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comité d'organisation; elle lui a adjoint un certain nombre de personnes choisies parmi les nations étrangères plus particulièrement représentées au Congrès. Conformément à l'article 6 du règlement les différentes questions posées par le comité d'organisation ont été réparties entre la section d'enseignement supérieur et celle d'enseignement secondaire. La première section a choisi pour président M. Bufnoir, professeur à la Faculté de droit de Paris, et la seconde M. Morel, inspecteur général de l'enseignement secondaire. Chacune des questions examinées dans les sections a été l'objet d'un nouveau rapport spécial dont les conclusions ont été discutées dans trois assemblées générales, le jeudi 8, le vendredi 9 et le samedi 10 août. Le Congrès, à quelques nuances près, a généralement ratifié, dans ses séances plénières, les décisions arrêtées préalablement dans les sections. Nous croyons devoir en faire connaître sommairement la nature et l'objet.

La première question qui a été soumise au Congrès visait la méthode à suivre dans l'instruction. secondaire des jeunes filles pour l'enseignement des langues vivantes et pour l'enseignement des sciences. Cet ordre d'idées, du ressort de la pédagogie pure, a donné lieu à un échange d'observa

tions d'autant plus intéressantes que les dames étaient largement représentées dans la réunion. Nous avions le bonheur de posséder parmi nous miss Buss et miss Beale, directrices d'importants instituts de jeunes filles en Angleterre; Me Rosalie Sée, professeur à Wellesley College (ÉtatsUnis); Mme Griseri, directrice du lycée de jeunes filles Alexandre Manzoni, à Milan, un assez grand nombre de professeurs des lycées de jeunes filles de France et quelques Russes. A côté de ces dames siégeait M. Erkelens, directeur de l'école des filles de Cologne, dont la présence et les conseils nous ont été précieux à tous égards. Les rapports de Mmes Mourgues et Soult sur les décisions prises en section ont été très remarqués. En ce qui concerne les sciences, on peut les résumer ainsi :

1° Il est bon de donner aux jeunes filles des lycées des leçons d'algèbre pour relever le niveau de l'enseignement qu'elles reçoivent et parce que dans certains cas, notamment en arithmétique, l'algèbre constitue une simplification.

2o L'enseignement de la géométrie doit viser au développement de l'esprit le professeur y intéressera la majorité des élèves s'il en fait voir le plus tôt possible les applications.

3o La division de la cosmographie en deux

parties, l'une se rattachant à la géographie, l'autre expliquant l'apparence des phénomènes célestes, doit être maintenue.

4° L'enseignement des sciences physiques doit être avant tout expérimental.

Tout le monde est tombé facilement d'accord sur ces différents points.

Sur les langues vivantes, la discussion a été plus vive et plus animée. Finalement et à une grande majorité, le Congrès a adopté les résolutions suivantes :

L'enseignement pratique des langues vivantes doit commencer le plus tôt possible.

L'enseignement théorique doit être différé jusqu'à ce que les premières notions de grammaire dans la langue maternelle aient été acquises.

Une assez grande divergence d'opinions s'est manifestée sur le but principal à poursuivre dans l'étude des langues vivantes. A l'encontre de M. Rabier, qui attache beaucoup d'importance à la lecture en vue de l'éducation scientifique et littéraire, M. Bréal est d'avis que l'essentiel est de posséder assez bien une langue pour la parler, pour entrer en communication directe avec les peuples étrangers et pénétrer dans l'intimité de leurs mœurs, de leurs institutions, de leur civilisation.

M. Egger avait été chargé du rapport sur une autre question agitée dans la section d'enseignement secondaire, et relative aux diverses formes à donner à cet enseignement. Le Congrès a reconnu la nécessité d'établir trois types d'enseignement qu'il a baptisés des noms suivants : enseignement classique gréco-latin, humanités latines, enseignement secondaire moderne. On voit que le titre de classique a été exclusivement réservé à l'enseignement qui repose sur l'étude approfondie des anciennes langues. Mais en somme ces dénominations, à notre avis du moins, n'ont qu'une importance très relative. Ce qu'il faut remarquer, c'est que personne n'a songé à contester l'utilité et l'opportunité de créer, à côté de l'ancien enseignement classique, un enseignement moderne où les sciences et les langues vivantes tiendraient la place du grec et du latin.

Le rapport de M. Croiset tendait à accorder, dans cet ordre d'enseignement, une prédominance marquée aux lettres sur les sciences. M. Dietz a saisi cette occasion de soutenir, avec son talent habituel, sa thèse favorite. Pour lui, l'enseignement moderne doit être avant tout, et dans une très large mesure, littéraire. Ce qui distingue, à ses yeux, l'instruction secondaire de l'instruction

primaire, c'est qu'on associe une langue étrangère à la langue nationale, comme instrument d'analyse pour l'éducation de l'esprit. Nous avions toujours cru, quant à nous, que l'enseignement primaire était un minimum d'éducation nécessaire à tous; et que l'instruction secondaire était une éducation plus solide, plus complète, plus substantielle quels que fussent d'ailleurs les programmes suivis et les méthodes employées. M. Stanley, de Londres, qui a pris une part si brillante et si utile à toutes les délibérations du Congrès, a démontré, par des arguments aussi fins que judicieux, que l'enseignement secondaire moderne ne devait être ni exclusivement littéraire, ni exclusivement scientifique, mais tendre à un large développement et à une haute culture de l'esprit par un accord harmonieux des lettres et des sciences. Ce système, défendu avec esprit par M. Rosenfeld et avec une grande élévation de langage par M. Chappuis, recteur de l'Académie de Dijon, a été adopté à une très forte majorité.

La troisième question posée par le Comité d'organisation sous ce titre : limitation et sanction des études secondaires (baccalauréat et certificat de maturité), soulevait une série de solutions très délicates qui n'ont pas toutes été résolues par le Congrès. On a reconnu notamment qu'il est néces

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