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odieuse inscrite dans nos règlements et qu'il importe de faire disparaître au plus tôt. Au sein de la section d'abord, et de l'Assemblée générale ensuite, M. le Dr Laskowsky, dans un langage plein de force et d'élévation et empreint d'une chaleureuse sympathie pour notre pays, avait montré, par des arguments décisifs, qu'il est du plus haut intérêt pour la France de faciliter les études des étrangers chez elle et de ses nationaux à l'étranger. Les Français ne voyagent pas assez, a-t-il dit, ils ne se font pas assez voir; tous les étudiants français qui visiteraient les nations étrangères seraient autant d'apòtres des idées françaises, des intérêts français, de la civilisation française. On peut apprécier en ce moment les heureux résultats de la présence de tant d'étudiants étrangers à Paris, au point de vue de la fraternité des peuples.

Comme l'a fait remarquer M. Gréard, dans l'admirable discours par lequel il a résumé les discussions et les décisions du Congrès1, l'assemblée n'eût-elle émis que ce vote sur l'équivalence, il suffirait à marquer le caractère élevé et l'utilité de ces réunions internationales. Les représentants de tous les pays ont été d'accord pour abaisser toutes les

1. On trouvera le texte de ce discours à la suite du procès-verbal de la dernière Assemblée générale du Congrès.

barrières inutiles qui séparent les peuples dans leurs échanges intellectuels1.

Dans ce très rapide exposé, écrit en quelque sorte au pied levé, nous n'avons pu que consigner les décisions les plus importantes prises par le Congrès, et mentionner les noms de quelques-unes des personnalités les plus éminentes qui ont pris part à la discussion. Que de vues élevées et judicieuses ont été présentées (pour ne parler que de l'étranger) par MM. Harris et Clarke, délégués des États-Unis; M. Gavard, conseiller d'État à Genève ; M. Collard, de l'Université de Louvain; M. Spruyt, de l'Université d'Amsterdam; M. Van Hamel, de l'Université de Groningue; M. Geiser de Zurich; M. Hartaux de Namur; M. Hurdebise de Hasselt; M.Giner de los Rios et M. Ramon de Luna de Madrid, M. Storm de Christiania, M. Mustapha -Bey du Caire, MM. Basiadis et Philaretos d'Athènes, M. Widgery de Londres, et tant d'autres que nous omettons et dont on trouvera les idées et les propositions consignées dans les procès-verbaux de nos réunions!

Mais ce qu'il faudrait surtout décrire, c'est cette bonne entente, cette cordialité et, si je puis m'ex

1. La question de l'équivalence des grades a été de nouveau posée au Congrès de l'Enseignement supérieur, réuni à Lyon, en automne 1894.

primer ainsi, cette joie de se sentir ensemble et de se communiquer ses idées, tous ces sentiments sincères de fraternité qui laisseront dans les cœurs les souvenirs les plus durables. A aucun moment on n'a ressenti la lassitude ou l'ennui qui se manifeste quelquefois dans ces réunions. On n'a éprouvé qu'un regret, c'est de se quitter si vite. Avant de se séparer de nous, les représentants des divers pays ont tenu à exprimer au président du Congrès leur gratitude et leurs sentiments de respect et d'admiration. M. Gréard a pu voir de quelle considération son œuvre et sa personne jouissent à l'étranger et chez tous les peuples, et comme on y apprécie la grande valeur littéraire en même temps que la haute portée pédagogique de ses magnifiques travaux sur l'enseignement et l'éducation à tous les degrés. Ajoutons que plusieurs amis de la France, qui ont pris la parole, notamment au nom de la Suisse, de l'Angleterre, de la Grèce, de l'Italie, après avoir remercié le président, les membres du bureau, les dames qui assistaient en nombre au Congrès et y jetaient un si charmant attrait, ont tenu à faire remonter plus haut et au delà (pour me servir de leurs propres expressions) leur sympathie et leurs vœux; ils ont témoigné leur reconnaissance pour la large et affectueuse hospitalité qu'ils avaient reçue sur

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notre sol et dans notre capitale. Un Français est toujours heureux d'entendre dire du bien de la France, mais ce qui donnait un prix particulier à ces sentiments, c'est la sincérité de ceux qui les exprimaient en leur propre nom ou au nom de leur pays. A nous de mettre une main amie dans celle qui nous est tendue, de resserrer les liens de fraternité qui nous unissent aux divers peuples, et comme le désir en a été affirmé maintes fois au sein du Congrès, de provoquer à nouveau, dans un délai prochain, une de ces réunions internationales, où l'on échange tant d'idées, où l'on se communique tant de faits, où l'on prend des décisions si utiles pour tous, où l'on noue des relations si profitables et si attrayantes pour chacun, et qui, en rapprochant les individus, contribuent si puissamment à rapprocher les peuples dans une même aspiration vers le progrès, et dans une conception chaque jour plus nette et plus éclairée des intérêts et des besoins si nombreux qui sont communs à toutes les nations civilisées1.

1. Les travaux du Congrès ont été réunis en volume avec une introduction du Président du Congrès, M. Gréard: Chamerot édit. 1890, un vol. in-8°, 246 pages.

LES

FÊTES UNIVERSITAIRES

DE LAUSANNE'

Comment la vieille Académie de Lausanne sortelle de sa chrysalide pour se transformer, brillante et rajeunie, en une Université? Comment le canton de Vaud a-t-il pu, grâce à un legs généreux, princier, trouver les ressources nécessaires pour ce grand œuvre? Comment cette réforme de l'enseignement supérieur coïncide-t-elle avec d'autres modifications non moins importantes opérées dans les autres ordres d'enseignement? Questions d'un haut intérêt auxquelles répondent, en partie, les discours que nous reproduisons plus loin et qui feront ici même l'objet d'une étude approfondie. Nous nous bornerons aujourd'hui à retracer, dans une rapide esquisse, la physionomie pittoresque de ces fêtes auxquelles le rédacteur en chef de la 1. Revue internationale de l'Enseignement, numéro du 15 juin 1891.

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