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Le roi affectait de tourner le complot en ridicule, et n'osant interrompre les poursuites, il se moquait du péril dont on prétendait le préserver (1) mais on s'obstina à vouloir prendre malgré lui ces soins intéressés de sa personne ; l'obstination fut telle, que le roi la redouta et crut qu'il était prudent de céder. Il abandonna à leur sort ses amis qu'on cherchait à perdre (2). On ne voulait plus, disait-on, avoir de société avec les assassins du roi, et les catholiques furent exclus des deux chambres. Le duc d'Yorck demanda une exception et ne l'obtint qu'à peine (3). Un bill d'accusation enveloppa la reine dans la liste des meurtriers de son mari, mais cette imputation singulière fut appuyée en vain par l'opposition; les lords du parti de la cour eurent le crédit de la repousser (4).

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ing the cities of London and Westminster with their » suburbs. » (Hume, chap. LXVII, pag. 517.)

(1) Idem.

(2) « I find there is like to be a great deal of blood»shed about this plot; and the times are so troublesome » and dangerous to me, that I durst not venture to par» don any that is condemned. » (Paroles de Charles. II.) Échard, III. partie, page 950.

(3) Hume, chap. LXVII.

(4) Idem:

Les patriotes, pendant ces manœuvrés qui ne se faisaient pas pour eux, ne détournaient point la vue du premier objet de leurs désirs, la liberté. Ils se hasardèrent à provoquer un acte qui pouvait sembler conforme à l'intérêt des maîtres opposans, mais qui, dans la réalité,

devait donner aux vaincus une défense contre les vainqueurs de tous les partis. Un bill fut dressé, portant que la milice serait sous les armes durant six mois de l'année, et que pendant ce temps, un tiers ferait le service toutes les nuits. (1)Le roi refusa sa sanction; sur-le-champ les communes votèrent le licenciement de toutes les forces sur pied, et votèrent en même temps les sommes nécessaires pour cette opération (2). mais, par une prétention nouvelle, elles voulurent avoir une garantie physique que l'argent ne serait pas dépensé en même temps que leur désir éludé. Elles voulurent que les sommes levées en vertu de leur vote fussent mises en dépôt, non pas à l'échiquier, mais à la chambre de la ville. Tous les lords, ceux de la cour ainsi que les opposans, virent dans cette clause une violation des priviléges des maîtres du pays, et

(1) Hume, chap. LXVII.

(2) Idem.

leur réunion fit tomber le bill proposé (1). Les sujets eurent alors une preuve de ce que valait pour eux la ligue où ils étaient engagés. L'opposition les déliait contre la cour, mais elle se gardait bien de leur permettre d'usurper des droits sur le pouvoir.

Cette même opposition provoqua et pressa dans les communes un bill d'accusation contre le ministre Danby (2). Elle en voulait surtout aux personnes; son ambition était également ennemie et de ceux qui prétendaient se maintenir et s'agrandir malgré elle, et de ceux qui aspiraient à diminuer les profits de l'héritage dont elle convoitait la possession exclusive. On produisit une lettre écrite par Danby sous la dictée du roi ; cette lettre, adressée à Louis XIV, sollicitait un secours d'argent pour l'exécution de projets concertés en commun (3). Le bill d'accusation fut dressé; c'était Charles II luimême qui était chargé sous le nom de son ministre. Il sentit dans quelle situation la poursuite de cette affaire allait le mettre; il la rompit en prononçant que le parlement eût à se dis

(1) Hume, chap. LXVII.

(2) Idem.

(3) Id., page 518..

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soudre. (1) Il espérait que le temps lui serait favorable, et que le défaut d'un champ de bataille déconcerterait la tactique des oppo

sans.

Ce parlement fut dissous le 30 décembre 1678. Choisi dans les premiers jours de la dernière occupation du pays, il avait été rempli de ceux que leur goût ou leurs espérances avaient enlevés à la vie civile, pour les enrôler dans les emplois et dans le gouvernement des maîtres. Le petit nombre de sujets patriotes nommés par les électeurs intrépides qui pensaient toujours, quel que fût le pouvoir, que leurs députés étaient pour eux et non pour lui, ce petit nombre de défenseurs du pays, abattu et accablé d'abord, n'avait pu se faire entendre, et la chambre des communes avait semblé une commission des gouvernans (2). Les patriotes s'étaient efforcés plus d'une fois de faire rendre le droit de siéger dans les communes à ceux dont il était la propriété, et de purger la chambre de ces hommes qui, vivant des impôts, avaient pour premier intérêt la grandeur et la multi

(1) Hume, chap. LXVII, pag. 518.

(2) Voyez, dans le tome VIII, la III. partie de cette Histoire.

plicité des taxes (1). Ils l'avaient tenté vainement jusqu'au jour où les projets de Charles II eurent divisé les maîtres et créé deux factions dans l'armée. Alors l'opposition reproduisit pour son compte les instances des patriotes; elle fit sortir de la chambre des communes ceux des hommes salariés qui figuraient dans le parti de la cour, et les sujets furent délivrés de la moitié du mal, contre lequel ils avaient en vain latté seuls. Mais les patriotes ne furent pas pour cela en plus grand nombre, et les aspirans aux places gouvernèrent les délibérations, comme l'avaient fait auparavant les titulaires (2).

Cette bizarre composition de la chambre des communes était sensible dans tous ses actes; rien de grand n'était proclamé ; des cris de haine contre des personnes remplaçaient les élans généreux vers l'affranchissement public. Aucun bill de liberté ne passait, mais il en sortait en foule pour des destitutions et des changemens d'employés. On n'entendait plus ces nobles demandes adressées franchement au pouvoir pour l'inviter à se restreindre, à céder à la force des choses, et à prévenir l'heure des

(1) Voyez la III. partie de cette Histoire.

(2) Idem.

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