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que

désirent conquérir les libéraux. Mais s'ils n'en veulent qu'aux choses, pourquoi parler du mot? Contentez-vous d'examiner si les choses sont justes, raisonnables, nécessaires, telles qu'aucun gouvernement ne puisse légitimement les refuser, telles par conséquent que la monarchie soit obligée de les admettre. Car enfin vous ne voulez pas sans doute que les intérêts de l'humanité soient sacrifiés à une forme de gouvernement; et si nous devons désirer que la monarchie s'affermisse, c'est bien apparemment parce qu'elle est favorable aux véritables intérêts du public. Contentez-vous donc, encore une fois, d'examiner si ce sont des choses justes ou iniques, utiles ou pernicieuses que démandent les libéraux ; car c'est de justice et d'utilité qu'il s'agit, et non de monarchie ou dé république.

Ce que les libéraux réclament ce ne sont pas des faveurs et des grâces, qui ne s'accordent qu'aux dépens du public. On ne les verra pas, comme les ultra-royalistes, comme tous les hommes coalisés pour des intérêts privés, se plaindre sans cesse de ne pas recevoir assez de places, assez d'honneurs, assez d'argent. Leurs demandes sont un peu plus morales et un peu plus désintéressées que cela. Ce sont des li

bertés et non du pouvoir qu'ils réclament. Le gouvernement aura fait assez pour eux quand les droits publics reconnus par la charte auront été pleinement garantis. Mais ils voudraient que ces droits fussent enfin mis hors d'atteinte, et ils désirent obtenir, à mesure que le public en sentira véritablement le besoin, les institutions nécessaires à cet objet. Ces institutions, on sait déjà quelles elles sont. Ce sont, en même temps que la représentation nationale, des assemblées communales et départementales, un jury, des gardes municipales, et enfin un mode d'élection à toutes ces choses tel qu'elles soient composées, autant que possible, d'hommes dont les intérêts soient analogues à ceux qu'il s'agit de défendre. Voilà ce que désirent les libéraux, et voilà ce que la loi des élections paraît devoir leur donner le moyen de conquérir, non pas tout à l'heure, ni dans l'espace d'une année, ni de deux, ni peut-être de dix; mais par la suite des temps, et à mesure que les électeurs mieux instruits du véritable objet de la représentation nationale, épureront la chambre des députés de ce qu'elle peut renfermer de gens ambitieux, et la composeront d'hommes dont le premier intérêt sera de donner de solides garanties à nos droits publics.

Si donc on voulait que ces droits n'existassent jamais qu'en spéculation, il n'y aurait pas à délibérer, il faudrait détruire la loi électorale ; car elle tend évidemment à faire de ces droits des vérités pratiques. Si l'on avait résolu de ne nous accorder jamais que des garanties illusoires, il faudrait détruire la loi des élections; car elle nous donnera certainement un jour des garanties positives. La loi des élections étant déjà par elle-même une garantie réelle, la réalité qui est dans cette garantie ne peut manquer de passer dans toutes les autres : elle se communiquera d'abord à la représentation nationale de là au jury, aux conseils municipaux, aux conseils généraux de département, et enfin à toutes les garanties qui ne sont encore que nominales. Dès lors il est évident que la loi des élections commence à nous faire sortir de l'em

et

pire des déceptions et des mensonges; nous avons posé le pied sur le terrein de la liberté; nous sommes certains de marcher vers elle, notre marche est d'autant plus propre à effrayer ses ennemis qu'elle est plus régulière, plus lente, plus paisible, et par conséquent plus assurée. Que tous les fauteurs de discorde et de despotisme se hâtent donc d'élever la voix ; jamais l'empire de l'arbitraire n'a été dans un

si grand péril. La loi des élections l'attaque par sa base; elle menace d'en renverser graduellement tous les appuis. Qu'ils ne cessent de réclamer contre cette institution fatale. Qu'ils terminent tous leurs discours en demandant qu'on détruise la loi des élections. Mais qu'en faisant cette demande ils ne perdent plus leur temps et leurs forces à en dissimuler les motifs. Qu'ils ne parlent pas de prévenir une révolution, quand leur effroi naît surtout de notre concorde. Qu'ils ne parlent pas de conserver la paix, quand leur plus grand chagrin est de voir qu'il n'y a de guerre ni à craindre, ni à espérer. Personne ne peut se tromper sur l'objet de leurs attaques contre la loi des élections. Il s'agit uniquement pour eux de détruire, à quelque prix que ce soit, une loi qui menace leur existence comme parti, comme mangeurs d'hommes; il s'agit, comme ils le disent, d'être ou de ne pas être to be or not to be, it is the question.

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PETIT COURS

DE JURISPRUDENCE LITTÉRAIRE,

OU

www

Répertoire de police correctionnelle, à l'usage

des

gens

de lettres, selon MM. Hua, Vati

mesnil, Marchangy, etc.;

Par JOUSELIN DE LA SALLE (1).

EN voyant amener successivement devant les tribunaux et traîner dans les prisons tous les écrivains, presque sans exception, qui se permettent de n'être pas du même avis que le ministère, on ne sait s'il faut se plaindre ou des

hommes que le gouvernement fait poursuivre, ou des magistrats par lesquels il les fait juger, ou des lois qu'il leur fait appliquer; mais il est

(1) Deux volumes in-8°. ; à Paris, chez Lhuillier, libraire, rue Serpente, no. 16. Prix du premier volume, 6 fr. 50 cent., et 7 fr. 50 cent. par la poste; prix de la première partie du second volume, 5 fr. 50 cent., et 6 fr. 75 cent. par la poste.

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