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d'Imbert de Toulon, le général de Perrière, Brossard sont ici. Je n'ai vu personne que le prince de Condé, l'archevêque de Reims et l'évêque de Nancy. Bourrienne était ici avant moi, il est un peu singulier qu'il ne soit pas venu me voir; il était parti de Paris à minuit du dimanche au lundi. Anglès est aussi ici, à ce qu'on me dit.

Le sieur Azarete se rend à Ostende; je n'ai pu lui refaire une lettre pour vous. C'est un aventurier hardi, on peut en tirer parti, mais il bavarde beaucoup. Je crois qu'il part ce soir.

J'envoie M. Cannone, ancien valet de chambre de Sa Majesté, que l'évêque de Nancy m'a recommandé comme un homme très sûr, porter les sceaux et cette lettre. Je lui ai remis 200 francs; j'espère qu'il me rapportera bientôt les ordres du Roi et de ses nouvelles,

No 70.

Le baron Fagel au comte de Blacas.

Monsieur le comte,

A. B.

Gand, 17 avril 1815.

J'entrevois, par une lettre de Bruxelles reçue ce matin, que la pétition de l'imprimeur Houdin au Roi, mon maître, a été renvoyée à un rapport du conseil général de l'Intérieur. Celui-ci trouve des difficultés à la publication d'un Journal officiel, qui contiendrait des actes, etc., etc., qui ne seraient pas ceux du gouvernement du pays où il s'imprimera c'est là la seule objection qui s'oppose au projet dont Votre Excellence m'a fait l'honneur de me parler et je n'ai pas voulu tarder à lui en donner connaissance 1.

1. Cf. ci-dessus, lettres du comte d'Artois, 31 mars, n° 58, et du 11 avril, n° 63, et ci-dessous, t. II, correspondance de Stuart, no 21, 18 avril.

1

N° 71.

Gain de Montagnac 1 au comte de Blacas.

A. B.

Londres, 25 avril.

Monsieur le comte,

L'idée de ce journal (le Journal universel) est excellente et l'exécution l'est autant. Cette feuille sera d'un effet moral prodigieux. Ce qui faisait beaucoup de tort, c'était un long silence qui faisait dire à Paris et même ici que le Roi se constituait émigré. Il faut répondre à chaque décret de Bonaparte par une ordonnance. Il en percera toujours quelqu'une en France, et cela fortifiera le courage des royalistes et troublera les indifférents. J'insiste toujours ici sur la nécessité des diversions françaises même dans l'intérêt des alliés. Dans le nôtre, monsieur le comte, combien il est important qu'il en éclate! Il faut sauver l'honneur français....

No 72.

Wellington à Mgr Monsieur, frère du Roi.

Monseigneur,

A. B.

A Bruxelles, le 5 avril 1815.

Je suis bien fâché de faire savoir à Votre Altesse Royale que je n'ai pas de copie du traité dont je vous ai parlé 2.

1. Cf. ci-dessus, lettre du comte d'Artois, 31 mars, no 58.

2. Traité du 25 mars. Cf. ci-dessus, lettre du comte d'Artois, 5 avril, no 62.

Son sujet est de maintenir le traité de Paris et tous les intérêts qui en dépendent; et il est pointé particulièrement contre Bonaparte et son invasion de la France; et les parties contractantes s'engagent de maintenir chacune 150,000 hommes en activité pour les objets émis dans leur déclaration du 13 mars.

Toutes les puissances de l'Europe sont invitées à adhérer à ce traité; et le roi de France l'est par un article spécial.

Je compte que Sa Majesté aura reçu le traité ou demain, ou après-demain.

N° 73.

Sir Charles Stuart au comte de Blacas.

Monsieur le comte,

A. B.

Bruxelles, le 6 avril 1815.

Comme M. de Jaucourt m'a témoigné l'intention d'imprimer la copie d'une dépêche reçue du prince Talleyrand annonçant la signature d'une convention à Vienne sur les bases du traité de Chaumont, je crois très nécessaire de vous prévenir du désir de M. le duc de Wellington de suspendre une démarche dont il a lieu de craindre un effet préjudiciable aux intérêts du Roi 1. Je vous prie donc, Monsieur, de vouloir bien prendre les ordres ultérieurs de Sa Majesté après qu'Elle aura eu connaissance des communications dont Son Altesse Royale Monsieur a daigné se charger de la part du duc, afin que M. de

1. Cf. ci-dessus, lettre du comte d'Artois, n° 63, 11 avril, et les notes à cette pièce.

Jaucourt ne donne aucune suite aux intentions qu'il avait manifestées à ce sujet il y a deux jours.

Le duc de Wellington compte de m'accompagner demain à Gand pour faire ses hommages au Roi.

J'expédie la lettre de M. de Jaucourt à Vienne aujourd'hui.

N° 74.

Le comte de Blacas à Sir Charles Stuart 1.

A. B., minute.

Sans date.

Monsieur l'ambassadeur,

Ayant mis sous les yeux du Roi, mon maître, la pièce 2

1. Cf. ci-dessus, lettre du comte d'Artois, no 63, et les notes. t. II, correspondance de Stuart, no 37, 27 avril.

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2. La pièce est reproduite au Journal universel, no 7, 5 mai. La voici :

MEMORANDUM, 25 AVRIL 1815.

Il a été ordonné de ratifier le traité dont la substance a été donnée cidessus (traité du 25 mars), et il a été notifié de la part du Prince Régent aux hautes parties contractantes que telle était la volonté de Son Altesse Royale agissant pour et au nom de Sa Majesté, que lesdites ratifications soient échangées en due forme contre les actes semblables de la part des puissances respectives, sous une déclaration explicative de la teneur suivante, quant à l'article 8 dudit traité :

DÉCLARATION

Le soussigné, en échangeant les ratifications du traité du 25 mars dernier de la part de sa cour, en a reçu l'ordre de déclarer que l'article 8 dudit traité, par lequel Sa Majesté Très Chrétienne est invitée d'y accéder sous certaines stipulations, doit être entendu comme liant les parties contractantes sous des principes de sécurité mutuelle, à un commun effort contre la puissance de Napoléon Buonaparte, en exécution de l'article 3 dudit traité, mais qu'il ne doit pas être entendu comme obligeant Sa Majesté Britannique à poursuivre la guerre dans la vue d'imposer à la France aucun gouvernement particulier.

Quelle que soit la sollicitude du Prince Régent de voir Sa Majesté Très

dont vous avez bien voulu me faire la communication confidentielle et qui renferme, à l'occasion de l'échange des ratifications du traité conclu à Vienne le 25 mars, une déclaration interprétative sur les articles 4 et 8 dudit traité, je suis chargé par Sa Majesté de transmettre à Votre Excellence les observations suivantes, qui semblent solliciter quelques éclaircissements ultérieurs sur les intentions de Son Altesse Royale M. le Prince Régent du Royaume-Uni. Sa Majesté Très Chrétienne, en accédant, sur l'invita

Chrétienne rendue au trône, et quelque désir qu'il ait de contribuer conjointement avec ses alliés à un événement aussi heureux, il se croit néanmoins appelé à faire cette déclaration au moment de l'échange des ratifications, tant par considération de ce qui est dû aux intérêts de Sa Majesté Très Chrétienne en France, que conformément aux principes sur lesquels le gouvernement anglais a réglé invariablement sa conduite.

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Cf., même numéro du Journal universel, l'analyse de la discussion à laquelle donna lieu à la Chambre des Lords le message du gouvernement anglais signalé ci-dessus, p. 6, note 2. - Cf. également Journal universel, n° 15, 3 juin, l'analyse de la Séance du 25 mai aux Communes. Castlereagh annonce que l'Autriche a ratifié le traité du 25 mars et a communiqué la ratification en y joignant la note suivante :

« Le soussigné, ministre de Sa Majesté l'Empereur d'Autriche, ayant rendu compte à son maître de la note communiquée par lord Castlereagh, de la part du Prince Régent, sur l'article 8 du traité du 25 mars, a reçu ordre de déclarer que l'interprétation donnée à cet article par le gouvernement britannique est entièrement conforme aux principes sur lesquels Sa Majesté Impériale se propose de régler sa politique dans la présente guerre. L'Empereur, quoique irrévocablement déterminé à diriger tous ses efforts, ainsi qu'il y est tenu par le traité, de concert avec ses alliés, contre le pouvoir de Napoléon Buonaparte, est néanmoins convaincu que ses devoirs envers ses sujets et les principes mêmes de la confédération ne lui permettent pas de s'engager dans une guerre pour dicter aucune forme particulière de gouvernement aux Français. Quelque désir qu'ait l'Empereur de voir Sa Majesté Très Chrétienne sur le trône de France, et quel que soit son empressement à concourir avec ses alliés à l'accomplissement d'un objet si désirable, il croit devoir néanmoins accéder par cette déclaration à l'explication transmise par le gouvernement anglais à l'échange des ratifications, et le soussigné est en conséquence autorisé à l'accepter. >>

A la suite de cette lecture, lord Cavendish et lord Grey, au nom de l'opposition, protestèrent néanmoins contre la guerre qu'on allait faire à la France et la proclamèrent inique. Cf., sur toutes ces discussions dans les Chambres anglaises, Villemain, Souvenirs contemporains d'histoire et de littérature : les Cent-jours.

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