Page images
PDF
EPUB

NOTICE

SUR LES SOURCES MINÉRALES DE LA PROVince d'alger.

(Par M. VILLE, ingénieur en chef des mines.

La Province d'Alger est riche en eaux minérales de diverses natures, ainsi que le démontre la nomenclature jointe à ce rapport. Nous allons les passer en revue, en donnant sur chacune d'elles tous les détails que le service des mines a pu réunir.

Conformément à la classification suivie par le Docteur Anglada, dans son traité des eaux minérales des Pyrénées orientales, nous établirons, parmi les eaux minérales de la province d'Alger, les groupes suivants :

1° Eaux thermales simples, comprenant les eaux dont la composition générale est celle des eaux potables ordinaires, et qui ne se distinguent de ces dernières que par leur température élevée;

2o Eaux minérales sulfureuses;

3o Eaux minérales ferrugineuses; 4° Eaux minérales salines.

SI.

EAUX THERMALES SIMPLES.

1° Sources thermales des environs de Djelfa:

A 1.000 mètres environ en aval du moulin de Djelfa, vient se jeter, sur la rive droite de l'Oued Malah, un ravin sur les bords duquel émergent plusieurs sources thermales concentrées dans un espace de 5 à 6 mètres de longueur. Ces sources sortent à travers les fissures des grès crétacés;

elles n'ont ni saveur ni odeur particulière; elles débitent 1 à 2 litres environ par seconde, et servent à l'irrigation des terres. Leur température est de 29°.

7

2° Source thermale d'Aïn-Djerob, située à 5 kilomètres N. E. du Ksar-Zerguin.

Cette source dont la température est de 27°, débite de à 8 litres environ par seconde d'une eau limpide, un peu fade, surtout en raison de sa température élevée. Elle nourrit de nombreuses mélanopsides et des néritines; elle a donné lieu à un dépôt de gypse blanc, farineux, mêlé de calcaire terreux et au milieu duquel on voit beaucoup de tiges végétales spathisées, et dont le tissu organique a complétement disparu. Cette source thermale sort du milieu d'un amas de gypse métamorphique qui occupe une longueur de 500 mètres environ.

La composition de l'eau d'Aïn Djerob est indiquée dans le tableau A, analyse n° 1. Cette eau renferme par kilogramme 05,6977 de sels divers, parmi lesquels il y a oo,3814 de chlorure de sodium. Nul doute que, si elle était convenablement refroidie, elle ne pût constituer une eau potable de bonne qualité.

3 Source thermale d'Aïn-Kaddera.

L'Aïn Kaddera est située à 2 kilomètres SO de l'Aïn Zerguin, et à 96 kilomètres de Boghar. L'eau sort à gros bouillons par plusieurs larges fentes que présentent les couches crétacées. L'un des bouillons est à la température de 22°; tous les autres sont à la température de 26°, et comme ils sont beaucoup plus importants que le premier, le cours d'eau conserve la température moyenne de 26°; aussi peut-on considérer l'Aïn Kaddera comme une véritable source thermale. L'eau en est très-bonne à boire et

n'a aucun goût particulier; elle nourrit des mélanopsides et des néritines. Son débit est considérable et s'elève à 60 litres par seconde. La source surgit au fond d'un vaste entonnoir, de 50 mètres environ de diamètre sur 10 mètres de profondeur maximum, entaillé dans des couches dolomitiques dirigées N. 5o.° E. magnétique et plongeant au S. 40°. E. m. de 27°. En amont de l'entonnoir, il n'y a pas de ravin ; à l'aval, l'Oued Kaddera coupe une petite chaîne dolomitique à travers laquelle il pénètre dans la pleine saharienne de l'Oued Bettin. Des bouquets de palmier ombragent ses deux bouillons principaux. Un dépôt de poudingue saharien de o70 d'épaisseur s'observe autour des bouillons de la source.

L'Aïn Kaddera sert à l'irrigation des céréales.

4 Source thermale d'Aïn el Hammam, située à 28 kilomètres N. E. du caravanserail de Guett essettel, au N. du Zahrez-Chergui.

Cette source débite environ 4 litres à la seconde d'une eau limpide, dont le goût est agréable et ne présente rien de particulier. Sa température est peu élevée; elle était de 22 le 30 avril 1858, à 11 heures du matin. La température de l'air extérieur en plein soleil était de 31°. La source sort par deux points d'émergence, à travers les fissures d'un calcaire cristallin, gris-noirâtre, coupé par des veines spathiques blanches, au pied d'un escarpement vertical de 3 mètres de haut. Si l'on monte sur cet escarpement, on voit que c'est une cascade formée par un ravin descendant du N.N.O au S.S.E vers le Zahrez Chergui, et qui traverse, en amont de la source, une succession de grès quartzeux, de marnes grises et de calcaires marneux grisâtres. Un banc de calcaire marneux d'un mètre environ d'épaisseur est criblé de foraminifères de la forme et de la dimension d'une lentille; c'est l'Orbitolina-Lenticulata dù terrain néocomien.

Sur la rive gauche du ravin se trouve un plateau sableux de 400 mètres de long sur 200 mètres de large, couvert de végétation et susceptible d'absorber les eaux de pluies. Ce plateau peut contribuer en partie à l'alimentation de la source, mais il n'est pas assez étendu pour l'alimenter en entier. En effet, en admettant une hauteur annuelle d'eau de pluie de 0,50, ce qui est sans doute un maximum, le plateau recevra annuellement 4.0000.000 de litres correspondant à un débit moyen de 1',26 par seconde. On ne peut donc attribuer à cette cause qu'une très-minime partie du débit de la source. L'Aïn el Hammam est due à une cause plus générale; car l'escarpement au pied duquel elle émerge, se prolonge de l'E. m. à l'O. m., sur une longueur de 200 mètres environ; et, sur toute cette ligne, des bouquets de joncs indiquent des sources à peu de profondeur qui sont produites par la même cause que l'Aïn el Hammam. On peut attribuer toutes ces sources aux eaux de pluies qui tombent sur les couches crétacées du revers Sud de la chaîne et sont amenées vers le Sud par suite de la pente générale des couches. L'ondulation qui existe auprès de la maison de commandement, arrête sans doute le cours descendant de la nappe aquifère, et celle-ci se fait jour à travers les fissures que cette ondulation brusque a déterminées dans les roches. On pourrait, par suite du relief du terrain, amener au jour toutes les infiltrations indiquées par les bouquets de joncs; il suffirait de quelques tranchées peu profondes dans un terrain de transport. A l'aval, les terres de culture ne manqueraient pas pour l'établissement d'un petit centre de population: aujourd'hui il n'y a qu'un gardien arabe dans la maison de commandement.

On pourrait établir un centre de population européenne auprès d'Aïn el Hammam. La composition de l'eau d'Aïn el Hammam est indiquée dans le tableau A, analyse no 2. Cette

eau renferme par kilogramme 0,7780 de sels divers, parmi lesquels dominent les sulfates de chaux et de magnésie.

[blocks in formation]

1° Source sulfureuse froide d'Aïn Baroud, auprès
de Mouzaïa-les-Mines.

En descendant le cours du Bou Roumi, on trouve sur la rive droite de cette rivière, à 4 kilomètres O. environ du village de Mouzaïa-les-Mines, une petite source sulfureuse froide dont l'odeur se manifeste dans un rayon de 5 à 6 mètres. Cette source est connue des Arabes sous le nom d'Aïn Baroud (source de la poudre), nom qu'elle doit à son odeur. Elle fournit environ 1',50 par minute, soit o1,025 par seconde. Une pièce d'argent qu'on y plonge brunit fortement au bout de quelques minutes d'immersion. Cette source est froide et à la température d'environ 18°; elle laisse sur son lit un dépôt blanc de glairine. Elle sort à travers les fissures d'une couche de calcaire crétacé, gris, compacte, de 0,50 de puissance, surmonté par des assises successives de marnes grises fissiles et de calcaire qui sont dirigées E. 82° N. m. et plongent au N. 44°0. m. sous un angle de 23°.

A 40 ou 50 mètres au-dessus de la source sulfureuse, il y a un amas de gypse auquel la source d'Aïn Baroud, doit peut-être son caractère sulfureux.

2° Sources thermales de Hammam el Hamé.'

.

Ces sources sont situées à 8 kilomètres environ E.S.E. de la maison de commandement du Caïd des Caïds de l'Ouarenceris, sur les bords de l'Oued el Hammam. Il y a 4 sources sur la rive droite de la rivière et une cinquième sur la rive gauche; elles émergent à travers les argiles

« PreviousContinue »