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mée française est déjà sur ses derrières, et le suit l'épée dans les reins.

Jamais champ de bataille ne fut plus horrible. Du milieu de lacs immenses, on entend encore les cris de milliers d'hommes qu'on ne peut secourir. II faudra trois jours pour que tous les blessés ennemis soient évacués sur Brünn. Le cœur saigne. Puisse tant de sang versé, tant de malheurs retomber enfin sur les perfides insulaires qui en sont la puissent les lâches 'olygarques de Londres porter la peine de tant de maux!

cause

Au bivouac, le 10 frimaire an 14 ( 2 décembre).

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!

L'armée russe se présente devant vous pour venger l'armée autrichienne d'Ulm. Ce sont ces mêmes bataillons que vous avez battus à Hollabrunn, et que depuis vous avez constamment poursuivis jusqu'ici. Les positions que nous occupons sont formidables, et pendant qu'ils marcheront pour tourner ma droite, ils me présenteront le flanc.

Soldats, je dirigerai moi-même tous vos bataillons; je me tiendrai loin du feu, si, avec votre bravoure accoutumée, vous portez le désordre et la confusion dans les rangs ennemis; mais si la victoire était un moment incertaine, vous verriez votre Empereur s'exposer aux premiers coups: car la victoire ne saurait hésiter, dans cette journée sur-tout où il y va de l'honneur de l'infanterie française, qui importe tant à l'honneur de toute la nation.

Que sous prétexte d'emmener les blessés, on ne dégarnisse pas les rangs, et que chacun soit bien pénétré de cette pensée, qu'il faut vaincre ces stipendiés de l'Angleterre, qui sont animés d'une si grande

haine contre notre nation.

Cette victoire finira notre campagne, et nous pourrons reprendre nos quartiers d'hiver, où nous

serons joints par les nouvelles armées qui se forment en France; et alors la paix que je ferai sera digne de mon peuple, de vous et de moi.

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Austerlitz, le 12 frimaire an 14 (8 décembre).

SOLDATS

Je suis content de vous; vous avez, à la journée d'Austerlitz, justifié tout ce que j'attendais de votre intrépidité. Vous avez décoré vos aigles d'une immortelle gloire. Une armée de 100 mille hommes commandée par les empereurs de Russie et d'Autriche, a été, en moins de quatre heures, ou coupée ou dispersée; ce qui a échappé à votre fer, s'est noyé dans les lacs.

Quarante drapeaux, les étendards de la garde impériale de Russie, 120 pièces de canon, 20 généraux, plus de 30 mille prisonniers, sont le résultat de cette journée à jamais célèbre. Cette infanterie tant vantée, et en nombre supérieur, n'a pu résister à votre choc, et désormais vous n'avez plus de rivaux à redouter. Ainsi, en deux mois, cette troisième coalition a été vaincue et dissoute. La paix ne peut plus être éloignée; mais, comme je l'ai promis à mon peuple avant de passer le Rhin, je ne ferai qu'une paix qui nous donne des garanties, et assure des récompenses à nos alliés.

Soldats, lorsque le peuple français plaça sur ma tête la couronne impériale, je me confiai à vous pour la maintenir toujours dans ce haut éclat de gloire qui seul pouvait lui donner du prix à mes yeux; niais dans le même moment nos ennemis pensaient à la détruire et à l'avilir; et cette couronne de fer

le

conquise par le sang de tant de Français, ils voulaient m'obliger à la placer sur la tête de nos plus cruels ennemis; projets téméraires et insensés que jour même de l'anniversaire du couronnement de votre Empereur, vous avez anéantis et confondus. Vous leur avez appris qu'il est plus facile de nous braver et de nous menacer, que de nous vaincre.

Soldats, lorsque tout ce qui est nécessaire pour assurer le bonheur et la prospérité de notre patrie sera accompli, je vous ramènerai en France. Là vous serez l'objet de mes plus tendres sollicitudes; mon peuple vous reverra avec joie, et il vous suffira de dire : J'étais à la bataille d'Austerlitz, pour que l'on réponde: Voilà un brave!

Signé, NAPOLÉON,

Circulaire à MM, les Evêques et aux Présidens de Consistoires.

Austerlitz, le 12 frimaire an 14 ( 5 décembre).

M. l'évêque du diocèse de . .

La victoire éclatante que viennent de remporter nos armes sur les armées combinées d'Autriche et de Russie, commandées par les empereurs de Russie et d'Autriche en personne, est une preuve visible de la protection de Dieu, et demande qu'il soit rendu, dans toute l'étendue de notre empire, de solennelles actions de graces.

Nous espérons que des succès aussi marquans que ceux que nous avons obtenus à la journée d'Austerlitz, porteront enfin nos ennemis à éloigner d'eux les conseils perfides de l'Angleterre, seul moyen qui puisse ramener la paix sur le continent.

Au reçu de la présente, vous voudrez donc bien, selon l'usage, chanter un Te Deum, auquel notre intention est que toutes les autorités constituées et notre peuple assistent. Cette lettre n'étant pas à

une autre fin, nous prions Dieu qu'il vous ait en

sa sainte gårde.

Par l'Empereur,

Signé, NAPOLÉON.

Le ministre secrétaire-d'état, H. B. MARET.

XXX BULLETIN (bis).

Austerlitz, 13 vendém. an 14 (4 décembre).

du

Ex ce moment, arrive au quartier-général la capitulation envoyée par le maréchal Augereau, corps d'armée autrichienne commandé par le général Jellachich. L'Empereur eût préféré que l'on eût gardé les prisonniers en France, cela eût-il dû occasionner quelques jours de blocus de plus; car l'expérience a prouvé que, renvoyés en Autriche, les soldats servent incontinent après.

Le général Wreden, commandant les Bavarois, a eu différentes affaires en Bohême, contre l'archiduc Ferdinand. Il a fait quelques centaines de pri

sonniers.

Le prince de Rohan, à la tête d'un corps de 6 mille hommes, qui avait été coupé par le maréchal Ney et par le maréchal Augereau, s'est jeté sur Trente, a passé la gorge de Bonacio, et tenté de pénétrer à Venise. Il a été battu par le général Saint-Cyr, qui l'a fait prisonnier avec ses 6 mille hommes. Ci-joint la dépêche du maréchal Masséna, qui en rend compte au ministre de la guerre.

Capitulation de l'armée autrichienne commandée par le lieutenant-général Jellachich.

Le général de division Maurice Mathieu, grandofficier de la légion d'honneur, commandant la seconde division du 7e corps de la grande-armée, au

e

torisé par M. le maréchal d'empire Augereau, général en chef du corps de la grande-armée; et M. le général-major Wolffskel, au service de S. M. I. et R.

empereur d'Allemagne, autorisé par M. le général Jellachich, commandant en chef le corps d'armée autrichienne dans le Voralberg, sont convenus des articles suivans:

Art. 1er. Le corps d'armée aux ordres de M. le lieutenant-général Jellachich sera prisonnier de guerre sur parole. Ce corps défilera avec tous les honneurs de la guerre ; il mettra bas les armes et sera conduit en Bohême, aux avant-postes de l'armée autrichienne.

2. Les officiers garderont leurs chevaux, armes et bagages.

3. Tous les chevaux de troupes, les armes toute l'artillerie, toutes les munitions et magasins militaires, tout ce qui n'est pas propriété particulière, sera remis à l'armée française.

4. L'armée française prendra possession de tout le Voralberg, de Feldkirch, Rudentz, et de leur territoire jusqu'à Larlemberg.

5. Les trois bataillons du régiment de Beaulieu sont compris dans la présente capitulation, si le 23 brumaire (14 novembre), à sept heures du soir, ils n'ont pas joint le corps du prince de Rohan, et s'ils sont sur Larlemberg.

6. Tous les officiers et toutes les troupes du corps d'armée de M. le lieutenant-général Jellachich donneront leur parole d'honneur de ne point servir pendant un an, à compter de la date de la présente capitulation, contre les troupes de S. M. l'Empereur des Français et Roi d'Italie, ou contre ses alliés.

7. Les malades qui resteront dans les hôpitaux français, seront traités avec tous les égards et tous les soins prescrits par l'humanité, et seront renvoyés après leur guérison, se trouvant compris dans l'ar

ticle 6.

8. Le corps d'armée autrichienne sera conduit en

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