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sur tout ce qu'il voulait dérober à la connaissance du public, fit que rien de positif ni d'exact ne transpira sur cet événement. Les gazettes étrangères seules en parlèrent. Il y fut rapporté et commenté de diverses manières, et toujours très-inexactement. On attribua à M. Laîné tout l'honneur de la résistance; et quoiqu'il ne passât pas parmi beaucoup de ses collègues pour le principal rédacteur de l'adresse, je n'ai point ouï dire qu'il eût fait réflé chir sur ses collaborateurs quelques rayons de la gloire dont on l'environnait.

Le Censeur Européen la distribue aux cinq membres de la commission; c'est un acte de justice, mais il n'est pas complet. Cela tient sans doute à une erreur. On ne la relèverait pas, si elle existait dans une de ces productions éphémères, qu'un même jour voit naître et mourir ; mais elle ne doit point se trouver dans un ouvrage fait pour prendre place dans toute bibliothéque bien choisie. Nous invitons donc les auteurs du Censeur Européen à la rectifier; et nous pensons qu'ils s'y prêteront d'autant plus volontiers, qu'elle vient de se reproduire d'une manière plus grave dans un ouvrage dont le mérite égale la célebrité, dans les Considé rations sur la révolution, pages 411 et 412.

On se demande comment madame de Staël, si bien instruite des faits principaux de la révolution, a pu ignorer celui-ci, et s'abandonner à l'idée qu'un corps aussi nombreux ne comptait que cinq Français dans son sein. Cette aberration est d'autant plus étonnante, que dans la page 412 elle rapporte textuellement quelques phrases du discours autant inconvenant qu'inconcevable tenu par l'empereur chancelant, non à une députation, mais au corps législatif entier ; et qu'en traitant de la première restauration, page 44 du troisième vol., elle dit, en parlant du corps législatif: Cette assemblée avait montré du caractère dans la dernière époque du règne de Bonaparte.

Quelle est donc la cause de cette divergence? Nous aimons à croire que, si madame de Staël n'eût pas été si rapidement enlevée à ses admirateurs et à ses amis, elle aurait su concilier la vérite qui guidait sa plume à la page 44 du troisième vol., avec le sentiment qui l'animait, en terminant la page 411 du deuxième vol.

Agréez, messieurs, l'assurance de ma parfaite considération.

POMPIERRE, ancien membre
du corps législatif.

1818.

Voici l'arrêté qu'on lit en tête de ce budjet : « Nous, conseiller d'état, préfet du département de la Seine,

» Vu l'article 44 de la loi du 15 mai 1818, qui ordonne que les budjets des villes dont les revenus excèdent cent mille francs..... seront annuellement rendus publics, en chacune desdites villes, par la voie de l'impression.....

» Avons arrêté et arrêtons ce qui suit :

>> Le budjet de la ville de Paris, pour l'exercice 1818..... et le compte des recettes et dépenses de l'exercice 1819..... seront imprimés en un seul cahier, au nombre de deux cents exemplaires, pour être distribués aux membres du conseil et aux diverses autorités et fonctionnaires que nous aurons désignés.

er

» Paris, 1o. août 1818.

» Signé CHABROL. »

N'est-ce pas là une singulière manière de donner aux budjets des villes dont les revenus excèdent cent mille francs, la publicité voulue par la dernière loi des finances? Un budjet n'a-t-il pas acquis une grande publicité, quand

un préfet l'a fait imprimer au nombre de deux cents exemplaires, et qu'il a pris la précaution d'ordonner qu'il ne fût distribué qu'à des fonctionnaires publics et à des fonctionnaires de son choix? Il nous semble que, publier ainsi, c'est dérober à la connaissance du public ce qu'on a l'air de vouloir lui faire connaître.

On voit, par le budjet de M. le préfet, que les dépenses de la ville de Paris se sont élevées, en 1818, à plus de trente-quatre millions, à une somme peu différente de celle à laquelle se montent annuellement toutes les dépenses du gouvernement général des vingt-deux états unis d'Amérique. Le taux de ces dépenses, et surtout la manière dont elles ont été rendues publiques, inspireraient le désir de les passer en revue; el nous regrettons de ne pouvoir nous occuper ici de ce travail. Peut-être y reviendrons-nous dans un autre volume. Pour le moment, nous nous bornons à dire un mot sur une chose qui nous paraît mériter d'être signalée.

En 1814, lors de la première occupation de la capitale, le conseil municipal de la ville de Paris avait emprunté, par forme de cotisation, aux propriétaires et habitans de la ville, une somme de cinq millions, destinée à pourvoir

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aux besoins des troupes étrangères. Aux termes de l'emprunt, cette somme devait être remboursée dans quatre ans, c'est-à-dire, l'année dernière : elle ne l'a point été. On avait spécialement affecté à ce remboursement les produits de l'octroi et ceux de la caisse de Poissy; ces fonds ont été employés à d'autres usages. On voit par les chapitres 6 et 29 du budjet, que la ville a dû recevoir du trésor, pour l'acquittement de cette dette, une somme d'environ quatre millions en valeurs de l'arriéré ; cette somme n'a point été à sa destination, et l'emprunt reste toujours à rembourser. Enfin, on lit dans un rapport de M. le préfet au conseil municipal, que les orages politiques ont tellement changé les circonstances depuis 1814, que l'opinion semble affranchir l'administration de la parole qu'elle a donnée de rembourser la cotisation municipale. Nous ne savons pas de quelle opinion entend parler M. -le préfet ; mais ce n'est certainement pas de l'opinion des contribuables. L'opinion des contribuables est que les circonstances peuvent faire faire banqueroute, mais qu'elles ne libèrent pas; et il leur est difficile de comprendre comment la ville est encore à se libérer, surtout quand elle a reçu du trésor les fonds nécessaires pour

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