des fidèles, ils se sentiront dans l'obligation de porter à notre connaissance.

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Pour tout le reste, en ce qui touche à la charge pastorale, l'archevêque et les évêques susmentionnés jouiront de tous les droits et pouvoirs dont jouissent les archevêques et les évêques catholiques des autres pays; en vertu du droit commun établi par les sacrés canons et par les constitutions apostoliques, ils peuvent et pourront donc user de tous ces droits et pouvoirs, comme aussi ils seront astreints aux mêmes obligations qu'impose aux autres archevêques et évêques la discipline commune et générale de l'Église catholique. En conséquence, tout ce qui a été en vigueur dans l'ancien état des églises de Hollande ou dans leur condition subséquente de missions, résultant de constitutions spéciales, de priviléges ou de coutumes particulières, ne produira désormais ni droit ni obligation. Et pour écarter toute ambiguité, dans la plénitude de notre autorité apostolique, nous ôtons à ces constitutions spéciales, priviléges de toute sorte, coutumes établies et en vigueur même de temps immémorial, toute force d'obliger et de créer un droit. A l'archevêque et aux évêques de Hollande, il appartiendra de déterminer ce qui touche à l'exécution du droit commun et les choses qui sont laissées à l'autorité des évêques par la discipline générale de l'Église. Nous promettons de les assister volontiers de notre autorité apostolique et de leur apporter tout notre concours pour la gloire du nom de Dieu et le salut des âmes.

Afin de donner une preuve plus certaine de cette résolution où nous sommes, nous voulons que ces prélats, après avoir été revêtus du titre et des droits d'évêques ordinaires, conservent néanmoins les avantages et pouvoirs plus amples dont ils jouissaient auparavant en qualité de vicaires du Siége apostolique, ou dont jouissent les autres vicaires apostoliques par la largesse du même SaintSiége. Nous voulons pareillement qu'il soit entendu que l'archevêque d'Utrecht et les prélats ses suffragants, chacun dans l'exercice des fonctions qui leur incombent, aient, comme il est juste, plein pouvoir et pleine liberté. En soumettant ces églises suffragantes et leurs territoires à la juridiction du métropolitain d'Utrecht, nous les dégageons désormais de l'autorité et dépendance de tout autre métropolitain ou archevêque auquel elles auraient pu avoir été soumises, en tout ou en partie, dans leur état de vicariats ou de missions. Nous concédons, en conséquence, à l'archevêque d'Utrecht le droit et la faculté d'user de tous les nsignes, honneurs, ornements, priviléges et prérogatives des prélats métropolitains.

« Et comme jusqu'à ce jour l'état du catholicisme en Hollande a été tel que les ressources temporelles convenables manquent aux pasteurs et aux nécessités de chaque église épiscopale, nous avons l'espérance presque certaine que nos chers fils les fidèles de Jésus-Christ, dont nous avons reçu de tout cœur les prières instantes et réitérées pour le rétablissement de la hiérarchie épiscopale, et dont nous avons accompli les vœux, s'empresseront maintenant et ne cesseront pas à

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