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IVe BULLETIN.

Augsbourg, 19 vendém, an 14 (11 octobre).

Le combat de Wertingen a été suivi, à vingtquatre heures de distance, du combat de Günzbourg. Le maréchal Ney a fait marcher son corps d'armée; la division Loison sur Langenau, et la division Malher sur Günzbourg. L'ennemi, qui a voulu s'opposer à cette marche a été culbuté partout. C'est en vain que le prince Ferdinand est accouru en personne pour défendre Günzbourg: le général Malher l'a fait attaquer par le 59e régiment; le combat est devenu opiniâtre, corps à corps. Le colonel Lacuée a été tué à la tête de son régiment, qui, malgré la plus vigoureuse résistance, a emporté le pont de vive force; les pièces de canon qui le défendaient, ont été enlevées, et la belle position de Günzbourg est restée en notre pouvoir. Les trois attaques de l'ennemi sont devenues inutiles; il s'est retiré avec précipitation; la réserve du prince Murat arrivait à Burgau et coupait l'ennemi dans la nuit.

Les détails circonstanciés du combat, qui ne peuvent être donnés que sous quelques jours, feront connaître les officiers qui se sont distingués.

L'Empereur a passé toute la nuit du 17 au 18, et une partie de la journée du 18, entre les corps des maréchaux Ney et Lannes.

L'activité de l'armée française, l'étendue et la complication des combinaisons qui ont entièrement échappé à l'ennemi, le déconcertent au dernier point.

Les conscrits montrent autant de bravoure et de bonne volonté que les vieux soldats. Quand ils ont une fois été au feu, ils perdent le nom de conscrits ; aussi tous aspirent-ils à l'honneur du titre de soldats. Le temps continue à être très-mauvais depuis

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plusieurs jours. Il pleut encore beaucoup : l'armée® cependant est pleine de santé.

L'ennemi a perdu plus de 2500 hommes au combat de Günzbourg. Nous avons fait 1200 prisonniers et pris six pièces de canon. Nous avons eu 400 hommes tués ou blessés. Le général - major d'Aspre est au nombre des prisonniers.

L'Empereur est arrivé à Augsbourg le 18, à neuf heures du soir. La ville est occupée depuis deux jours.

La communication de l'armée ennemie est coupée à Augsbourg et Landsperg, et va l'être à Fuessen. Le prince Murat, avec les corps des maréchaux Ney et Lannes, se met à sa poursuite. Dix régimens ont été retirés de l'armée autrichienne d'Italie, et viennent en poste depuis le Tyrol. Plusieurs ont déjà été pris. Quelques corps russes, qui voyagent. aussi en poste s'avancent vers l'Inn; mais les avantages de notre position sont tels que nous pouvons faire face à tout,

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L'Empereur est logé à Augsbourg chez l'ancien électeur de Trèves, qui a traité avec magnificence la suite de Sa Majesté, pendant le temps que ses équipages ont mis à arriver.

Ve BULLETIN.

Augsbourg, le 20 vendém, an 14 ( 12 octobre).

LE maréchal Soult s'est porté avec son corps d'armée à Landsberg, et par-là a coupé une des grandes communications de l'ennemi. Il y est arrivé le 19 à quatre heures après midi, et y a rencontré le régiment de cuirassiers du prince Ferdinand, qui, avec six pièces de canon, se rendait à marches forcées à Ulm. Le maréchal Soult l'a fait charger par le 26e régiment de chasseurs ; il s'est trouvé déconcerté à

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un tel point, et le 26e de chasseurs était animé d'une telle ardeur, que les cuirassiers ont pris la fuite dans la charge, et ont laissé 120 soldats prisonniers 1 lieutenant-colonel 2 capitaines et 2 pièces de canon. Le maréchal Soult, qui avait pensé qu'ils continueraient leur route sur Memmingen avait envoyé plusieurs régimens pour les couper; mais ils s'étaient retirés dans les bois, où ils se sont ralliés pour se réfugier dans le Tyrol.

Vingt pièces de canon et les équipages de pontons de l'ennemi étaient passés dans la journée du 18 par Landsberg. Le maréchal Soult a mis à leur poursuite le général Sébastiani avec une brigade de dragons. On espère qu'il sera parvenu à les

atteindre.

Le 20, le maréchal Soult s'est dirigé sur Memmingen, où il arrivera le 21 à la pointe du jour.

Le maréchal Bernadotte a marché toute la journée du 19, et a porté son avant-garde jusqu'à deux lieues de Munich. Les bagages de plusieurs généraux autrichiens sont tombés au pouvoir de ses troupes legères. Il a fait une centaine de prisonniers de différens régimens.

Le maréchal Davoust s'est porté à Dachau. Son avant-garde est arrivée à Moisach. Les hussards de Blankenstein ont été mis en désordre par ses chasseurs, et dans différens engagemens, il a fait une soixantaine d'hommes à cheval prisonniers.

Le prince Murat, avec la réserve de cavalerie et les corps des maréchaux Ney et Lannes, s'est placé visà-vis de l'armée ennemie, dont la gauche occupe Ulm, et la droite Memmingen.

Le maréchal Ney est à cheval sur le Danube, visà-vis Ulm.

Le maréchal Lannes est à VVeissenhorn.

Le général Marmont se met en marche forcée pour prendre position sur la hauteur d'Illersheim et le maréchal Soult déborde de Memmingen la droite de l'ennemi.

La garde impériale est partie d'Augsbourg pour se rendre à Burgau, où l'Empereur sera probable

ment cette nuit.

Une affaire décisive va avoir lieu. L'armée autrichienne a presque toutes ses communications coupées. Elle se trouve à peu près dans la même position que l'armée de Mélas à Marengo.

L'Empereur était sur le pont du Lech, lorsque le corps d'armée du général Marmont a défilé. Il a fait former en cercle chaque régiment, leur a parlé de la situation de l'ennemi, de l'imminence d'une grande bataille, et de la confiance qu'il avait en eux. Cette harangue avait lieu pendant un temps affreux. Il tombait une neige abondante, et la troupe avait de la boue jusqu'aux genoux et éprouvait un froid assez vif; mais les paroles de l'Empereur étaient de flamme: en l'écoutant, le soldat oubliait ses fatigues et ses privations, et était impatient de voir arriver l'heure du combat.

Le maréchal Bernadotte est arrivé à Munich le 20 à six heures du matin ; il a fait 800 prisonniers, et s'est mis à la poursuite de l'ennemi. Le prince Ferdinand se trouvait à Munich. Il paraît que ce prince avait abandonné son armée de l'Iller.

Jamais plus d'événemens ne se décideront en moins de temps. Avant quinze jours, les destins de la campagne et des armées autrichiennes et russes seront fixés.

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Elchingen, le 23 vendém. an 14 (15 octobre).

Aux combats de Wertingen et de Günzbourg ont succédé des faits d'une aussi haute importance, les combats d'Albeck, d'Elchingen, les prises d'Ulm et de Memmingen.

Le maréchal Soult arriva le 21 devant Memmingen cerna sur-le-champ la place, et, après différens pourparlers, le commandant capitula.

Neuf bataillons, dont deux de grenadiers, faits prisonniers; un général-major, trois colonels, plusieurs officiers supérieurs, 10 pièces de canon beaucoup de bagages et beaucoup de munitions de toute espèce, ont été le résultat de cette affaire. Tous les prisonniers ont été au moment même dirigés sur le quartier-général.

Au même instant, le maréchal Soult s'est mis en marche pour Ochsenhausen, pour arriver sur Biberach et être en mesure de couper la seule retraite qui restait à l'archiduc Ferdinand.

D'un autre côté, le 19, l'ennemi fit une sortie du côté d'Ulm, et attaqua la division Dupont, qui occupait la position d'Albeck. Le combat fut des plus opiniâtres. Cernés par 25 mille hommes, ces six mille braves firent face à tout, et firent mille cinq cents prisonniers. Ces corps ne devaient s'étonner de rien: c'étaient les 9e légère, 32e, 69e et 76e de ligne.

Le 21, l'Empereur se porta de sa personne au camp devant Ulm, et ordonna l'investissement de l'armée ennemie. La première opération a été de s'emparer du pont et de la position d'Elchingen.

Le 22, à la pointe du jour, le maréchal Ney passa ce pont à la tête de la division Loison. L'ennemi lui disputait la possession d'Elchingen avec 16 mille hommes; il fut culbuté par-tout, perdit 3 mille hommes faits prisonniers, un généralmajor, et fut poursuivi jusque dans ses retranche

mens.

Le maréchal Lannes occupa les petites hauteurs qui dominent la plaine au-dessus du village de Pfoël. Les tirailleurs enlevèrent la tête du pont d'Ulm : le désordre fut extrême dans toute la place. Dans ce moment le prince Murat faisait manœuvrer les

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