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Forêts du Touring-Club de France, Vice-Président de la société d'Aquiculture et de Pêche, membre correspondant de l'Académie d'Agriculture.

M. Cardot n'était pas seulement un fonctionnaire d'élite, un apôtre convaincu un maître de la science sylvo-pastorale, un bon pisciculteur, un écrivain de talent; il était aussi un homme de bien.

Sénèque a dit que le style est le visage de l'âme. Jamais cette pensée ne fut plus vraie que pour l'auteur du Manuel de l'arbre. Comme son style, M. Cardot était doux, simple, sincère. La loyauté de son caractère, la dignité de sa vie commandaient le respect; sa bonté, son affabilité attiraient à lui toutes les sympathies.

Son souvenir restera profondément gravé dans nos cœurs

Puisse cette assurance adoucir la peine de ses enfants et petits-enfants auxquels j'adresse mes condoléances émues.

DISCOURS DE M. LAFOSSE

INSPECTEUR GÉNÉRAL DES EAUX ET FORETS EN RETRAITE,

ANCIEN DIRECteur Général DE L'AGRICULTURE D'ALSACE-Lorraine
PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ DES SECOURS ET PRÊTS,

ENTRE LES OFFICIERS DES EAUX ET FORÊTS.

Mesdames, Messieurs

Je voudrais vous retenir quelques instants encore devant cette tombe pour adresser au nom de la Société de secours des Agents forestiers, dont Emile Cardot fut le Président vénéré et aimé de tous, un hommage de respect et de reconnaissance.

Des voix autorisées ont rappelé sa vie si bien remplie par le travail et si bien dirigée par une intelligence d'élite et ont loué devant tous ses mérites professionnels et ses éminents services. On vous a dit aussi qu'Emile Cardot était un écrivain de grand talent, un poète, un amoureux fervent de la nature qu'il a su si bien décrire et chanter dans des livres admirables, dont plusieurs sont des chefs-d'œuvres.

Je veux vous parler de son rôle dans notre société de secours qu'il a toujours chérie, soutenue et réchauffée de son ardeur insatiable. Il lui a donné tout son cœur, toutes ses forces, n'estimant d'autre récompense meilleure que d'avoir pu adoucir quelque misère, alléger quelque souffrance. Partout il fut un apôtre, et nous avons pu apprécier dans notre œuvre de solidarité ce que le cœur de ce parfait homme de bien renfermait de douceur et de dévoue

ment.

Emile Cardot était notre confrère à l'Académie d'Agriculture dans la section des correspondants. Il mit au service de la science forestière sa grande expérience et principalement sa connaissance approfondie de la forêt de sapins qu'il avait acquise auprès de son père qui fut un maître incontesté et dont le souvenir n'est pas prêt de s'effacer. Il apporta aussi à la Compagnie son ardeur et sa foi dans l'avenir de la rénovation des montagnes par la reconstitution des pâturages. Il obtint de l'Académie de hautes récompenses pour ses remarquables travaux,

Emile Cardot nous a donné l'exemple d'une vie simple, d'une vie bien remplie, ennoblie par les qualités du cœur. Nous garderons pieusement son souvenir.

Nous offrons à ses enfants si tendrement aimés, si cruellement frappés l'hommage de notre respect et de notre sympathie douloureuse.

Adieu, cher et bon ami!

DISCOURS DE M. MINVILLE

PRÉSIDENT DE L'UNION DES PÊCHEURS DE PARIS,
SECRÉTAIRE DU SYNDICAT CENTRAL DES PÊCHEURS
DE FRANCE

M. le Docteur Leboeuf, Président du Syndicat Central des Pêcheurs et Riverains de France, retenu à La Charité-sur-Loire, m'a prié de venir sur cette tombe apporter le témoignage des sentiments attristés et reconnaissants de nos Associations.

Après les éloges si complets et si unanimes adressés par les éminents Collègues et le représentant du Touring-Club de France, bien lourde est devenue ma mission d'exprimer dignement combien nous est douloureuse la perte que nous éprouvons par la disparition de M. Cardot.

Aussi bien, ce n'est pas seulement la mémoire du Chef du Service des Améliorations Pastorales et Piscicoles que je saluerai ici.

M. Cardot fut pour moi plus qu'un éminent fonctionnaire il fut l'ami paternel qui avait bien voulu m'accorder l'insigne faveur de me recevoir à son foyer et de me permettre ainsi d'apprécier de plus près, en dehors de son inoubliable bienveillance, ses hautes qualités d'organisation et de méthode. comme la profonde justesse des conseils qu'il voulait bien me donner pour assurer le succès de nos efforts.

Ce doux, ce modeste vers lequel, au soir de la vie, les honneurs se penchè rent, parce que fatigués de ne pas le voir les rechercher, ce poète accoutumé à vivre par la pensée au milieu de ces beautés pastorales et forestières qu'il avait dû quitter, avait le seus pratique des choses, et l'esprit de simplification qui assuraient à tout ce qu'il entreprenait la meilleure des réalisations.

Chargé de succéder ou de collaborer à cette éminente pléïade de Forestiers, tels que les Mersey, les Maire, les Dabat et tant d'autres, du premier jour il fit voir ses éminentes qualités et c'est sans crainte, que je peux affirmer ici que grâce à lui, nos associations ont conuu en quel degré d'estime l'Administration supérieure les tenait et combien elle s'intéressait à leur développement.

En les aidant, M. Cardot continuait ce qui fut, on peut le dire, le but incessant de sa vie : ramener le plus possible nos populations au culte de la campagne, aux joies paisibles et morales des champs, des rivières et forêts dont il fut le chantre si aimé

Voilà pourquoi il s'intéressait à nos groupements qui travaillent à assurer aux classes laborieuses le bien-être hygiénique et moral dans la paix des champs, dans l'hygiène et la richesse piscicole de nos fleuves de France.

Voilà pourquoi, c'est à juste raison que le Président du Syndicat Central me télégraphiait tout à l'heure:

« N'oubliez pas de saluer en M. Cardot, non seulement le Bienfaiteur de nos Associations, mais celui des Travailleurs ! »

Bienfaiteur! c'est bien le mot qui s'impose en cette douloureuse circonstance pour indiquer la perte irréparable que nous subissons!

Mais il m'amène à me souvenir qu'il y a 4 ans, presque jour pour jour, dans une cérémonie semblable, nous pleurions Mme Cardot, qui fut pendant tant d'années sa dévouée collaboratrice, heureuse de partieiper avec lui à toutes nos fêtes, comme à tous nos travaux, et qui demeure, elle aussi dans nos cœurs inoublieux des services rendus.

Les voilà tous deux réunis, ces chers Bienfaiteurs ! Madame, Monsieur Mélot, soyez assurés que par toute la France il n'est pas une seule Association, une seule famille de pêcheurs, qui ne s'associe à votre douleur et qui ne soit avec moi, pour offrir à la mémoire de M. et Mme Cardot, l'expression même de nos regrets éternels.

DISCOURS DE M. CHAIX

VICE-PRÉSIDENT DU TOURING-CLUB DE FRANCE

C'est la voix du Touring-Club de France que j'ai reçu mission de faire entendre, en cet instant suprême, sur la tombe de notre cher ami et si dévoué collaborateur M. Emile Cardot.

Notre Président M. Defert n'aurait pas manqué de s'acquitter lui-même de ce pieux devoir si des circonstances impérieuses ne le tenaient en ce moment éloigné de Paris ; il m'a prié, comme Président du Comité des sites et monuments, d'être ici son porte-paroles et c'est avec une indicible émotion que j'apporte ici au cher disparu l'hommage de la reconnaissance et le tribut des regrets de notre grande Association.

Vous avez entendu tout à l'heure l'exposé de la si belle carrière administrative d'Emile Cardot ; je veux à mon tour rappeler ici les services rendus par lui à notre chère patrie par son action utile, si féconde dans les œuvres d'intérêt général. Président de notre Commission des Pelouses et Forêts, passionné pour son sujet, acharné à son labeur, il a su faire pénétrer dans les mœurs de notre population l'amour, le respect de l'arbre, de la prairie, de l'eau.

Pouvait-il être un plus grand bienfait pour notre France, puisque c'est de ce respect et de cet amour que dépend l'un des plus importants éléments de la richesse de notre sol et par conséquent de notre puissance économique. Son Manuel de l'arbre et de l'eau si ingénieusement conçu, si pratiquement rédigé,si artistiquement présenté, fut l'un des moyens les plus actifs de cette si bienfaisante propagande.

Mais nous n'oublierons pas non plus avec quelle intelligente activité, avec quelle foi vibrante, il fut en quelque sorte l'âme de ce Congrès forestier international que le Touring-Club de France organisa en 1913 et dont les conséquences, retardées par la guerre, ne manqueront pas de se faire bientôt sentir pour le plus grand bien de notre France. Oui, mon cher M. Cardot, vous avez été l'un des bons serviteurs de ce pays que vous aimiez tant; vous avez été aussi l'un des meilleurs amis, l'un des meilleurs artisans de la grande œuvre que poursuit notre association; c'est du plus profond de notre cœur que je dépose ici, sur votre tombe, le tribut de notre douleur et de notre reconnais

sance; puissiez-vous, dans cette autre vie, où vous vous reposez maintenant de votre labeur terrestre, en être justement et pleinement récompensé.

Madame, Monsieur, recevez, je vous prie, le témoignagne très ému de toute la compassion que nous inspire votre si grande douleur ; nous partageons, je vous l'assure, l'affection si tendre que votre cher père avait su nous inspirer; nous garderons précieusement le souvenir de celui qui fut pour nous un si excellent ami.

Est-il besoin d'ajouter que le comité de rédaction ainsi que tous les rédacteurs de la Revue et les éditeurs s'associent de tout cœur à ces éloquents discours et déplorent profondément la disparition de leur regretté Rédacteur en chef. Puisse l'unanimité de ces témoignages de réelle sympathie être un adoucissement pour sa famille si cruellement éprouvée !

A. GRANGER

Note

La mort subite de notre très regretté Rédacteur en chef, M. Emile Cardot, dont la notice qui précède rappelle si bien la valeur et les services, a retardé la composition du présent numéro. Nos lecteurs comprendront trop bien ces raisons, pour que nous n'ayons pas besoin de nous en excuser. M. Madelin, Conservateur des Eaux et Forêts en disponibilité, a bien voulu reprendre provisoirement ses anciennes fonctions de rédacteur en chef. C'est donc à lui qu'il y a lieu d'adresser jusqu'à nouvel ordre les communications relatives à la Revue, en les lui envoyant soit chez MM. Berger-Levrault, 5, rue des Beaux-Arts à Paris, soit à son adresse particulière à Oberbruck (Haut-Rhin).

LA RÉDACTION

Du passé au XXe siècle.

Les officiers des Eaux et Forêts.

J'ai été frappé par un mot inséré «< in fine » dans l'article sur le Ray de Chaumont, grand maître des Eaux et Forêts, qu'a publié la Revue d'avril 1922.

La Revue me permettra, je l'espère, de donner mon avis sur le point soulevé par l'auteur.

Dans l'ancienne France un office était « une charge donnant pouvoir et autorité ». Loyseau le définit : «< une dignité avec fonction publique ». L'officier était le possesseur de l'office.

Il y avait alors des officiers de la maison du Roi, de l'hôtel, de la garde-robe, des officiers au Parlement, à la chambre des comptes... des

officiers de finance, claustraux même, des officiers des Eaux et Forêts, de guerre, de marine, etc., etc.

Officier était ainsi un terme général correspondant, dans une certaine mesure, et sous certaines réserve, à celui de « fonctionnaire » de nos jours.

Il n'avait rien de glorieux par lui-même.

A quelle pensée a-t-on obéi en substituant au titre- assez laid d'ailleurs d'Agent forestier, celui d'Officiers des Eaux et Forêts?

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Je n'imagine pas que ce soit par simple amour des choses du passé, d'autant que ce titre d'officier n'avait, on vient de le voir, rien, absolument rien de spécial aux Eaux et Forêts.

Et je préfère beaucoup croire que c'est l'organisation militaire du Corps des Eaux et Forêts, son affectation immédiate en temps de guerre, sa glorieuse conduite en 1914-1918 qui lui ont valu qu'on désignât désormais ses chefs sous le titre réservé depuis longtemps aux chefs des armées de terre et de mer.

A.

Un don américain de 700.000 plants d'arbres résineux.

pour la

La direction des eaux et forêts vient d'être avisée qu'une grande association forestière américaine, l'American forestry Association, présidée par M. Charles Lathrop Pack, ami personnel de M. Myron T. Herrick, était en train de faire l'envoi, à titre gracieux, de 700.000 plants d'arbres résineux plus grande partie des sapins pour les régions dévastées de France. Cet envoi généreux mérite d'autant plus d'être signalé qu'il est le résultat d'une collecte faite dans tout le centre et l'ouest des Etats-Unis et à laquelle plus d'un millier de personnes ont travaillé depuis plus de trois ans.

Demande d'experts forestiers.

L'Administration des Régions Libérées ayant un besoin urgent d'experts forestiers qualifiés pour procéder à la vérification technique des dossiers des sinistrés, les Camarades en retraite ou en disponibilité qui désireraient remplir ces fonctions sont priés de se mettre en instance, dans le plus bref délai possible, auprès du Ministre des Régions Libérées (Direction Générale des Services Administratifs - Services de constatation et d'évaluation des dommages de guerre), 223, rue SaintHonoré, Paris (1er arrondissement).

Les experts forestiers ne sont pas tenus de résider dans les départements dévastés. Leur rémunération sera proportionnée à l'importance du dommage subi (valeur 1914) déclaré par le sinistré. Ils devront effectuer leurs vérifications sur place et au cabinet.

Les expertises pourront être groupées, de manière à permettre dans

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