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articles de votre lettre du 12 floréal relativement aux différences de résultats entre lui et M. Schiegg pour l'azimut d'Anffkirchen, et ce sera une occasion d'entrer dans quelques détails, tant sur quelques idées contradictoires qu'a paru présenter notre correspondance à l'égard de ce professeur que sur l'opposition que vous avez cru voir de la part de l'administration à ce que vous vous occupassiez de la mise au net de vos minutes à 1/50,000 pour la gravure, lorsqu'elle vous a exprimé l'intention où elle était que ce travail fût subordonné à celui des calques à lui fournir des minutes bavaroises.

Je vous salue avec estime et considération.

MURIEL.

1805. I.

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CHAPITRE XII

La Conscription.

Le général Baraguey-d'Hilliers à l'Empereur.
Paris, le 15 brumaire an XIII (6 novembre 1804).

Sire,

L'intention de Votre Majesté n'est pas, sans doute, que l'arme des dragons qui doit être l'élite de l'armée, puisque vous avez dit à Compiègne que vous lui destiniez le poste d'honneur, du courage et du danger, devienne l'égout des autres corps de cavalerie; cependant, Sire, la marche que l'on prend à son égard cette année doit lui inspirer de justes craintes; déjà on a incorporé dans les régiments de dragons par ordre du Ministre de la guerre, des hommes réformés des autres corps et particulièrement des cuirassiers. On dit, il est vrai, que ces hommes réformés ne le sont que par défaut de taille et de complexion: tel est le motif apparent, mais lorsqu'on fait des recherches pour s'assurer de la réalité de ces motifs, on découvre qu'ils ne sont qu'un prétexte de la part des colonels pour purger leurs corps des mauvais sujets qui y nuisent; manœuvre dans laquelle, je ne sais pourquoi, ils ont été secondés par quelques généraux chargés cette année des inspections provisoires. C'est la vérité, Sire, que je vous expose ici toute nue, ce sont des faits dont j'ai la preuve, et je suis l'organe de tous les colonels de mon arme. Eh quoi! Sire, faut-il que nos régiments soient le réceptacle de la lie des autres régiments? Les dragons sont-ils destinés à cet outrage? Quel esprit de corps peuvent-ils nourrir si on

les mésallie à ce point, si on leur donne de telles marques de mépris? Faut-il donc pour les dragons, destinés dorénavant au service le plus pénible, une taille médiocre, une santé équivoque, une poitrine étroite? Y faut-il moins de mœurs, de probité et de courage que pour toute autre arme?

Sire, je vous demande justice. Pour utiliser quelques hommes, il est impolitique d'ordonner de tels amalgames, et il n'est pas un régiment de dragons qui ne s'en trouve offensé. Je m'honore d'être ici l'interprète de cette façon de penser généreuse et fière, comme je me féliciterai d'être toujours l'organe près de Votre Majesté de l'attachement et du respect sans bornes d'une arme qu'Elle daigne honorer de sa bienveillance et qui brûle de lui prouver son dévouement envers et contre tous ses ennemis privés et publics.

Le Général de division,
Colonel général des dragons,
BARAGUEY-D'HILliers (1).

M. le Maréchal

Rapport fait au Ministre.

Paris, le 2 fructidor an xш (20 avril 1805).

demandé qu'on lui fit connaître le nombre des conscrits reçus depuis le 1er vendémiaire an xu, pour les 33e, 40e régiments d'infanterie de ligne, 10°, 21o, 24o et 26e légère; celui des conscrits que ces corps ont dû recevoir et le nombre de ceux qui ont déserté après l'incorporation.

L'état qu'on met sous les yeux de Son Excellence contient ces détails.

M. le Maréchal remarquera que la désertion s'est surtout manifestée dans les 24 et 26e légère; les recrues fournies à ces corps n'ont peut-être pas été suffisamment surveillées. Il est extraordinaire que sur 800 ou 900 individus, arrivés à chacun de ces régiments, il en soit déserté 250.

Le seul moyen au surplus d'arrêter ces déserteurs, ainsi que

(1) Archives nationales, AF, 1116.

les réfractaires qui se trouvent dans les départements des Basses-Pyrénées, du Mont-Blanc, de l'Eure et du Tarn, serait de mettre à la disposition du préfet et du général une force armée suffisante pour les poursuivre avec activité. Cette mesure a été réclamée par plusieurs préfets.

DE SOIZE, HARGENVILLERS,

BARNIER.

Le Ministre trouvera peut-être que l'état ne satisfait pas complètement aux renseignements demandés par son ordre; on a cependant fait usage de tous les matériaux que l'on a pu recueillir dans différents bureaux, mais lorsqu'un déserteur est dénoncé et jugé, rien n'indique de quelle année il est conscrit, on n'a pu rien donner de positif à cet égard.

BARNIER (1).

Le maréchal Berthier au Préfet du Lot.

Boulogne, 22 thermidor an xi (10 août 1805).

Je suis informé, Monsieur, que la levée de la conscription éprouve les plus grandes oppositions dans le département que vous administrez, que les déserteurs trouvent dans un grand nombre de communes un asile contre les recherches de la gendarmerie, et sont même soutenus dans leur résistance aux lois par les habitants des campagnes qui sont presque tous armés.

J'ai eu lieu de me convaincre, par les divers rapports qui m'ont été faits à ce sujet, que l'autorité civile ne faisait aucun usage des moyens qui sont à sa disposition pour amener l'exécution des lois relatives aux conscrits et aux déserteurs, et que dans plusieurs circonstances, lorsque des attroupements séditieux, formés dans les vues les plus coupables, exigeaient de sa part des mesures répressives, elle n'avait rien fait, ni pour dissoudre les attroupements, ni pour en faire rechercher et punir les auteurs.

(1) Barnier, chef de division; Hargenvilliers, chef de bureau au ministère (4 division, recrutement).

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