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viculture ne consacre une ligne à l'étude des races de pin sylvestre français. Enfin on pourrait sans doute, dans certaines conditions, tirer de grands avantages de l'emploi aux hautes altitudes de la belle race de la Haute-Engadine.

En résumé, il conviendrait, pour le pin sylvestre, de procéder d'abord à une étude, sur place, de ses différentes races en France. Ceci fait, on pourrait faire un choix parmi les meilleures qui, concurremment avec d'autres races, étrangères, seraient élevées en pépinière, puis les plants seraient répartis entre les diverses régions de notre territoire, comme il a été fait en Suisse. C'est qu'en effet en cette matière l'expérimentation doit forcément être locale. Les conclusions tirées de cultures comparatives en montagne n'ont aucune valeur en plaine et réciproquement. C'est pourquoi les résultats des expériences faites en Belgique, par exemple, en Danemark ou en Suisse, n'ont pour nous qu'une valeur très relative, car on ne rencontre pas, à beaucoup près, dans ces pays une aussi grande diversité de conditions qu'en France.

R. HICKAL.

NOTES

SUR LES MÉTHODES ALLEMANDES

D'AMÉNAGEMENT DES FORÊTS

Les questions relatives à l'aménagement des forêts sont bien rarement traitées dans la Revue. Et cela est très regrettable, car, d'un côté, si la culture doit être, incontestablement, le but principal du forestier, l'aménagement n'en a pas moins, pour lui, une très grande importance et, d'autre part, les notions qui se rapportent à cette dernière branche de l'économie forestière sont, généralement, les plus négligées, les moins connues.

Le retour, à la France, de l'Alsace et de la Lorraine fournit l'occasion d'étudier les méthodes allemandes qui, depuis 1870, ont été appliquées dans la plupart des forêts de ces provinces reconquises, d'en apprécier les résultats et d'établir la comparaison avec les méthodes françaises.

En matière d'aménagement, comme en beaucoup d'autres, prétendre que les Allemands n'ont rien fait de bon et que nous n'avons rien d'utile à leur emprunter est tout aussi exagéré et même faux que de soutenir qu'ils nous sont supérieurs en tout et que nous n'avons qu'à les copier.

Quelques excursions dans certaines forêts d'Alsace et de Lorraine, une tournée d'études faite, en 1922, avec les élèves de l'Ecole secondaire des Barres, dans les groupes de Saint-Amarin et de Ferrette, m'ont permis de relever quelques observations sur les méthodes d'aménagement appliquées par les Allemands.

Il m'a semblé que ces observations pourraient intéresser les lecteurs de la Revue des Eaux et Forêts,

Je n'ai, certes, pas la prétention de traiter complètement le sujet; il est même possible que je commette quelques erreurs qu'on voudra bien, j'espère, me pardonner, si on tient compte de ce que je n'ai visité que quelques forêts et plus ou moins rapidement.

Mon but est, surtout, de poser la question, avec l'espoir que ceux de mes camarades qui, comme les officiers en service dans l'Alsace

et dans la Lorraine, ont pu l'étudier plus en détail et la connaissent mieux, voudront bien la traiter plus à fond et rectifier les erreurs que j'ai pu commettre.

I

Souvent, en Allemagne, pour les forêts appartenant à un même propriétaire, à l'Etat notamment, c'est l'ensemble de ces forêts et non chacune des séries, comme cela a lieu en France, qui, dans chaque cantonnement, est l'objet d'un aménagement et doit fournir, chaque année, pendant une période fixée, une quantité déterminée de produits ligneux.

Les différentes coupes peuvent donc, suivant les circonstances, être diminuées et même supprimées ou, au contraire, augmentées dans l'une ou l'autre des forêts qui forment cet ensemble et, à plus forte raison, dans l'une ou l'autre des séries qu'il comprend; il suffit que l'ensemble des forêts ainsi groupées fournisse, chaque année, la quantité de produits fixée pour la période considérée.

Appréciation. Il est certain que cette façon d'opérer permet de tenir mieux compte des conditions du moment. D'autre part, il importe peu au propriétaire que son revenu annuel soit fourni par telle ou telle de ses forêts, par telle ou telle des séries qui composent chacune de ces forêts.

Et, il est assurément bon de pouvoir effectuer les différentes coupes au moment le plus favorable, eu égard aux conditions culturales et aux prix des différentes catégories de bois, en tenant compte toutefois de l'utilité qu'il y a, surtout en France, où les coupes sont ordinairement vendues sur pied, à offrir des bois au commerce de chaque région et à donner du travail aux bûcherons de chaque pays.

Si on considère, par exemple, les forêts domaniales de Blois, Russy et Boulogne, situées à proximité de la ville de Blois, on pourrait tenir mieux compte des conditions de la régénération, en adoptant une taxe globale pour les trois forêts ou, tout au moins, pour chacune d'elles, qu'en fixant une possibilité distincte pour chacune des vingt séries qu'elles forment actuellement; le revenu de l'Etat n'en serait pas diminué; les marchands de la région auraient autant de bois à acheter et les bûcherons du pays, autant de travail à faire.

II

En Allemagne, il n'est pas fait de distinction entre la section et

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la série. Il n'existe que des classes ou blocs de traitement (Blöcke). Chaque bloc de traitement constitue, à la fois, une section, puisqu'il se compose de parcelles soumises à un même mode de traitement, et une série, puisque, dans son ensemble, il forme une suite de coupes. Souvent, le bloc de traitement correspond à un triage.

Appréciation.

La méthode française qui distingue la section et la série paraît préférable; la division en sections oblige, en effet, à étudier et à résoudre, à part, l'importante question du choix du traitement, dont on n'a plus, dès lors, à s'occuper pour la constitution

des séries.

L'affectation d'une série entière à un même triage peut avoir de bons résultats avec des gardes intelligents, aimant et connaissant bien leur métier.

III

Le bloc de traitement allemand peut très bien englober des parcelles plus ou moins étendues, plus ou moins disséminées, plus ou moins éloignées, alors que la série française doit, au moins en principe, être d'un seul tenant.

Appréciation.

La méthode allemande permet de mieux approprier les traitements aux exigences des divers peuplements, de mieux tenir compte des besoins culturaux et des circonstances; enfin, elle entraîne moins de sacrifices, En revanche, la méthode française est plus simple, plus claire. En définitive, il convient de se tenir dans un juste milieu. En fait, les dérogations apportées à la stricte observation de la méthode française tendent à ce juste milieu.

IV

En Allemagne, la parcelle n'est pas forcément, comme en France, du moins en principe, une partie de forêt homogène au point de vue des éléments de production. En Allemagne, chaque canton ayant à peu près la même situation est divisé en compartiments, et cela en utilisant d'abord les lignes naturelles du terrain, lignes de crête, de thalweg, de plus grande pente, cours d'eau... - lignes naturelles qui ont un rôle très prépondérant dans les forêts de montagne puis, les voies de vidange existantes ou projetées, voies de vidange qui prennent la principale importance dans les forêts de plaine, où elles sont ordinairement tracées suivant des lignes orientées du Nord au Sud ou du Nord-Ouest au Sud-Est et forment, avec

les lignes naturelles du terrain et, si besoin est, des layons ouverts dans ce but, des rectangles auxquels on donne une longueur environ double de la largeur.

Chaque compartiment (Abtheilung) peut donc comprendre des parties de forêt qui diffèrent non seulement par la composition des peuplements, mais aussi par la nature et la qualité du sol.

Appréciation. Le système allemand a l'avantage d'obliger les aménagistes à étudier et à proposer un bon réseau de voies de vidange; la méthode française permet d'obtenir mieux le rapport soutenu pour les coupes où la contenance intervient pour tout ou partie.

V

Dans tout aménagement allemand, la surface totale de la forêt est répartie non seulement suivant les classes d'âge que constituent les divers peuplements, mais encore suivant les classes de fertilité du sol dans les différentes parties que comprend la forêt, classes de fertilité dont le nombre est, ordinairement, de 5; de plus, on indique toujours la surface boisée et celle non boisée, en distinguant, pour cette dernière, les parties susceptibles d'être repeuplées et celles qui doivent être considérées comme impropres à la culture forestière. Appréciation. Théoriquement, la répartition des parcelles et fractions de parcelles entre différentes classes de fertilité du sol paraît bonne. Mais, pratiquement, elle est bien difficile à établir. De plus, cela complique le travail de l'aménagiste et l'aménagement lui-même.

VI

Dans les forêts allemandes traitées en futaie pleine, avec une révolution divisée en périodes égales, les surfaces à régénérer dans les différentes périodes (Periodenflächen), surfaces qui sont faites égales ou équivalentes comme productivité, peuvent comprendre des parcelles ou sous-parcelles plus ou moins éloignées les unes des autres. et même des parties plus ou moins petites de ces parcelles ou sousparcelles; l'affectation, telle que la comprennent les aménagistes français, n'existe pas en Allemagne.

Appréciation. Le système allemand permet de tenir mieux compte des conditions existantes, mais il est compliqué; de plus, comme, souvent, les subdivisions des parcelles et sous-parcelles, à régénérer dans les différentes périodes, ne sont pas délimitées sur le

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