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et l'on déclara coupable d'opposition au parlement quiconque ferait au roi des avances sur le produit des taxes à venir (1). L'opposition tenta de chasser du conseil du roi ses plus redoutables antagonistes; elle fit voter dans les communes que ceux qui avaient consenti au rejet du bill d'exclusion étaient ennemis du roi et des sujets, et que nul subside ne serait accordé avant la sanction de ce bill (2). Un plan d'association pour la sûreté de la personne du roi et le maintien de la religion protestante fut aussi présenté à l'assentiment royal (3); mais ce n'était qu'un effort des opposans pour se donner une organisation légale et avouée ; le roi se garda d'y consentir.

Il ne vit de remède à la fougue de ses adversaires que dans la dissolution du parlement. L'huissier, porteur de l'ordre, était à l'entrée de la salle lorsque l'opposition, par un dernier élan de courage, vota que celui qui avait proposé de dissoudre le présent parlement était traître au roi, ennemi des sujets, apostat à la religion, et serviteur de l'intérêt du roi de France; que le roi devait rappeler le duc de Monmouth, et le rétablir dans ses comman

(1) Hume, chap. LXVIII, page 54o. (2) Idem. (3) Id.

demens dont l'avait privé l'influence pernicieuse du duc d'Yorck (1). Cette dernière proposition était pour l'homme qu'elle désignait une sorte d'élection anticipée. Les factions nommaient leurs chefs, la guerre semblait près d'éclater.

1681. Le roi le vit, et il voulut tenter une dernière fois ces luttes d'intrigues et de paroles avant de recourir aux armes. Il convoqua un nouveau parlement. La ville de Londres renomma ses députés en votant des remercîmens pour leur conduite (2). Le roi craignit le voisinage de cette ville, le centre de tous les partis, et le séjour des citoyens les plus éclairés et les plus actifs pour la patrie; il désigna Oxford comme le lieu où le parlement devait s'assembler. Les opposans et les libéraux s'alarmèrent ; quinze lords avec le duc de Monmouth protestèrent contre l'ordre qui convoquait le parlement dans un lieu où les membres du bon parti (3) seraient sans défense sous l'épée des papistes, et de la garde du roi qui en était peuplée (4). Les nouveaux membres se rendi

(1) Hume, chap. LXVIII, page 540.

(2) Rapin Thoyras, tome IX, page 512 (Id., p. 541.) (3) The good and honest party.

(4) I'here the two houses, they said, would be easily

rent à Oxford, suivis de leurs partisans armés. On portait des rubans où étaient brodés ces mots: point de papisme, point d'esclavage (1)! Le parti de la cour voulut aussi montrer sa force. Charles II parut avec tous ses gardes et des détachemens de troupes (2).

A la séance d'ouverture, le roi parla d'un ton de maître. Il fit des reproches et des menaces (3); mais sa voix n'en imposa pas, et les mêmes votes sortirent des communes. On demanda le procès du ministre Danby, la poursuite des enquêtes pour le complot papiste, et l'exclusion formelle du duc d'Yorck et de tout papiste (4). Un des ministres proposa pour accommodement que le duc fût éloigné durant la vie de Charles II à cinq cents milles de l'Angleterre, et qu'à sa mort un régent fût nommé pour exercer les fonctions de roi dont le duc d'Yorck n'aurait le vain titre. Cette proque

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exposed to the swords of the papists and their adhe» rents, of whom too many had creeped into his ma

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jesty's guards. » (Hume, chap LXVIII, page 541. )

(1) No popery! no slavery! (Rapin Thoyras, t. IX, page 516. — Hume, chap. LXVIII, page 541, — Dalrymple, page 59.) (2) Idem, Idem.

(3) Hume, chap. LXVIII, page 641. (4) Idem.

position fut à peine écoutée (1). Les patriotes voulaient une diminution du pouvoir en même temps qu'un changement d'hommes; les opposans ne voulaient point composer avec leur ennemi.

Tout d'un coup la chambre des communes reçut un message du roi qui l'appelait à se rendre auprès des lords (2). Cet ordre imprévu surprit les membres, qui en comprirent la cause. Ils virent qu'ils allaient être dissous, et craignirent que cette mesure ne fût suivie d'une entreprise plus violente; ils tremblèrent pour leurs vies ; et pendant ce temps le roi, de son côté, tremblait aussi pour la sienne (3); c'était le motif de sa démarche. Chaque parti s'éloigna d'Oxford en même temps; et cette ville, un moment si tumultueuse, redevint bientôt déserte et tranquille (4).

L'opposition dispersée se ralliait péniblement. Le parti de la cour profita de sa terreur. Les catholiques du duc d'Yorck, les créatures de Charles II, les gens en faveur et dans les places, le haut clergé, déjà réunis ensemble, s'en

(1) Hume, ch. LXVIII, pag. 541.

(2) Idem, pag. 542.

(3) Idem. (4) Idem, page 543.

rôlèrent dans une confédération plus étroite (1). Les églises retentirent d'actions de grâces de ce que le roi avait échappé à la fureur du parlement; tous ses amis lui envoyèrent des adresses de dévouement et d'obéissance (2). On rappela des garnisons éloignées, et les troupes disponibles furent rassemblées (3). A l'appui de cette armée, le roi et ses ministres recrutèrent des bandes de délateurs, de suborneurs, d'espions, de faux témoins; ces hommes furent nourris à la cour et chargés de présens (4). Le parti royal allait dresser contre les opposans une machine de guerre judiciaire, pareille à celle que les opposans avaient fait manœuvrer contre lui. Selon le plan de bataille, les juges devaient entamer les rangs de la troupe ennemie, et ouvrir le chemin aux soldats.

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Alors tous ceux qui avaient vendu leurs mensonges à l'opposition dans le temps de ses succès, se mirent à la solde de ses ennemis contre elle. Ils aidèrent, par leurs dépositions, les juges

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(1) The court party gathered force from the dispersion and astonishment of their antagonists, and ad◄ hered more firmly to the king. (Idem.)

(2) Idem. (3) Idem.

(4) Hume, chap. LXVIII, pag. 544

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