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le pape Benoît XIV brisa les chaînes dorées qui retenaient l'institut à cette dernière. Et ainsi, au moment où tout paraissait ruiné sans retour, de l'excès même du mal naquit un bien que les religieux euxmêmes ne tardèrent point à comprendre. Si la protection d'une puissance temporelle quelconque eût été nécessaire à un pareil établissement, celle de la France, pourvu qu'on la maintînt dans de justes limites', eût compensé bien amplement celle de la Sardaigne. La maison hospitalière devint moins riche, mais avec le besoin revinrent la bonne administration et l'économie.

On reconquit surtout la liberté religieuse si longtems opprimée, et certes, nous l'avons dit et nous le répèterons encore, cet avantage vaut mieux que les trésors et les faveurs des rois.

J. P. O. LUQUET,

Evêque d'Hésebon.

doubler nos vœux au ciel pour que toutes choses succèdent à la gloire de » Votre Majesté soit dans la guerre, soit dans les traités de paix, dans les» quels nous la prions très-humblement de ne pas nous oublier. Plaise au > Tout-Puissant vous donner, Sire, une couronne dans l'immortalité aussi » distinguée que celle qu'elle porte l'est sur toutes les autres de la terre, et » ici-bas une vie aussi longue que glorieuse ! Qu'il lui plaise encore bénir le › mariage de Monseigneur le Dauphin par une génération qui ne finisse » qu'avec les siècles! Notes de M. Rion, p. 113.

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1 Lorsque la bulle de Benoît XIV eut aussi considérablement diminué les yevenus du Saint-Bernard qu'elle le fit, les religieux sollicitèrent des secours de la France, qui accorda en effet au prévôt une pension de 186 louis, réduite de nos jours à 100. Mais comme les princes ne savent guère protéger l'Eglise sans s'immiscer aussitôt dans des choses où la liberté seule peut produire de bons fruits, le résident de France en Valais, M. Chaignon eut déjá trop de part à l'élection du prévôt français, Claude-Philippe Thévenot, élu le 26 septembre 1758. Cette nomination, en effet, excita dans la communauté des troubles où l'évêque de Sion et le résident de France prirent une part déjà trop active. — L'hospice supplémentaire bâti au Saint-Bernard à cette époque reçut le nom d'Hôtel Saint-Louis en l'honneur de la France.

Philologie Orientale.

TABLEAU DES PROGRÈS

FAITS DANS L'Étude

DES LANGUES ET DES HISTOIRES DE L'ORIENT PENDANT LES ANNÉES 1846 ET 1847.

Suite'.

9. rogrès dans l'étude de la littérature persane moderne.

La littérature persane moderne a reçu des accroissemens assez nombreux. M. Torrens a publié pour la Société de Calcutta, le texte persan d'une Histoire de Nadir-Schah, probablement la même que sir W. Jones a traduite; mais je n'ai pas de certitude sur ce point, l'ouvrage ne se trouvant pas en Europe.

Sir Gore Ouseley avait commencé, dans les dernières années de sa vie, à faire imprimer des notices sur différens auteurs persans3, et le comité des traductions de Londres a fait achever l'ouvrage après sa mort par M. Reynolds. Sir Gore était un homme d'esprit, d'un goût littéraire cultivé, qui, pendant un long séjour dans l'Inde et en Perse, avait formé une bibliothèque exquise de manuscrits persans. Il avait rédigé, sans ordre systématique, des notices et des traductions partielles d'une trentaine de ces manuscrits, et il se proposait de continuer ce travail que sa mort a interrompu, Son ouvrage, quoique fragmentaire, est une addition agréable et utile à nos connaissances sur la littérature persane.

M. Bland a publié, dans le Journal de la Société de Londres, un travail du même genre, mais plus systématique et plus savant, sur les auteurs qui ont traité de la biographie des poètes persans. Ce sont

Voir le 1er article, au no précédent, ci-dessus, p. 325.
Tareekh-i Nadiree. Calcutta, 1846, in-8°. (Prix : 8 roupies.)

• Biographical nolices of persian poets, with critical and explanatory remarks, by the late sir Gore Ouseley. Londres, 1846, in-8°. ( ccxxvi et 387 ). • On the earliest persian biography of poest, by Muhammed Aufi. and on

les préliminaires d'une histoire détaillée de la poésie persane qu'il sous presse, et qui doit paraître sous le patronage du comité des traductions.

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Plusieurs poètes persans ont trouvé d'habiles éditeurs et traducteurs. M. Graf a publié une traduction allemande du Gulistan de Sadi. On pourrait croire inutile une nouvelle version d'un livre aussi connu, mais on ne saurait refuser à M. Graf le mérite d'avoir su allier, dans sa traduction, une grande fidélité à une élégance remarquable. La prose rimée est imitée, et les pièces de vers sont traduites on vers; dans les cas douteux, l'auteur a suivi le sens indiqué par le commentaire de Sourouri. On doit les mêmes éloges à la traduction qui accompagne le texte persan du Beharistan de Djami, publié par M. Schlechta de Wsserhd 2, à l'imprimerie impériale de Vienne. Le Béharistan n'avait jamais été publié ni traduit en entier ; c'est un livre classique en Orient, qui ne le cède en popularité qu'au Gulistan, et dont une foule d'expressions sont devenues familières en Perse. La traduction est faite avec un art singulier, surtout quant à l'imitation de la rime et de l'allitération, si fréquente dans la prose persane, et si difficile à imiter dans une langues européenne.

M. Daumen a fait paraître une traduction allemande de Hafiz', suivie d'un choix d'autres poésies. Sa traduction n'est pas complète, et il n'aspire pas à être littéral; il traduit en poète et en admirateur enthousiaste de Hafiz.

M› Latouche a commencé la publication d'un ouvrage destiné à faire partie des chrestomathies orientales de l'école des langues dé Paris 4. Le cahier qui a paru comprend les textes que le volume doit

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some other works of the class called Tazkirat ul Shuara, by N, Bland. (Dans le Journal de la Societe asiatique de Londres, vol. ix.)

Molicheddin Sadis Rosengarten. Nach dem Texte und dem arabischen commentar Sururis aus dem persischen übersetzt mit Anmerkungen und Zugaben von Graf. Leipzig, 1846, in-12. (xx et 302.),ˆ

* Der Frühlingsharten von Méwlana Abdurrhaman Dschámi, aus dem persischen übertragen von Ottocar Maria von Schlechta Wssehrd. (En persan et en allemand.) Vienne, 1847, in-8°. (152 et 117 pages.)

Hafis, eine Sammlung persischer Gedichte, von G. F. Daumer. Hambourg, 1846, in-8°. (318 pages.)

♦ Pend-Nameh, ou le livre des Conseils de Moula-Firouz-Ben-Kaous, suivi

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contenir et sera suivi de commentaires, le plan de la collection excluant les traductions. Ces textes se composent du Pend-Nameh du célèbre Mobed Mollah-Firouz, mort à Bombay, il y a quelques années, et d'un certain nombre de pièces de Sadi, le grand prototype de tous les moralistes persans.

Un des membres étrangers de la Société, Kali-Krishna, a fait imprimer à Calcutta, sous le titre de Jardin des arts', un manuel de rhétorique. Les musulmans attachent à cette étude une importance qu'elle n'a pas, et lui sacrifient, dans l'éducation, un tems qu'elle ne mérite guère; mais il est indispensable de connaître leurs termes techniques et leurs théories sur ce sujet, si l'on veut étudier leurs poètes et surtout leurs commentateurs. C'est pour faciliter l'intelligence de ces formules que M. Garcin de Tassy a publié, dans votre journal, la traduction d'un traité fort complet sur cette matière⚫, qu'il a fait suivre d'une métrique augmentée des règles particulières à la poésie hindoustani.

M. E. Thomas, qui s'était déjà occupé des médailles des rois hindous de Kaboul, vient de publier un travail sur les médailles des Ghaznévides, dans lequel il montre, avec beaucoup de bonheur, l'usage que l'on peut faire des monumens de ce genre pour préciser et compléter même des parties de l'histoire aussi connues que celle des princes de Ghaznia.

M. Fleischer a traduit en allemand la grammaire de persan vulgaire de Mirza Mohammed, et y a ajouté d'utiles corrections *.

de plusieurs histoires du Bostan de Sadi et de son traité sur la politique, par E. Latouche. Paris, 1847, in-8°. (136 pages.)

1 Reaz-ul-Senaïh, or Garden of arts, an abrigdment of persian rhetoric with examples, compiled by Maharaja Kali Krishna Bahadur. Calcutta, 1847, Ain-8°. (80 pages.)

2 Prosodie des langues de l'Orient musulman, spécialement de l'arabe, idu persan, du turc et de l'hindoustani, par M. Garcin de Tassy. Paris, 1847, in-8. (167 pages.)

3 On the coins of the kings of Gahrni, by E. Thomas. Londres, 1848, in-8°. (120 pages, avec des planches.) Tiré du Journal de la Société asiatique 'de Londres, vol. 1x.

• Mirza Mohammed Ibrahim, Grammalik der lebenden persischen Sprache,

Enfin, M. Geitlin, professeur à Helsingfors, a publié une grammaire persane en latin' pour obvier à la difficulté que les étudians de l'université de la Finlande paraissent éprouver à se procurer des ouvrages imprimés à l'étranger. C'est un livre fait avec soin, d'après les anciennes méthodes, et bien approprié à l'enseignement élémentaire.

10. Progrès dans l'étude de la littérature turque.

M. Peiper, pasteur à Hirschberg, en Silésie, déjà connu comme orientaliste par une traduction du Bhagavad-Ghita, a tiré d'un traité de morale de Pir Mohammed, de Brousse, trois chapitres sur la pitié, la générosité et les bonnes œuvres; il les a traduits, commentés, el accompagnés d'un essai d'appréciation de la morale musulmane comparée à celle des chrétiens. L'original turc, imitation libre de l'Akhlak de Hosein Kaschefi, est composé, d'après le modèle général des moralistes persans, de préceptes appuyés sur des exemples, et résumés en vers; mais l'ouvrage est défiguré par le style extravagant habituel aux auteurs turcs.

M. Rosen, frère du traducteur du Rigvéda, que les lettres orientales ont perdu de si bonne heure, a traduit du turc la relation du voyage du scheikh Zein-el-Abidin dans l'intérieur de l'Afrique3. Ce scheikh est un de ces musulmans, moitié missionnaires, moitié marchands, qui exploitent le Soudan; il n'a que cela de particulier, que son principal but, dans ses voyages, paraît avoir été la recherche de la pierre philosophale. Ces docteurs, à la faveur du respect que leur connaissance du Koran et des livres de jurisprudence inspire aux princes musulmans de l'intérieur, traversent avec une sécurité entière

aus dem englischen übersetzt, zum Theil umgearbeitet und mit Anmerkungen versehen von Fleischer. Leipyig, 1847, in-8°.

1

Principia grammalices neo-persica, cum metrorum doctrinâ et dialogis persicis, edidit Gabriel Geitlin. Helsingford, 1845, in-8°. (352 pages.)

Das Kapitel von der Freigebigkeit von Pir Mohammed bin Pir Ahmed bin Chalil aus Brussa, aus der türkischen Handschrift übersetzt von Dr R. Peiper. Breslau, 1848, in-8°. (140 pages. )

3 Das Buch des Sudan, oder Reisen des Scheich Zain el Abidin in Ni gritien, aus dem ütrkischen übersetzt von Dr G. Rosen. Leipzig, 1847, in-8°. (110 pages.)

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