Page images
PDF
EPUB

divisions Klein et Beaumont, qui par-tout mettaient en déroute la cavalerie ennemie.

Le 22, le général Marmont occupait les ponts de Unterkircher, d'Oberkirch, à l'embouchure de l'Iller dans le Danube, et toutes les communications de l'ennemi sur l'Iller.

Le 23, à la pointe du jour, l'Empereur se porta lui-même devant Ulm. Le corps du prince Murat, et ceux des maréchaux Lannes et Ney, se placèrent en bataille pour donner l'assaut, et forcer les retranchemens de l'ennemi.

Le général Marmont, avec la division de dragons à pied du général Baraguey d'Hilliers, bloquait la ville sur la rive droite du Danube.

La journée est affreuse; le soldat est dans la boue jusqu'aux genoux. Il y a huit jours que l'Empereur ne s'est débotté.

Le prince Ferdinand avait filé la nuit sur Biberach, en laissant douze bataillons dans la ville et sur les hauteurs d'Ulm, lesquels ont été tous pris avec une assez grande quantité de canons.

Le maréchal Soult a occupé Biberach le 23 au matin.

Le prince Murat se met à la poursuite de l'armée ennemie, qui est dans un délabrement effroyable. D'une armée de 80 mille hommes, il n'en reste que 25 mille, et on a lieu d'espérer que ces 25 mille ne nous échapperont pas.

Immédiatement après son entrée à Munich, le maréchal Bernadotte a poursuivi le corps du général Kienmayer, lui a pris des équipages et fait des pri

sonniers.

Le général Kienmayer a évacué le pays et repassé l'Inn. Ainsi la promesse de l'Empereur se trouve réalisée et l'ennemi est chassé de toute la

Bavière.

[ocr errors]

Depuis le commencement de la

campagne, nous avons fait plus de 20 mille prisonniers, enlevé à l'ennemi 30 pièces de canon et 20 drapeaux ; nous

'avons de notre côté, éprouvé peu de pertes. Si l'on joint à cela les désertions et les morts, on peut calculer que l'armée autrichienne est déjà réduite de

moitié.

Tant de dévouement de la part du soldat, tant de preuves touchantes d'amour qu'il donne à l'Empereur, et tant de si hauts faits, mériteront des détails plus circonstanciés. Ils seront donnés du moment que ces premières opérations de la campagne seront terminées, et que l'on saura définitivement comment les débris de l'armée autrichienne se tireront de Biberach, et la position qu'ils prendront.

Au combat d'Elchingen, qui est un des plus beaux faits militaires qu'on puisse citer, se sont distingués le 18e régiment de dragons et son colonel Lefevre, le colonel du 10e de chasseurs, Colbert, qui a eu un cheval tué sous lui, le colonel Lajonquières, du 76e, et un grand nombre d'autres

officiers.

L'Empereur a aujourd'hui son quartier-général dans l'abbaye d'Elchingen.

VIe BULLETIN.

Elchingen, le 26 vendém. an 14 ( 18 octobre ). ;

La journée d'Ulm a été une des plus belles journées de l'histoire de France. La capitulation de la place est ci-jointe, ainsi que l'état des régimens qui y sont enfermés. L'Empereur eût pu l'enlever d'assaut; mais vingt mille hommes, défendus par des ouvrages et par des fossés pleins d'eau eussent opposé de la résistance; et le vif desir de Sa Majesté était d'éparguer le sang. Le général Mack " général en chef de l'armée était dans la ville: c'est la destinée des généraux opposes à l'Empereur, d'être pris dans des places. On se souvient qu'après

[ocr errors]

les

les belles manœuvres de la Brenta, le vieux feldmaréchal Wurmser fut fait prisonnier dans Mantoue; Mélas le fut dans Alexandrie, Mack l'est dans Ulm.

L'armée autrichienne était une des plus belles qu'ait eues l'Autriche: elle se composait de quatorze régimens d'infanterie formant l'armée dite de Bavière, de treize régimens de l'armée du Tyrol, et de cinq régimens venus en poste d'Italie, faisant trente-deux régimens d'infanterie, et de quinze régimens de cavalerie.

L'Empereur avait placé l'armée du prince Ferdinand dans la même situation où il plaça celle de Mélas. Après avoir hésité long-temps, Mélas prit la noble résolution de passer sur le corps de l'armée française; ce qui donna lien à la bataille de Marengo. Mack a pris un autre parti. Ulm est l'aboutissant d'un grand nombre de routes: il a conçu le projet de faire échapper ses divisions par chacune de ces routes, et de les réunir en Tyrol et en Bohême. Les divisions Hohenzollernet Werneck ont débouché par Heydenheim. Une petite division a débouché par Memmingen. Mais l'Empereur, dès le 20, accourut d'Augsbourg devant Ulin, déconcerta sur-le-champ les projets de l'ennemi, et fit enlever le pont et la position d'Elckingen; ce qui

remédia à tout.

[ocr errors]

Le maréchal Soult, après avoir pris Memmingen, s'était mis à la poursuite des autres colonnes. Enfin, il ne restait plus au prince Ferdinand d'autre ressource que de se laisser enfermer dans Ulm, ou d'essayer, par des sentiers, de rejoindre la division de Hohenzollern: ce prince a pris ce dernier parti ; il s'est rendu à Aalen avec quatre escadrons: de cavalerie.

Cependant le prince Murat était à la poursuite du prince Ferdinand. La division VVerneck a voulu l'arrêter à Langenau ; illui a fait trois mille prisonniers, dont un officier-général, et lui a enlevé deux

2

drapeaux. Tandis qu'il manoeuvrait par sa droite à Heydenheim le maréchal Lannes marchait par Aalen et Nordlingen. La marche de la division ennemie était embarrassée par 500 chariots, et affaiblie par le combat de Langenau. A ce combat le prince Murat a été très-satisfait du général Klein. Le 20e régiment de dragons, le ge d'infanterie légère et les chasseurs de la garde impériale, se sont particulièrement distingués. L'aide-de-camp Brunet a montré beaucoup de bravoure.

Ce combat n'a point retardé la marche du prince Murat. Il s'est porté rapidement sur Neresheim; et le 25, à cinq heures du soir, il est arrivé devant cette position. La division de dragons du général Klein a chargé l'ennemi. Deux drapeaux, un officier- général et mille hommes ont été de nouveau pris au combat de Neresheim. Le prince Ferdinand et sept de ses généraux n'ont eu que le temps de monter à cheval. On a trouvé leur dîner servi. Depuis deux jours, ils n'ont aucun ils n'ont aucun point pour se reposer. Il paraît que le prince Ferdinand ne pourra se soustraire à l'armée française qu'en se déguisant, ou en s'enfuyant avec quelques escadrons par quelque route détournée d'Allemagne.

T

L'Empereur traversant une foule de prisonniers ennemis, un colonel autrichien témoignait son étonnement de voir l'Empereur des Français trempé couvert de boue, autant et plus fatigué que le dernier tambour de l'armée. Un de ses aides-de-camp lui ayant expliqué ce que disait l'officier autrichien, l'Empereur lui fit répondre : « Votre maître a voulu me faire ressouvenir que j'étais un soldat; j'espère qu'il conviendra que le trône et la pourpre impériale ne m'ont pas fait oublier mon premier

métier. >>

Le spectacle que l'armée offrait dans la journée du 23, était vraiment intéressant. Depuis deux jours la pluie tombait à seaux, tout le monde était trempé; le soldat n'avait point eu de distributions; il était

dans la boue jusqu'aux genoux; mais la vue de l'Empereur lui rendait la gaieté, et du moment qu'il apercevait des colonnes entières dans le même état, il faisait retentir le cri de vive l'Empereur !

On rapporte aussi que l'Empereur répondit aux officiers qui l'entouraient et qui admiraient comment, dans le moment le plus pénible, les soldats oublient toutes les privations et ne se montrent sensibles qu'au plaisir de le voir : « Ils ont raison car c'est pour épargner leur sang que je leur fais essuyer de si grandes fatigues. »

L'Empereur, lorsque l'armée occupait les hauteurs qui dominent Ulm, fit appeler le prince de Lichtenstein, général-major, enfermé dans cette place, pour lui faire connaître qu'il desirait qu'elle capitulât, lui disant que s'il la prenait d'assaut, il serait obligé de faire ce qu'il avait fait à Jaffa, où la garnison fut passée au fil de l'épée ; que c'était le triste droit de la guerre; qu'il voulait qu'on lui épargnât, et à la brave nation autrichienne, la nécessité d'un acte aussi effrayant; que la place n'était pas tenable; qu'elle devait donc se rendre. Le prince insistait pour que les officiers et soldats eussent la la faculté de retourner en Autriche. « Je l'accorde aux officiers, et non aux soldats, a répondu l'Empereur; car qui me garantira qu'on ne les fera point servir de nouveau? » Puis, après avoir hésité un moment, il ajouta: «Eh bien, je me fie à la parole du prince Ferdinand. S'il est dans la place je veux lui donner une preuve de mon estime, et je lui accorde ce que vous ne demandez, espérant que la cour de Vienne ne démentira pas la parole d'un de ses princes. » Sur ce que M. de Lichtenstein assura que le prince Ferdinand n'était point dans la place: «Alors je ne vois pas, dit l'Empereur, qui peut me garantir que les soldats que je vous renverrai ne ser

viront pas. >>

Une brigade de 4,000 hommes occupe une porte de la ville d'Ulm.

« PreviousContinue »