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de ces deux régiments, et me faire part des mesures qu'elle aura cru devoir prendre à cet égard.

J'ai l'honneur de vous saluer.

Berthier.

Le général de division Belliard, chef d'état-major de la réserve de cavalerie et de dragons aux généraux commandant les divisions.

4 jour complémentaire (21 septembre 1805).

la

Le prince maréchal d'Empire Murat désire que l'on ordonne. aux colonels des régiments que vous commandez de se procurer de suite les chevaux nécessaires pour remplacer ceux que route a pu mettre hors de service et pour monter les hommes à pied, de manière qu'il y ait à chaque régiment 400 hommes à cheval dans le cas d'entrer en campagne. Si la concurrence que le besoin fera établir porte les chevaux à un prix au-dessus de celui que passe le gouvernement, les corps seront remboursés du surplus, en justifiant toutefois dans des procès-verbaux en règle et par les pièces à l'appui de la validité des réclamations qu'ils pourront faire.

Le général Nansouty au maréchal Berthier.

Pirmasens, le 4 jour complémentaire an xш (21 septembre 1805). Le colonel du 9e régiment de cuirassiers me rend compte qu'il lui reste à recevoir pour la remonte de l'an XIII, 76 chevaux.

Ce régiment a les fonds destinés à l'achat de ces chevaux, moins 4,000 francs qui lui sont dus. Le colonel a donné l'ordre de confectionner l'équipement et le harnachement nécessaires à 500 chevaux et plus.

L'effectif de ce régiment en chevaux est, dans ce moment, de 419, compris 34 chevaux qu'il a au dépôt. En calculant que dans ces derniers il s'en trouve dans le cas de la réforme, il lui faudrait 70 chevaux pour le porter au complet de 556, en sus des 76 qu'il doit recevoir pour la remonte de l'an xi.

CHAPITRE III

Les dragons à pied.

Le général Baraguey-d'Hilliers à l'Empereur.

Saint-Quentin, le 16 fructidor an XIII (3 septembre 1805).

Lorsque Votre Majesté ordonna la formation d'une division de dragons à pied destinés à concourir à la descente, le désir d'être d'une opération si brillante anima tous les esprits, et les officiers et les dragons, entraînés par l'ardeur de leur zèle, abandonnèrent leurs chevaux presque sans regrets. Mais leur destination actuelle les appelant à prendre part à une guerre continentale, où rien d'extraordinaire et de gigantesque ne parle à leur imagination, ils ont retrouvé tous leurs préjugés et ne voient dans l'obligation de servir à pied, lorsqu'ils sont instruits à servir à cheval, qu'une punition dont leur zèle devait se garantir, et ce préjugé, qui leur fait considérer le service d'infanterie comme inférieur à celui de la cavalerie, les accable de dégoût pour leur état actuel. Cet esprit devenu général depuis les colonels jusqu'aux soldats, irrité par les soins de la malveillance et par les propos de la sottise, a pris un caractère si marqué, les plaintes, les murmures sont si universels, que je crains qu'on ne tire pas de ces dragons, à la guerre, tout le parti que Votre Majesté doit en attendre.

Dans cet état de choses, Votre Majesté ne jugerait-elle pas nécessaire d'employer quelques moyens politiques pour rendre à ces régiments à pied, cette énergie, cet esprit de corps dont

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ils ont besoin. En considérant leur formation effective par des détachements de 6 régiments, on peut la comparer à celle des bataillons de la division de grenadiers. Mais pour former ceux-ci, ce sont les grenadiers que l'on a pris et ce nom seul les fera vaincre. Un tout autre mode a présidé à la composition des détachements qui composent les dragons à pied, mais un nom donné par vous peut les régénérer et ce baptême, de la main d'un grand homme, sera leur cri de ralliement et le garant de leurs succès comme de leur dévouement.

Mais, Sire, ce n'est pas tout. Le service à pied doit être un devoir et un honneur. Si c'est un devoir, puisqu'il est regardé comme pénible, il devrait être le partage des plus jeunes officiers et des plus jeunes soldats, et, dans ce cas, la division de dragons à pied se composant tout entière de recrues qui, réunis sans mélange en un seul corps, ne serait pas faite pour inspirer de la confiance, il faut donc que ce soit un honneur, il faut donc attacher un préjugé honorable à ce genre de service qui, sans cela, serait dédaigné, il faut surtout y faire concourir les compagnies d'élite des escadrons à cheval pour en former les bataillons alors, par ce concours de dispositions, j'aime à me flatter que cette division deviendra l'émule de celle des grenadiers. L'amour-propre, le plus puissant mobile des Français, sera satisfait en même temps qu'excité, et Votre Majesté servie comme elle doit l'être.

J'ai cru de mon devoir, Sire, de vous informer directement de ces détails et de vous faire hommage de mes idées, parce que, bien placé pour voir la chose de près, je crois avoir jugé sans illusion, avec cet intérêt vif et sincère qui m'anime et m'animera toujours pour le service de Votre Majesté, de laquelle je suis, Sire, le plus fidèle et dévoué sujet.

BARAGUEY-D'HILLIERS (1).

(1) Archives nationales, AF, 1116.

Le général de Beaumont au maréchal Berthier.

Châlons-sur-Marne, le 21 fructidor (8 septembre 1805).

Je dois vous rendre compte, Monsieur le Maréchal, que j'ai beaucoup de chevaux blessés. La principale cause en est que, dans les corps, il y a beaucoup d'hommes qui n'ont presque monté à cheval que dans cette route; j'ai à vous demander, à cet égard, une chose qui vous frappera trop par sa justesse pour que vous n'ayiez pas la bonté d'y accéder : environ 150 hommes par régiment exercent bien à pied, mais ne savent rien à cheval, tandis que la division du général Baraguey-d'Hilliers a au moins 900 hommes par régiment instruits à cheval. Je vous supplie donc d'ordonner un échange à cet égard, la gloire du corps des dragons à pied n'y perdra rien et la nôtre dépend de cette disposition. Vous sentirez trop bien, Monsieur le Maréchal, l'importance de cette mesure pour que j'insiste davantage.

DE BEAUMONT.

Le général Bourcier au maréchal Berthier.

Namur, le 18 fructidor an xi (5 septembre 1805).

J'ai l'honneur de vous rendre compte que ma division est arrivée hier à Namur où elle séjourne aujourd'hui.

Je profite de ce séjour pour faire passer à Votre Excellence un état de situation de la division. Elle sera sans doute étonnée du nombre de chevaux blessés, qui est presque sans exemple. Les colonels ou commandants de corps auxquels j'en ai témoigné ma surprise, m'ont représenté que cela provenait particulièrement de ce qu'ils ont un trop grand nombre de conscrits, dont la majeure partie ont été mis à cheval sans avoir reçu les premières instructions sur la manière de seller et brider et sur le maniement des armes à cheval. Dans le fait, il y a beaucoup de recrues et peu d'anciens soldats dans les régiments de la division. Il serait bien à désirer, pour le bien du service, qu'une partie des premiers pût être échangée contre d'anciens dragons, alors il y aurait moins de disproportion entre le nombre des uns

et des autres, et les escadrons de guerre s'en trouveraient beaucoup mieux.

Je dois avoir l'honneur d'observer aussi à Votre Excellence, que la route est généralement mauvaise et que cela doit nécessairement contribuer à la fatigue des chevaux. Je ne néglige rien, au surplus, pour qu'ils soient conduits, nourris et soignés le mieux possible, mais le fourrage n'est pas toujours de bonne qualité.

Je prie Votre Excellence de trouver bon que je lui rappelle ce que j'ai eu l'honneur de lui marquer le 13 de ce mois, au sujet de la solde. Elle est arriérée d'un mois dans certains corps, et, dans d'autres, de deux à trois semaines. On s'est présenté chez plusieurs payeurs en route, mais on n'a rien pu obtenir. Il est essentiel que Votre Excellence donne des ordres à ce sujet.

BOURCIER.

Le général Baraguey-d'Hilliers au maréchal Berthier.
Toul, le 27 fructidor an XIII (14 septembre 1805).

J'ai l'honneur de vous informer de l'arrivée dans cette place de la division de dragons à pied. Plus la marche se prolonge, plus la fatigue augmente et plus les plaintes et le mécontentement des anciens dragons et de la grande majorité des officiers s'accroissent d'être à pied. Je vous ai rendu précédemment compte de ces murmures et je regrette, sans pouvoir y remédier, de les entendre proférer, quoique j'emploie tout ce qui dépend de moi pour réchauffer leur zèle et leur présenter un avenir glorieux pour prix de leurs sacrifices.

D'ailleurs, les régiments marchent bien et en très bon ordre et discipline, mais il y a beaucoup d'hommes blessés, et les fortes chaleurs que nous éprouvons depuis quatre à cinq jours, en ont considérablement augmenté le nombre, de sorte que j'ai été obligé de faire donner une voiture à quatre colliers par bataillon pour le transport des plus estropiés.

BARAGUEY-D'HILLIERS (1).

(1) Voir également la lettre du général Baraguey-d'Hilliers, datée du

22 fructidor, dans la Marche sur le Rhin.

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