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A Paris, dès que l'inscription est achevée, on fait souscrire à la femme inscrite une déclaration et un engagement de se soumettre aux règlements et aux visites sanitaires qu'on leur impose, et la signature de la fille est apposée au bas de la formule imprimée, que l'on conserve à son dossier. La signature est remplacée par un signe quand la fille ne sait pas écrire; voici quelle est cette formule:

« L'an

, par devant nous, commissaire de police, s'est présentée pour être inscrite comme fille publique, la nommée (nom, prénoms et profession), native

, département d

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rue

d'après décision du

demeurant

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enregistrée

laquelle,

instruite par nous des règlements sanitaires établis par la préfecture pour les filles de cette classe, nous déclare s'y soumettre, et s'engage en conséquence à subir les visites périodiques de MM. les Médecins du dispensaire de salubrité, promettant de se conformer strictement à toutes les règles prescrites par la surveillance.

« Le Commissaire de police,

«En foi de quoi elle a signé. »

« D....... »

Cette espèce de contrat a pour toutes les filles publiques une grande importance, en ce sens qu'elles se croient liées à l'administration, qui de son côté donne ainsi une sorte de légalité aux punitions qu'elle inflige. Il serait bien à souhaiter qu'à Clermont on procédât de la même manière.

Moyens qu'emploient les Dames de maisons pour recruter et retenir les Filles publiques. des Maisons de tolérance.

De la gestion

En province, le mode de recrutement employé par les maitresses de maisons pour se procurer des femmes, est presque toujours le même; elles s'adressent, soit sur place aux filles des autres maisons qui désirent changer, soit dans d'autres villes où elles se rendent pour choisir celles qui leur conviennent. En général, c'est à Moulins, Nevers, Limoges ou Saint-Etienne qu'elles vont les chercher; elles s'adressent aux maitresses de maisons et font aux femmes qui leur conviennent la proposition de changer de résidence. Si celles-ci acceptent, les dettes qu'elles ont contractées dans leurs maisons sont payées par la dame qui les emmène et qui devient alors créancière par délégation. Quelquefois c'est aux grisettes mêmes de la ville qu'elles s'adressent par l'entremise de femmes, espèces de Mercures galants, qui jouent également bien les rôles de domestique, confidente et commissionnaire. Comme ces sortes de femmes sont très au courant de la place, il leur est toujours facile de transmettre aux jeunes filles qu'elles savent être dans la gêne les propositions de celles qui les emploient.

Une fois la jeune fille inscrite et installée dans la maison de tolérance, le plus important est de l'y retenir, et de peur que, ayant le regret d'y être entrée,

elle ne veuille en sortir, on la pousse immédiatement à faire des dépenses, à contracter des dettes dont l'importance varie suivant les mérites de sa personne. On lui fait d'abord changer de vêtements, acheter du linge, et on lui fait payer le tout deux ou trois fois le prix de sa valeur réelle; de cette manière elles sont liées aux maisons de prostitution tant qu'elles ne peuvent s'acquitter de leurs dettes. En outre, on leur fait payer pension, c'est-à-dire que pour 1 fr. 50 c. à 2 fr. 50 c. par jour, elles sont logées, nourries, chauffées, éclairées, etc.; et lorsqu'il leur arrive de prendre quelque consommation comme extra, on la leur fait également payer deux et trois fois sa valeur ordinaire. Comme elles sont excitées tous les jours à prendre de ces consommations, leur dette s'en accroît d'autant, et par conséquent elles s'enfoncent de plus en plus dans le bourbier de la prostitution.

Dans certaines villes, les filles publiques exercent leur métier dans les maisons de prostitution pour leurs vêtements, leur nourriture et leur logement; les maitresses de maison ne leur donnent rien autre chose, de sorte que l'argent qu'elles possèdent leur est donné par ceux qui les emploient en dehors du prix d'entrée de la maison; c'est ce que les prostituées appellent recevoir pour leurs gants. A Clermont cette espèce d'arrangement n'a pas lieu : les filles publiques paient pension comme je l'ai dit plus haut, et sont obligées de s'entretenir à leurs frais de tout ce qui regarde les vêtements et la parure;

mais elles reçoivent de la maitresse de la maison la moitié du prix que paient ceux qui vont les fréquenter, et c'est avec cet argent et celui de leurs gants qu'elles sont obligées de payer leurs dettes; ce qui revient à dire qu'elles ne peuvent jamais réussir à s'acquitter. C'est en partie à cette manière d'agir des maitresses de maisons à l'égard des filles publiques, qu'est due l'espèce de mépris et de haine dont elles sont l'objet de la part de celles-ci. Cependant quelques-unes de ces maitresses de maisons, mais bien rarement, loin de laisser faire des dettes, s'opposent à ce que leurs femmes fassent de folles dépenses; celles-là sont en général bien vues de leurs pensionnaires, qui s'attachent à elles et se conduisent à leur égard en honnêtes filles.

Si les prostituées sont quelquefois bien traitées par les dames de maisons, elles n'ont pas toujours à se louer autant des souteneurs, qui, adonnés pour la plupart aux plus mauvaises passions, exercent sur ces pauvres créatures des violences de tout genre. Ces individus, presque tous les jours ivres, causent dans leurs quartiers du scandale et du bruit que l'administration ne cherche pas à réprimer. Si leurs femmes vont se plaindre, on leur répond en les menaçant. A Paris, au contraire, lorsque pareille chose arrive, l'administration met la femme en demeure de fermer sa maison ou de renvoyer son mari; et souvent cette menace suffit pour faire rentrer celui-ci dans l'ordre, parce que la clôture de l'établissement est sa ruine complète. Cependant il

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