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» Vous serez fidèles à la mémoire de vos ancêtres » qui, quelquefois opprimés, ne furent jamais abat»tus, et conservèrent toujours cette indépendance, » cette existence politique qui sont les premiers biens » des nations, comme la fidélité à la maison pala» tine est le premier de vos devoirs.

» En bon allié de votre souverain, j'ai été touché » des marques d'amour que vous lui avez données » dans cette circonstance importante. Je connais » votre bravoure ; je me flatte qu'après la première » bataille, je pourrai dire à votre prince et à mon » peuple, que vous êtes dignes de combattre dans les » rangs de la grande-armée. »

IIe BULLETIN.

Du 16 vendémiaire (8 octobre 1805).

LES événemens se pressent avec la plus grande rapidité. Le 14, la seconde division du corps d'armée du maréchal Soult, que commande le général Vandamme, a forcé de marche, ne s'est arrêtée à Nordlingen que deux heures, est arrivée à huit heures du soir à Donawerth, et s'est emparée du pont que défendait le régiment de Colloredo. Il y a eu quelques hommes tués et des prisonniers.

Le 15, à la pointe du jour, le prince Murat est arrivé avec ses dragons; le pont a été à l'heure même raccommodé, et le prince Murat, avec la division de dragons que commande le général Watter, s'est porté sur le Lech, a fait passer le colonel Watier à la tête de 200 dragous du 4e régiment, qui, après une charge très-brillante, s'est emparé ẫu pont du Lech, et a culbuté l'ennemi qui était du double de sa force. Le même jour, le prince Murat a couché à Rain.

Le 16, le maréchal Soult est parti avec les deux

divisions Vandamme et Legrand, pour se porter sur Augsbourg, dans le même temps que le général Saint-Hilaire, avec sa division, s'y portait par la rive gauche.

Le 16, à la pointe du jour, le prince Murat, à la tête des divisions de dragons, des généraux Beaumont et Klein, et de la division de carabiniers et de cuirassiers, commandée par le général Nansouty, s'est mis en marche pour couper la route d'Ulm à Augsbourg. Arrivé à Wertingen, il aperçut une division considérable d'infanterie ennemie, appuyée par quatre escadrons de cuirassiers d'Albert. Il enveloppe aussitôt tout ce corps. Le maréchal Lannes, qui marchait derrière ces divisions de cavalerie arrive avec la division Oudinot, et après un engagement de deux heures, drapeaux, canons, bagages, officiers et soldats, toute la division ennemie est prise. Il y avait douze bataillons de grenadiers qui venaient en grande hâte du Tyrol au secours de l'armée de Bavière. Ce ne sera que dans la journée de demain qu'on connaîtra tous les détails de cette action vraiment brillante.

Le maréchal Soult, avec ses divisions, a manœuvré toute la journée du 15 et du 16 sur la rive. gauche du Danube pour intercepter les débouchés d'Ulm, et observer le corps d'armée qui paraît encore réuni dans cette place.

Le corps du maréchal Davoust est arrivé seulement le 16 à Neubourg.

Le corps du général Marmont y est également arrivé. Le corps du général Bernadotte et les Bavarois sont arrivés, le 10, à Aichstett.

Par les renseignemens qui ont été pris, il paraît que douze régimens autrichiens ont quitté l'Italie pour renforcer l'armée de Bavière.

IIIe BULLETIN.

Zusmershausen, 18 vendém. an 14 ( 10 octobre).

LE maréchal Soult a poursuivi la division autrichienne qui s'était réfugiée à Aicha, l'a chassée et est entré, le 17 à midi, à Augsbourg, avec les divisions Vandamme, Saint-Hilaire et Legrand.

Le 17 au soir, le maréchal Davoust, qui a passé le Danube à Neubourg, est arrivé à Aicha avec ses trois divisions.

Le général Marmont, avec les divisions Boudet, Grouchy, et la division batave du général Dumonceau, a passé le Danube et pris position entre Aicha et Augsbourg.

Enfin, le corps d'armée du maréchal Bernadotte avec l'armée bavaroise, commandée par les généraux Deroi et Verden, a pris position à Ingolstadt; la garde impériale, commandée par le maréchal Bessières, s'est rendue à Augsbourg, ainsi que la division de cuirassiers aux ordres du général d'Hautpoult.

Le prince Murat, avec les divisions de dragons de Klein et de Beaumont, et la division de carabiniers et de cuirassiers du général Nansouty, s'est porté en toute diligence au village de Zusmershausen, pour intercepter la route d'Ulm à Augsbourg.

Le maréchal Lannes, avec la division de grenadiers d'Oudinot, et avec la division Suchet, a pris poste le même jour au village de Zusmershausen.

L'Empereur a passé en revue les dragons au village de Zusmershausen; il s'est fait présenter le nommé Marente, dragon du 4e régiment, un des plus braves soldats de l'armée, qui, au passage du Leck, avait sauvé son capitaine qui, peu de jours auparavant, l'avoit cassé de son grade de sous-officier. Sa Majesté lui a donné l'aigle de la Légion d'honneur. Ce brave soldat a répondu : « Je n'ai fait que mon devoir;

mon capitaine m'avait cassé pour quelque faute de discipline; mais il sait que j'ai toujours été un bon soldat. >>

L'Empereur a ensuite témoigné aux dragons sa satisfaction de la conduite qu'ils ont tenue au combat de Wertingen. Il s'est fait présenter par régiment un dragon, auquel il a également donné l'aigle de la Légion d'honneur.

S. M. a témoigné sa satisfaction aux grenadiers de la division Oudinot. Il est impossible de voir une troupe plus belle, plus animée du desir de se mesurer avec l'ennemi, plus remplie d'honneur et de cet enthousiasme militaire qui est le présage des plus grands succès.

Jusqu'à ce que l'on puisse donner une relation détaillée du combat de Wertingen, il est convenable d'en dire quelques mots dans ce bulletin.

Le colonel Arrighi a chargé, avec son régiment de dragons, le régiment de cuirassiers du duc Albert. La mêlée a été très-chaude. Le colonel Arrighi a eu son cheval tué sous lui: son régiment a redoublé d'audace pour le sauver. Le colonel Beaumont du 10o de hussards, animé de cet esprit vraiment français, a saisi, au milieu des rangs ennemis, un capitaine de cuirassiers, qu'il a pris lui-même après avoir sabré un cavalier.

Le colonel Maupetit, à la tête du ge de dragons, a chargé dans le village de Wertingen; blessé mortellement, son dernier mot a été : « que l'Empereur soit instruit que le ge de dragons à été digne de a sa réputation, et qu'il a chargé et vaincu aux cris de vive l'Empereur ! »

Cette colonne de grenadiers, l'élite de l'armée ennemie s'étant formée en carré de quatre bataillons, a été enfoncée et sabrée. Le 2e bataillon de dragons a chargé dans le bois.

La division Oudinot frémissait de l'éloignement qui l'empêchait encore de se mesurer avec l'ennemi;

mais à sa vue seule, les Autrichiens accélérérent leur retraite une seule brigade a pu donner.

Tous les canons, tous les drapeaux, presque tous les officiers du corps ennemi qui a combattu à Wertingen, ont été pris; un grand nombre a été tué : 2 lieutenans-colonels, 6 majors, 60 officiers 4000 soldats, sont restés en notre pouvoir; le reste a été éparpillé, et ce qui a pu échapper, a dû son salut à un marais qui a arrêté une colonne qui tournait l'ennemi.

Le chef d'escadron Excelmans, aide-de-camp de S. A. S. le prince Murat, a eu deux chevaux tués. C'est lui qui a apporté les drapeaux à l'Empereur, qui lui a dit : « Je sais qu'on ne peut être plus brave que vous; je vous fais officier de la Légion

d'honneur. »

Le maréchal Ney, de son côté, avec les divisions Malher, Dupont et Loison, la division de dragons à pied du général Baraguey-d'Hilliers, et la division Gazan, ont remonté le Danube, et attaqué l'ennemi sur sa position de Grümberg. Il est cinq heures, le canon se fait entendre.

I pleut beaucoup, mais cela ne ralentit pas les marches forcées de la grande-armée. L'Empereur donne l'exemple: à cheval jour et nuit, il est toujours au milieu des troupes, et partout où sa présence est nécessaire. Il a fait hier quatorze lieues à cheval. Il a couché dans un petit village, sans domestiques et sans aucune espèce de bagage. Cependant l'évêque d'Augsbourg avait fait illuminer son palais, et attendu S. M. une partie de la nuit.

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