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plus loyal et le plus fidèle peut attendre du plus puissant et du plus magnanime allié.

Le général-major et gouverneur de la Haye,

SIRE,

Signé, J. J. Bruce.

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Après tout ce que V. M. avait déjà fait dans la carrière glorieuse qu'elle a parcourue, il paraissait que rien ne devrait plus étonner. Cette idée, Sire devait m'être particulièrement propre à moi, qui ai été à même de connaître et d'admirer de si près l'étendue de votre génie; mais ce que V. M. vient de faire dans la campagne qui, à peine ouverte, paraît être terminée, est encore un nouveau prodige par la conception la plus hardie, par la rapidité dans l'emploi des moyens, et par l'éclat du dénouement.

J'éprouve un besoiu, Sire, de vous exprimer les sentimens de joie que vos grands exploits ont excités en moi, comme dans ma patrie; j'y vois de nouveaux garans que V. M. accomplira le rôle de régulateur des destinées des nations, et de bienfaiteur de l'humanité en général, et de ses alliés en particulier.

il

Mon beau-frère le général Bruce est chargé d'avoir l'honneur de remettre cette lettre à V. M.; sera l'interprète des sentimens d'admiration, de la plus profonde vénération, et du plus sincère attachement à votre personne, et des voeux que je ne cesse de faire pour que V. M. après avoir forcé ses ennemis à accepter une paix à laquelle V. M. saura imprimer le caractère de la stabilité jouisse enfin, avec son auguste famille, du doux spectacle du rétablissement du droit des gens opéré par ses grands travaux, de la liberté de la mer des bénédictions de l'humanité, de l'amour constant

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de ses peuples, et de la reconnaissance de ses fidèles alliés.

Je prie V. M. d'agréer avec bonté l'hommage de mon profond respect.

Sire,

De V. M. le bien-humble serviteur, Le Grand-Pensionnaire de la République Batave, Signé, R. J. SCHIMMELPENNINK.

La Haye, ce 1er novembre.

XXVIIe BULLETIN.

Porlitz, 28 brumaire ( 19 novembre).

DEPUIS le combat de Zuntersdorff, l'ennemi a continué sa retraite avec la plus grande précipitation. Le général Sébastiani, avec sa brigade de dragons l'a poursuivi l'épée dans les reins. Les immenses plaines de la Moravie ont favorisé sa poursuite. Le 27, à la hauteur de Porlitz, il a coupé la retraite à plusieurs corps, et a fait dans la journée 2 mille Russes prisonniers de guerre.

Le prince Murat est entré le 17, à trois heures après midi, à Brünn, capitale de la Moravie, toujours suivant l'ennemi.

L'ennemi a évacué la ville et la citadelle, qui est un très bon ouvrage, capable de soutenir un siége en règle.

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L'Empereur a mis son quartier-général à Porlitz. Le maréchal Soult, avec son corps d'armée, est à Riemstschitz.

Le maréchal Lannes est en avant de Porlitz.

Les Moraves ont encore plus de haine pour les Russes, et d'amitié pour nous, que les habitans de l'Autriche. Le pays est superbe et beaucoup plus

fertile que l'Autriche. Les Moraves sont étonnés de voir au milieu de leurs immenses plaines, les peuples de l'Ukraine, du Kamtschatka, de la Grande-Tartarie, et les Normands, les Gascons les Bretons et les Bourguignons, en venir aux mains et s'égorger, sans cependant que leur pays ait rien de commun, ou qu'il y ait entr'eux aucun intérêt politique immédiat; et ils ont assez de bon sens pour dire dans leur mauvais bohémien le sang humain est devenu une marchandise dans les mains des Anglais. Un gros fermier morave disait dernièrement à un officier français, en parlant de l'empereur Joseph II, que c'était l'empereur paysans, et que, s'il avait continué à vivre, il les aurait affranchis des droits féodaux qu'ils payent aux couvens de religieuses.

, que

des

Nous avons trouvé à Brünn 60 pièces de canon 300 milliers de poudre, une grande quantité de blé et de farine, et des magasins d'habillement très

considérables.

L'empereur d'Allemagne s'est retiré à Olmutz. postes sont à une marche de cette place.

Nos

XXVIIIe BULLETIN.

Brünn, le 30 brumaire an 14 (21 novembre).

L'EMPEREUR est entré à Brünn le 29, à dix heures du matin.

Une députation des Etats de Moravie, à la tête de laquelle se trouvait l'évêque, est venue à sa rencontre. L'Empereur est allé visiter les fortifications, et a ordonné qu'on armât la citadelle, dans laquelle on a trouvé plus de 6 mille fusils, une grande quantité de munitions de guerre de toute espèce, et entre autres 400 milliers de poudre.

Les Russes avaient réuni toute leur cavalerie, qui formait un corps d'environ 6 mille hommes, et voulaient défendre la jonction des routes de Brünn et d'Olmutz. Le général Walther les contint tonte la journée et par différentes charges les obligea à abandonner du terrain. Le prince Murat fit marcher la division de cuirassiers du général d'Hautpoult et quatre escadrons de la garde impériale.

Quoique nos chevaux fussent fatigués, l'ennemi fut chargé et mis en déroute. Il laissa plus de deux cents hommes, cuirassiers ou dragons d'élite, sur le champ de bataille. Cent chevaux sont restés dans nos

mains.

Le maréchal Bessières, commandant la garde impériale, a fait, à la tête des quatre escadrons de la garde, une brillante charge qui a dérouté et culbuté l'ennemi. Rien ne contrastait comme le silence de la garde et des cuirassiers, et les hurlemens des Russes.

Cette cavalerie russe est bien montée, bien équipée : elle a montré de l'intrépidité et de la résolution; mais les hommes ne paraissent pas savoir se servir de leurs sabres; et, à cet égard, notre cavalerie a un grand avantage. Nous avons eu quelques hommes tués et une soixantaine de blessés, parmi lesquels se trouvent le colonel Durosnel, du 16c de chasseurs, et le colonel Bourdon, du 11° de dragons.

L'ennemi s'est retiré de plusieurs lieues.

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Brünn, 2 frimaire an 14 (23 nóvembre).

LE maréchal Ney a fait occuper Brixen, après avoir fait beaucoup de prisonniers à l'ennemi. Il a trouvé dans les hôpitaux un grand nombre de malades et de blessés autrichiens. Le 26 brumaire il s'est emparé de Clauzen et de Botzen.

Le général Jellachich, qui défendait le Voralberg, était coupé.

Le maréchal Bernadotte occupé Iglau. Ses partis sont entrés en Bohême.

Le général Wreden, commandant les Bavarois a pris une compagnie d'artillerie autrichienne, cent chevaux de troupe, 5o cuirassiers et plusieurs officiers.

Il s'est emparé d'un magasin considérable d'avoine et autres grains, et d'un grand nombre de chariots attelés, chargés du bagage de plusieurs régimens et officiers autrichiens.

L'adjudant-commandant Maison a fait prisonniers, sur la route d'Iglau à Brünn, 200 hommes des dragons de la Tour, et des cuirassiers de Hohenlohe. Il a chargé un autre détachement de 200 hommes, et a fait 150 prisonniers.

Des reconnaissances ont été portées jusqu'à Olmutz. La cour a évacué cette place, et s'est retirée en Pologne.

La saison commence à devenir rigoureuse. L'armée française a pris position. Sa tête est appuyée par la place de Brünn, qui est très-bonne, et qu'on s'occupe à armer et à mettre dans le meilleur état de défense.

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