Page images
PDF
EPUB

de l'Enseignement supérieur, présenté à la séance du 15 mars 1879, dans les termes suivants : « Nul n'est admis à diriger un établissement d'enseignement public ou privé de quelque ordre qu'il soit, s'il appartient à une congrégation non autorisée. » Nous ne nous étions pas aperçus que ce texte avait été précisément noté par nous comme inexact dans la brochure du Père Félix : L'Article 7 devant la raison et le bon Sens (Librairie catholique, 1880).

Le texte original que nous avons reproduit, dans le tirage à part de notre étude, doit être rétabli ainsi : « Nul n'est admis à participer à l'enseignement public ou libre, ni à diriger un établissement d'enseignement de quelque ordre que ce soit, s'il appartient à une congrégation religieuse non autorisée 1. »

La commission de la Chambre des députés, par l'organe de son rapporteur, M. Spuller, proposa cette rédaction, un peu différente de la première : « Nul n'est admis à diriger un établissement public ou privé, de quelque ordre qu'il soit, ni à y donner l'enseignement, s'il appartient à une congrégation religieuse non autorisée. »

C'est ce nouveau texte voté par la Chambre, et devenu la base de la discussion au Sénat, qui est reproduit à tort, selon nous, dans l'article « France » du Dictionnaire de pédagogie et aussi, ce qui s'explique mieux, par Ed. Laboulaye, dans sa brochure sur la Liberté d'enseignement.

don

M. Francisque Bouillier commet une autre erreur. A la rédaction primitive, il ajoute ces mots : « ou à y ner l'enseignement » empruntés au rapport, sans s'apercevoir que dans le texte remanié par la commission de la Chambre, on a supprimé le commencement du texte origi

1. Projet de loi relatif à la liberté de l'enseignement supérieur présenté au nom de M. Jules Grévy, président de la République française, par M. Jules Ferry, ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts (séance du 15 mars 1879).

nal «< Nul n'est admis à participer à l'enseignement public ou libre 1. >>

En somme, le texte vraiment historique de l'article 7 est celui de la distribution parlementaire du 15 mars 1879, et cependant il n'est cité exactement dans aucun des ouvrages qui seront consultés plus tard par les historiens.

1. L'Université sous M. Ferry (page 80).

PETITS PROBLÈMES

DE

BIBLIOGRAPHIE PÉDAGOGIQUE

C'est une question de méthode que je veux traiter. Il s'agit des règles d'interprétation et des procédés d'examen à appliquer à ces ouvrages trop nombreux dont la paternité est douteuse ou contestée. Simple (et bien petit) amateur de livres, j'ai été souvent frappé des méprises dans lesquelles tombent à leur endroit les bibliographes de profession. Le malheur est que des critiques, des historiens, d'une compétence et d'une sagacité très supérieure à celle de ces érudits, acceptent souvent de confiance leurs erreurs et les accréditent comme des vérités. J'en citerai aujourd'hui trois exemples que j'ai choisis parmi ceux qui rentrent dans le cadre d'études de cette Revue et dont l'intérêt, je pense, n'échappera à aucun de ceux qui s'occupent des

[merged small][ocr errors][merged small][merged small]

choses de l'enseignement. Pour peu qu'on attache à certains noms une autorité littéraire ou philosophique, il n'est pas indifférent de savoir si Talleyrand est bien l'auteur du Rapport sur l'Instruction publique; si le Travail sur l'éducation, publié par Cabanis, après la mort de Mirabeau, est l'œuvre du grand orateur; si le volume anonyme paru en 1763 sous ce titre: De l'Éducation publique, doit, ou non, être attribué à Diderot. J'insisterai plus particulièrement sur ce dernier ouvrage, qui offre le cas le plus curieux dans l'ordre d'idées où je me place; mais je dirai auparavant quelques mots des deux premiers.

I

Le Rapport sur l'Instruction publique, présenté à la Constituante au nom du Comité de constitution, est une œuvre considérable et qui, bien qu'un peu longue et trop métaphysique en certaines parties, a fait justement honneur, par sa magistrale ordonnance, ses vues profondes, à ceux qui l'ont conçu et à celui qui l'a rédigé. Le rapporteur officiel était Talleyrand dont la capacité ne fut jamais au-dessous d'un tel travail. Penseur, il l'était, on peut le

croire, et il écrivait admirablement. Entre toutes les pièces qu'il a signées, les plus authentiques sont incontestablement les meilleures. Néanmoins ses ennemis, et ils sont nombreux, et quelques-uns plus méchants peut-être, plus rancuniers, plus perfides qu'il n'était lui-même, lui ont disputé le mérite de la plupart des travaux qui avaient fondé sa réputation. Tout ce qui est sorti de sa plume notamment serait l'œuvre de ses secrétaires. C'est ainsi que le véritable auteur du rapport sur l'Instruction publique se trouverait être Desrenaudes, ancien vicaire de l'évêque d'Autun, et plus tard conseiller de l'Université. Cette opinion, qui à la longue devait acquérir une certaine consistance, n'avait pas (chose à noter) pris naissance au moment de la publication du Rapport; ce n'est que plus tard et même en des termes dont la précision laisse à désirer, qu'elle est présentée en 1818 dans le livre ou plutôt le pamphlet en 3 volumes de Fabry, Le génie de la Révolution considérée dans l'éducation: « On assure que l'auteur (de ce Rapport) est M. Desrenaudes. Nous ignorons si cette opinion est fondée, mais nous souhaiterions d'avoir quelque motif de ne pouvoir attribuer cette pièce à l'homme d'État qui lui prêta l'autorité de son nom. » Fabry remarque d'ailleurs que Talleyrand a revendiqué cet ou

« PreviousContinue »