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La digestion, l'hématose se trouvent activées. Londe (1) se plaît à citer ce passage d'Oribaze : « Cet exercice, mieux que tous les autres, fortifie le corps et l'estomac, nettoie les organes des sens et en aiguise l'activité. » Il cite de même l'opinion de Sydenham, qui regarde l'équitation constante et assidue comme le meilleur remède à opposer à la goutte et aux maladies chroniques.

On comprend que les secousses communiquées à l'économie par l'équitation peuvent varier, suivant les allures et le mode de monter à cheval, depuis l'action d'ébranlements légers jusqu'à celle des chocs violents. Il faudra donc distinguer, selon les nécessités.

Indépendamment de ces secousses, les muscles ont à produire un travail particulier. Les muscles des jambes, de la partie interne des cuisses, de la partie postérieure du tronc sont tenus dans un état de contraction qui souvent amène la fatigue. On attribue à l'abus de cet exercice la constipation, les hernies, les douleurs lombaires chroniques, la perte prématurée de la faculté génératrice, et chez les femmes les déviations de l'utérus.

Les exercices suivants réclament l'application des facultés rhythmiques de l'oreille.

La danse. -Elle réunit aux avantages de la marche rhythmée la gymnastique successive des membres pelviens et thoraciques et les diverses flexions du tronc, ainsi que celles des pieds et des avant-bras.

Au moyen de la musique qui l'accompagne toujours, elle peut être portée, par une sorte d'entraînement qui domine la volonté, jusqu'à la limite des forces et produire un exercice général et d'une grande puissance. C'est à ce titre surtout qu'elle convient aux personnes habituellement sédentaires,

(1) Londe, Ouvrage cité, p. 194; Oribaze, Medicinæ collectanea, liv. VI, chap. XXIV.

aux femmes qui restent longtemps soustraites à toute espèce d'exercice même modéré, aux personnes qui sont douées d'une exubérance de forces. Dans ces cas divers, la danse impose, par l'effet de la musique et par l'attrait du plaisir, un exercice violent qui active toutes les fonctions, au point de produire souvent en transpiration et en force musculaire des pertes nécessaires à la santé, et que, sans le charme qu'on y trouve, on aurait refusé d'accepter. Ce sont là les conditions qui doivent en motiver l'usage. Aussi, dans tous les pays, ce sont les jeunes générations des deux sexes qui s'y livrent périodiquement. Aux jeunes garçons surtout les gymnases et les exercices du portique, aux jeunes filles les salles de danse. Il est évident que ces salles doivent être soumises aux mesures hygiéniques que réclament les lieux susceptibles d'être encombrés; surtout sous le rapport de la ventilation, du chauffage, de l'éclairage; l'hygiène des vêtements doit être rigoureusement observée.

La lecture à haute voix, la déclamation, le chant, la musique sont des exercices spéciaux à l'organe de la voix et à celui de l'audition. Ils provoquent en outre les effets moraux que nous avons caractérisés du nom de sentiments.

Mais le premier effet produit, c'est la gymnastique des organes vocaux. Les muscles du larynx pour produire les sons, ceux de la bouche pour les articuler, ceux de la face pour ajouter l'expression sont primitivement exercés. A cela ne se borne pas l'effet puissant de cet exercice. Comme les vésicules pulmonaires agissent de la même façon qu'un réservoir d'air et un soufflet d'orgue, tous les organes de la poitrine: poumons, muscles thoraciques, intercostaux, diaphragme sont secondairement mis en activité. La respiration est modifiée et surexcitée; en outre, le cœur et ses gros vaisseaux réagissent sur la circulation. Voici pourquoi dans toutes les maladies de cet organe, aussi bien que dans toutes

les phlegmasies chroniques du poumon et de ses annexes, les efforts de voix sont à redouter.

A part donc l'état réellement maladif des organes contenus dans la poitrine, les exercices de la voix auront sur leur développement, sur leur harmonie, et par suite sur toute l'économie, l'influence la plus salutaire. La respiration plus fréquente, plus complète, mieux assouplie, réagira sur l'hématose; les constitutions lymphatiques, même scrofuleuses, tant que le tubercule n'aura pas envahi les poumons, pourront y trouver un stimulant hygiénique très-favorable. L'excitation portée sur l'estomac par l'afflux régulier de la salive et par les mouvements du diaphragme conviendra surtout aux tempéraments nerveux et aux professions sédentaires, chez lesquels, en général, les voies digestives sont paresseuses. Plusieurs savants, d'abord faibles de corps et étiolés par le travail, ont trouvé, dans les devoirs du professorat, un exercice qui a développé leurs organes et leur robusticité. Cet exercice produit de même d'excellents effets sur de jeunes enfants habitués de bonne heure à chanter en chœur. La lecture à haute voix, la déclamation, sont des exercices à recommander pour beaucoup d'enfants, de femmes, d'oisifs, de gens sédentaires, qui pourront y puiser à la fois la santé, la distraction et l'expressionnabilité. Il faut dans ces exercices que le larynx et le cou soient débarrassés de liens et d'entraves; il faut que les muscles thoraciques soient parfois soutenus et soulagés, par l'action synergique des muscles du bras; ce qui réalise des gestes modérés et concordants. Il faut que la parole s'échappe avec le degré de rapidité qui convient à l'organisation individuelle, pour ne pas amener trop tôt la fatigue. Il faut éviter les longues périodes qui épuisent la capacité du poumon, et les éclats de voix qui en fatiguent la résistance. Il faut cesser l'exercice quand la fatigue des muscles, l'anhélation, la sécheresse du pharynx, l'enrouement en donnent le conseil.

Après cet exercice, il faut prendre du repos et se garantir des refroidissements, comme après tous les exercices d'une certaine violence.

Dans tous les exercices de la voix qui ont un rhythme et une tonalité, les facultés de l'oreille, qui résident surtout dans les organes de Corti que nous avons décrits (tome ler, page 100), sont mises en activité. La production des sentiments en est la conséquence immédiate. A ce titre, les chants et la musique exercent une influence de premier ordre sur le caractère et sur le moral des nations. Bien que les chants guerriers aient souvent stimulé le courage militaire, la musique en général exerce sur l'homme une influence bienfaisante et civilisatrice. Il y trouve des sensations morales qui remplacent heureusement le besoin de sensations que l'on cherche à se procurer par l'usage de boissons enivrantes; il y trouve la peinture animée des douces passions qui l'attachent à l'existence. Il est d'observation qu'il supporte alors ses maux avec plus de courage, et qu'il se laisse plus facilement apprivoiser aux bienfaits de l'éducation et de la sociabilité.

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Les jeux divers. L'exercice musculaire se pratique souvent au moyen de certains instruments qui lui donnent de l'attrait, et qui exercent en même temps l'organe de la vue qui les dirige.

L'escrime, qui est l'un des moyens les plus violents de mettre en action le système musculaire et toutes les fonctions qui en dépendent, exerce d'une manière trop spéciale l'un des côtés du corps. La justesse et l'accommodation de l'œil sont en outre puissamment exercées.

Le canotage, qui réalise les bienfaits d'une promenade le long des fleuves, ou sur le bord de la mer, exerce trop spécialement la partie supérieure du corps.

La paume, les boules, le volant, sont des exercices parfaits, en ce qu'ils exercent les muscles et les sens au

sein d'une atmosphère pure: ils conviennent à la jeunesse. Le billard présente les inconvénients qui peuvent résulter de l'air confiné des salles où l'on pratique ce jeu; mais, par la modération des efforts musculaires qu'il exige, il convient surtout à l'âge mûr et à la vieillesse ; il convient de même aux femmes.

La chasse enfin réunit tous les avantages de la vie active passée en plein air. Elle sera favorable aux gens de lettres ou à ceux qui, après une vie active, se trouvent voués à l'oisiveté et à un repos prématuré.

Il est difficile de mesurer exactement l'influence que la nature de ces divers exercices peut avoir sur la respiration et sur les fonctions qui en dépendent. Comme données générales, P. Montegazza (1) a donné le tableau suivant:

Si l'on prend pour unité l'activité respiratoire d'un adulte en repos dans la position horizontale, on peut représenter comme il suit l'activité respiratoire dans les différents exercices.

Pendant la lecture à haute voix ou pendant le

1,26

chant..........
Pendant la promenade, vitesse d'un mille à l'heure. 1,90
Pendant l'équitation au pas du cheval........... 2,20
En voyageant à la vitesse de deux milles à l'heure.
Pendant l'équitation au galop.......

2,76

3,16

En ramant......

3,33

En nageant......

4,33

En marchant trois milles à l'heure, avec un far-
deau de 53 kilogrammes......

4,75

En courant avec une vitesse de sept milles à
l'heure.....

.... 7

Climats. Dans les climats infectieux, toutes les conditions qui épuisent l'économie ou en dépriment les forces déterminent l'absorption des miasmes, c'est dire que les exercices

(1) P. Montegazza, Elementi d'Igiene, p. 258.

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