Page images
PDF
EPUB

çoive (1): et quelques-unes de ses modifications ne peuvent être traitées qu'historique

ment.

Nous avons du moins tâché de ne présenter à nos lecteurs que des résultats, appuyés, à la vérité, sur beaucoup de faits. Nous avons réfuté quelques objections. Nous en avons passé d'autres sous silence. D'autres peut-être

(1) L'idée, ou plutôt le sentiment de la Divinité, a existé dans tous les temps. Mais sa conception a été subordonnée à tout ce qui coexistait à chaque époque. Plus l'état de l'homine a été grossier et simple, plus les notions de la Divinité ont été bornées et étroites. L'homme n'avait pas la possibilité d'en concevoir d'autres. A mesure que les temps ont avancé, ses conceptions se sont ennoblies et agrandies. La religion, dans son essence, n'est liée à aucun temps, et ne consiste point en traditions transmises d'âge en âge. En conséquence, elle n'est point assujettie à des bornes fixes, imposées aux générations qui se succèdent, d'une manière littérale et immuable. Elle marche, au contraire, avec le temps et les hommes. Chaque époque a eu ses prophètes et ses inspirés, mais chacun parlait le langage de l'époque. Il n'y a donc dans la religion, comme dans l'idée de la Divinité, rien d'historique, quant au fond; mais tout est historique dans les développements.

ne se sont pas offertes à nous. Si nous avions tout développé, l'étendue de cet ouvrage aurait défié toute possibilité d'attention. L'histoire des exceptions serait devenue beaucoup plus longue que celle de la règle générale. La règle est une et simple, les causes des exceptions sont innombrables et compliquées.

1

CONSIDÉRÉE

DANS SA SOURCE,

SES FORMES ET SES DÉVELOPPEMENTS.

LIVRE II.

DE LA FORME LA PLUS GROSSIÈRE QUE LES IDÉES RELIGIEUSES PUISSENT REVÊTIR.

CHAPITRE PREMIER.

Méthode que nous suivrons dans ce livre.

Nous avons défini le sentiment religieux, le besoin que l'homme éprouve de se mettre en communication avec la nature qui l'entoure, et les forces inconnues qui lui semblent animer cette nature.

La forme religieuse est le moyen qu'il emploie pour établir cette communication.

Il est évident que le choix de ce moyen n'est pas arbitraire. L'homme ne se décide point par un pur caprice pour telle ou telle forme préférablement à d'autres. Il est déterminé dans son choix, et par les sentiments qui sont naturellement au fond de son ame, et par les notions que la réflexion suggère à son intelligence, et par l'exigeance que lui inspire son égoïsme, qu'on a eu tort de considérer comme son mobile unique, mais dont l'action néanmoins est d'autant plus puissante qu'elle est habituelle et indestructible.

Pour découvrir le résultat de ces causes diverses, deux modes se présentent : observer et décrire le travail de chacune des facultés de l'homme séparément, et de toutes ces facultés réunies, lorsqu'il se crée une religion; ou rassembler les faits qui sont le mieux constatés, relativement aux croyances religieuses des peuplades les plus ignorantes, et rechercher ensuite quelle part dans ces croyances doit être attribuée au sentiment, quelle part à l'intelligence, quelle part à l'intérêt.

« PreviousContinue »