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P'Ecriture? Pourquoi interdire ce droit aux fouriéristes? L'auteur même de l'article en offrant une autre explication de ce texte, sur quoi se base t-il? Il met de côté la tradition, ce qui serait la méthode catholique, alors il ne peut avoir recours qu'à sa raison particulière, et il faut forcément qu'il sontienne, ou que cette raison voit directement la vérité, ou que Dieu la lui révèle intérieurement. Mais alors comment peut-il logiquement refuser ce même droit et cette même faveur aux fouriéristes? Toute son argumentation se réduit donc à dire: Vous avez tort et c'est moi qui ai raison.

2° Quand il définit le mal tout ce qui est opposé aux lois de la conscience et à la volonté de Dieu, ne tombe-t-il pas lui-même dans le travers qu'il reproche aux fouriéristes? Que font-ils si ce n'est de mettre les lois de leur conscience avant la volonté de Dieu, c'est-àdire leur pensée avant la parole de Dieu ? Qu'il veuille bien nous expliquer ce que c'est que ces lois qui sont autre chose que la volonté de Dieu ? Nous le répétons, ce sont là des questions insolubles pour toutes les personnes qui ont renoncé à la méthode traditionnelle : il ne reste plus qu'un mysticisme, ou illuminisme confus, qui conduit droit et forcément au pantheisme.

A. B.

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C'est avec une véritable satisfaction que j'ai lu la lettre de M. l'abbé Espitalier, insérée dans le numéro de mai dernier, p. 360 de vos Annales. Cette lettre dénote un homme qui, nourri de fortes études, raisonne avec justesse et clarté soit en philosophie, soit en théologie. Quoique vous ne paraissiez pas tout à fait d'accord avec lui, je crois qu'il n'y a aucun dissentiment quant au fond de la question. Vous me permettrez donc de me jeter dans la mêlée pour faire cesser tout désaccord entre vous et lui; car il n'y a qu'un malentendu, et j'ajouterai un défaut d'explication plus détaillée à faire disparaître, pour ôter tout dissentiment.

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Vous êtes d'accord avec M. l'abbé Espitalier que la méthode scholastique était aristolélicienne, parconséquent rationaliste; « parce que, comme vous » le dites (p. 366), je vois les définitions, divisions, expressions avec les cita» tions des livres d'Aristote, d'où elles sont extraites. M. l'abbé Espitalier laisse là le moyen, la méthode dont il n'est plus question, puisque vous êtes d'accord là-dessus, et va plus loin à l'occasion de certaines paroles que vous avez avancées et qui n'ont pas la portée qu'il leur suppose. En parlant de la méthode, vous aviez dit que « l'enseignement de la scholastique est basé, › fondé sur Aristote et ses commentateurs. » M. l'abbé Espitalier prenant vos paroles dans un sens que vous n'aviez pas eu l'intention de leur donner, a cru qu'il ne s'agissait plus de la méthode, mais du fondement de l'enseignement et de la base même de la foi. Aussi ajoute-t-il que si le fondement de la foi qui animait les scholastiques était rationaliste, il fallait dire que non seule»ment la méthode était rationaliste, mais encore que la base même, l'enseigne»ment tout entier de la religion l'auraient été; » ce qui certainenent est bien loin de votre pensée, car p. 319, vous ajoutez : « Nous ne répondons qu'une chose, c'est que celui qui ne croirait pas que la religion est révélée de Dieu, ne croirait pas complètement le symbole catholique. » Vous auriez pu dire ne croirait nullement le symbole des apòtres. ( P. 371 ) vous ajoutez que le Christ est le seul fondement de l'Eglise, et l'Eglise est son interprète.» D'après cela vous êtes au fond d'accord avec M. l'abbé Espita

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lier; mais vos réponses auraient eu besoin de plus de développement, car à ne regarder les choses qu'à la superficie, l'on croirait que vous tombez dans l'erreur que vous voulez éviter et que vous combattez partout où vous la rencontrez. En effet par vos réponses générales, on pourrait dire : « que la foi est >> toujours bonne, quelque soit son fondement, ou motif qui nous fait croire, » tandis que pour vous, comme pour tout véritable chrétien, la foi n'est véri» table qu'autant que son objet formel ou motif est basé sur l'autorité de » Dieu qui révèle les vérités qui sont l'objet matériel de notre foi, » pour m'exprimer comme les théologiens.

C'est ce que vous faites assez entendre, en disant que « celui qui ne croirait pas que la religion est révélée de Dieu, ne croirait pas complètement le » symbole des apôtres. » C'est bien dire implicitement que le fondement ou le motif de notre foi est Dieu qui révèle, et que notre foi n'est pas établie sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu',

Quant à la foi des simples ou ignorans et celle des gens éclairés, elle est bien la même et quant à l'objet matériel et quant à l'objet formei, mais elle diffère accidentellement en ce que les personnes instruites croient explicitement plus d'articles que celles qui ne connaissent que les articles nécessaires au salut.

Voilà ce que M. l'abbé Espitalier demande, et ce que vous croyez comme lui avec l'Eglise. Il n'y a donc plus de dissentiment entre vous et lui.

Quant aux différentes méthodes de Descartes, de Malebranche, de Lamennais, d'Hermès et des protestans, il y aurait bien des choses à dire, mais ce n'est pas ici le lieu. Du reste toutes ces méthodes n'ont pour base que le rationalisme envisagé sous différentes faces.

Veuillez agréez l'assurance du respect et de l'estime avec lesquels j'ai l'honneur d'être, etc.,

***

Directeur au séminaire de....

Nous n'ajoutons rien à cette lettre, si ce n'est que nous avons toujours soigneusement distingué la méthode pour arriver à la foi, du fondement même de la foi. Bien des gens arrivent à la foi par le rationalisme, mais comme c'est là un chemin de traverse, il faut l'éviter parceque le plus grand nombre s'y perd, reste en chemin et n'entre jamais dans l'Église.

A. B.

'Saint Paul, Corinth, 11, 5.

Nouvelles et Mélanges.

EUROPE.

ITALIE. ROME.

Allocution de notre Très-saint-Père Pie par la Providence divine, IX du nom, sur la mort de Mgr Affre, archevêque de Paris.

Mgr Sibour, évêque de Digne, a été préconisé pour le siége de Paris, dans le consistoire du 11 septembre. Après cette nomination Sa Sainteté Pie IX, a prononcé le discours suivant, où il rend un juste hommage à la mémoire de Mgr Affre.

Vénérables Frères,

Nous nous empressons aujourd'hui de faire cesser le veuvage de l'illustre Eglise métropolitaine de Paris, et Notre charité pontificale Nous impose en cette occasion, Vénérables Frères, le devoir de rendre, dans votre auguste assemblée, un témoignage solennel et plein d'amour à l'illustre Evêque de cette Eglise, dont la mort cruelle Nous causa une si vive douleur. Vous le comprenez, Nous parlons de Notre Vénérable Frère Denis-Auguste Affre, qui, distingué par la piété, par la charité, par le zèle et les autres vertus sacerdotales, ne négligea rien, dans l'administration et le gouvernement de ce diocèse, pour défendre la religion catholique, fortifier la discipline ecclésiastique, éloigner des pâturages empoisonnés, amener dans les pâturages salutaires les brebis confiées à sa foi, pour secourir de toute manière, consoler, relever les pauvres, les malheureux, et, par ses paroles et par ses exemples, gagner tout le monde au Christ. Cet Evêque a poursuivi son troupeau d'un tel amour que, remplissant magnifiquement la charge du bon pasteur, il a donné un grand et admirable exemple de charité chrétienne, spectacle aimé de Dieu, des anges et des hommes. Lorsque, en effet, au mois de juin dernier, une lugubre guerre civile s'éleva dans Paris, Lui, vous le savez, s'oubliant complètement soi-même, uniquement inquiet et préoccupé du salut commun des autres, du désir d'apaiser les mouvemens violens et ensanglantés des citoyens, de détourner entièrement de son troupeau les pertes, les massacres et les ruines, animé d'un courage vraiment chrétien et épiscopal, au mépris des périls les plus sérieux, il n'hésita pas à se jeter entre les combattans. Là, pendant qu'il s'efforçait de rappeler les citoyens armés les uns contre les autres à des sentimens, à des désirs, à des desseins de paix, de calme, de tranquilité, de mutuelle concorde, frappé d'une blessure mortelle, il donna sa vie pour ses brebis.

Tout le monde voit quelle gloire le clergé et l'épiscopat, non seulement de l'illustre nation française, mais encore de tout l'univers catholique, reçoivent de cet acte admirable de charité chrétienne qu'aucun siècle à venir ne passera sous silence et que la postérité la plus reculée n'oubliera jamais. Cette charité si ardente, qui porta notre Vénérable Frère à s'offrir, comme en holocauste au Dieu bon et tout-puissant, pour son troupeau, pour toute la nation française; la religion et la piété souveraine avec laquelle, le cœur plein de joie, il accueillit la mort, nous donnent le droit d'espérer que de cette triste station

de la vie mortelle, il s'est envolé dans la patrie éternelle et bienheureuse, et que là il a reçu du divin Prince des pasteurs la couronne de gloire que rien ne peut ternir. Cependant, puisque la fragilité de la nature humaine est si grande, puisque telle est sa condition, que les cœurs les plus religieux emportent souvent quelque chose de la poussière du monde, Nous n'avons pas négligé d'offrir au Père très-clément des miséricordes les prières, les supplications et les sacrifices pour l'Evêque mort. Nous ne Nous sommes pas contenté de le faire en particulier, mais encore dans des obsèques publiques, célébrées selon le rit solennel, dans notre Basilique patriarchale Libérienne, et Nous avons voulu y assister Nous-même avec plusieurs d'entre vous, avec tous ceux de Nos Vénérables Frères les Evêques qui demeurent dans Notre auguste cité et avec le Collège des Chanoines de cette Basilique, afin de rendre publiquement, par ces honneurs inaccoutumés, un témoignage particulier à la vertu de cette homme d'illustre mémoire.

Nous Nous confions dans cet espoir : l'Evêque qui, vivant, a tant aimé la France, la regardant avec amour, du royaume des cieux, obtiendra de Dieu, par ses prières, que toutes les erreurs et toutes les calamités en étant extirpées, la foi catholique, la vertu, la piété y croissent et y fleurissent chaque jour davantage au sein d'une véritable prospérité. Et ici, Vénérables Frères, il Nous est doux de donner à l'illustre nation française les louanges qui lui sont dues; car, au milieu mème des tems les plus agités et des plus tristes vicissitudes, elle n'a pas cessé de donner des marques éclatantes de son amour, de son dévouement, de sa vénération pour la Religion Catholique et pour cette Chaire de Pierre.

En terminant, lorsque le cœur rempli d'une incroyable affliction, Nous voyons à quelles incessantes et effroyables tempêtes la République chrétienne est partout en proie, et par quelles opinions monstrueuses les esprits des hommes, surtout des hommes sans prévoyance et sans expérience, sont déplorablement séduits et bouleversés au grand détriment de notre religion très-sainte et de la société civile elle-même, Nous ne pouvons Nous empêcher de mettre cette occasion à profit pour vous exciter, Vénérables Frères, et pour Nous exciter Nous-même à ne jamais cesser, ni le jour, ni la nuit, de crier, dans l'humilité du cœur, au Seigneur Notre Dieu, afin que, dans sa vertu toute-puissante, Il commande aux vents et à la mer, et que la tranquillité se fasse; et afin qu'il daigne, dans l'abondance de sa miséricorde, ramener heureusement les hommes égarés, de la nuit des erreurs et du bourbier des vices, aux voies de la justice et de la vérité.

Lettre de Pie IX à l'évêque de Vannes, sur le rétablissement de la liturgie

romaine.

On lit dans la Bretagne, journal de Vannes :

Vers la fin de l'année dernière, notre évêque s'adressa au souverain Pontife, et, après avoir exposé à Sa Sainteté l'état de notre diocèse, lui demanda ses ordres relativement à la liturgie.

Pie IX répondit qu'il verrait, avec joie et reconnaissance, le retour du diocèse de Vannes à la liturgie romaine, et qu'il ne pouvait qu'encourager ce projet de toutes ses bénédictions. Le vœu du Saint-Père connu, M. l'évêque s'empressa d'annoncer à son diocèse, qu'à partir du 1er janvier 1850, nous reviendrions à cette vieille et sainte liturgie romaine qui était la sienne il y a à peine soixante ans.

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