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CHAPITRE QUATRIÈME

VÉGÉTATION NATURELLE DES FORÊTS

§ 1er.

Croissance des forêts.

Si parfois les forêts étalent tout le luxe de leur végétation sur des sols impropres à l'agriculture, en revanche, elles languissent rarement sur un sol assez fertile pour passer au régime agricole. Aussi, généralement, doit-on ne pas arracher une forêt où les arbres sont rabougris, à pousses annuelles courtes, à espaces interfoliaires étroits, et à couches annuelles de bois très-minces.

§ 2.

Essences qui peuplent les forêts.

La présence spontanée et la rapide végétation de l'orme diffus, de l'orme champêtre, de l'érable plane, de l'érable sycomore, de l'aune, du chêne pédonculé, du tremble, du tilleul à larges feuilles, des saules et des sureaux indiquent un sol frais et fertile, et presque toujours l'opportunité d'un défrichement, lorsque la plupart de ces essences se trouvent réunies dans la même forêt.

Le châtaignier et l'ajonc révèlent un sol riche en silice, mais trop pauvre en chaux pour que le froment, le trèfle, la luzerne et le sainfoin puissent y donner de pleines récoltes sans le secours d'engrais calcaires.

Au contraire, le cytise faux-ébénier, le poirier, le prunier, l'alizier blanc, l'if, le buis, le cornouiller måle, le pin d'Alep et le pin d'Autriche indiquent un terrain bien pourvu de calcaire.

Le mélèze, le cembro, l'épicéa et même le sapin

montrent un climat rigoureux, à saison végétative trop courte pour la plupart des plantes agricoles, et où les pâturages, si le sol est assez frais, pourraient seuls faire quelque concurrence aux forêts.

§ 3.

Plantes qui tapissent les forêts.

La bruyère commune indique un terrain siliceux, dépourvu de calcaire, pauvre d'bumus et assez aride; aussi sa présence et son abondance doivent-elles souvent détourner du défrichement.

Les oseilles, les oxalides et la matricaire montrent les glaises manquant de calcaire.

Au contraire, les coquelicots, les ononis et les chardons accusent la présence du calcaire.

Enfin, le mille-feuilles, la bardane, l'ortie et la pervanche avec ses tapis de fleurs et de verdure indiquent un sol frais et ordinairement fertile.

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Avant que d'une forêt on fasse des terres arables, il faut examiner si la population environnante pourra tirer un bon parti de ces terres; si elle est assez rapprochée pour les cultiver facilement; si elle est nombreuse et offre des bras disponibles pour de nouvelles cultures; si, forte et active, elle consacre son travail à l'agriculture ou à des industries exclusives payant de forts salaires; si, énervée soit par la débilité physique, soit par de longues habitudes de paresse, elle dédaigne les travaux des champs; si enfin elle est assez riche, soit pour acheter des terres,

soit pour les faire valoir au moyen de capitaux suffisants. Avec une population assez à proximité, considérable, laborieuse, agricole et riche, presque toujours on tirera un parti avantageux d'une forêt défrichée.

§ 2.

Salubrité de l'air.

Un air insalubre entrave les travaux de l'agriculture en débilitant et décimant la population. Il offre moins d'inconvénients pour l'exploitation des bois, parce que, d'un côté, on la fait ordinairement en hiver, tandis que les effluves fiévreux exercent leurs ravages surtout pendant la saison chaude; et que, d'un autre côté, la végétation forestière, ayant la propriété de désinfecter les miasmes paludéens, permet, même en été, au bûcheron de travailler sans péril là où le laboureur serait bientôt victime du mauvais air. Ainsi, en général, il faut respecter les forêts placées sous le vent de miasmes délétères.

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