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LA

BANQUE NATIONALE

DE BELGIQUE

LES THÉORIES & LES FAITS

par

Ernest VAN ELEWYCK

PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE DE COMMERCE DE BRUXELLES
ANCIEN PRÉSIDENT DU TRIBUNAL DE COMMERCE

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CHAPITRE XI

Comptes courants, Dépôts et Chambre de Compensation

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Nous avons passé en revue les ressources dont dispose la Banque Nationale capital, réserve, émission, encaisse. — Elle doit son capital et sa réserve à ses actionnaires, son émission de billets à son crédit et son encaisse métallique à ses comptes courants. Ce sont les comptes courants que nous allons étudier, avec leur cortège de chèques et de virements. Les paiements en banque par jeux d'écritures ne sont pas d'invention récente, et l'on peut s'étonner qu'ils n'aient pas pris dans tous les pays organisés la place qu'ils ont conquise en Angleterre. Mais cette méthode, si économique et si expéditive, ne peut s'exercer que si les banques détiennent en dépôt les disponibilités de leurs clients, et son importance dépend de l'extension donnée à la pratique des comptes courants dans le monde commercial. C'est par l'intermédiaire du chèque que s'effectuent surtout les virements. Le chèque ne doit être ni monnaie, ni billet, mais un ordre de payer par voie de transfert de créance d'un compte à un autre. Il ne faut pas qu'il soit un billet-monnaie valorisé par la signature d'un tireur, qui circule avec la force libératoire d'un billet de banque, mais un initiateur de virements en compte courant; il ne peut être que cela lorsque sa réglementation est parfaite, et que les mœurs se sont pliées au caractère spécial de cet instrument de liquidation (1). Mais comme le chèque suppose un dépôt préalable, que ce dépôt ait été versé ou qu'il représente l'abandon des soldes créditeurs des particuliers, il résulte de ⚫ l'effort spontané et continu du public › qui alimente les comptes courants (2), car les dépôts dépendent de la confiance. Le ban

(1) Le change et la liberté d'émission, par Juglar, p. 228.

(2) Lombard Street, par Bagehot, p. 87.

quier, en cette occurrence, ne peut avoir une initiative bien efficace, tandis qu'avec les billets de banque, c'est le banquier qui en fait l'émission, sans que le public intervienne autrement que pour lui faire crédit. Placer des promesses de payer, comme les billets, est chose plus aisée que d'obtenir des dépôts; les dépôts, en règle générale, ne précèdent pas les billets, ils les suivent (1). La distinction entre le billet de banque et le chèque est donc bien tranchée; en raison même du consentement universel, le billet de banque, faisant office de monnaie, circule plus rapidement que le chèque, dont la lenteur de circulation rappelle la lourde démarche des lettres de change. Juglar a remarqué que les oscillations des virements, et par conséquent des chèques qui les commandent, ne paraissent pas obéir, dans tous les cas, aux mêmes influences que les espèces et les billets, parce qu'ils servent, en grande partie, à la compensation des opérations de Bourse et varient avec l'activité des affaires et l'émission des emprunts ou des nouvelles valeurs (2). Leur supériorité sur les billets, à ce point de vue, est évidente, et Juglar a pu dire avec raison que les virements jouent, même dans les mouvements de caisse, le plus grand rôle, plus grand que celui des espèces, plus grand même que celui des billets.

En Allemagne, où le crédit professionnel est organisé de telle sorte que l'escompte intérieur s'est en partie affranchi des fluctuations du marché national, l'expérience a démontré que, même au point de vue du recrutement des ressources, le service des chèques apporte de l'argent (3). Il en est de même dans l'organisation du chèque postal qui n'a rien de commun avec le mouvement international, du moins en ce qui concerne les règlements intérieurs. En règle générale, les chèques suppléent aux espèces et aux billets, auxquels des espèces doivent servir de couverture. Comme les billets, ils représentent du crédit qui circule, plus lentement, mais d'un mouvement continu. Lorsque les dépôts et comptes courants augmentent, on voit se développer aussi la circulation des effets de commerce, mais en même temps la réserve métallique s'amoindrit (4). Comme l'accroissement du portefeuille correspond à l'accroissement des billets, l'extension

(1) Lombard Street, par BAGEROT, p. 87.

(2) Le change et la liberté d'émission, par JUGLAR, p. 254.

(3) La Banque de France et l'escompte, par PAUL LOUBET, p. 31. (4) Id., id., pp. 61-62.

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