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§ 3.

Facilité de la vente parcellaire.

Une population voisine et nombreuse donne souvent moyen de tirer d'une forêt défrichée un excellent parti par la vente parcellaire. On en reconnaîtra la possibilité à l'étendue des terres à vendre dans la localité et au nombre des habitants qui s'en disputent l'acquisition. Si le nombre des terres à vendre est très-petit comparativement à celui des amateurs, il y aura une concurrence suffisante pour assurer le succès d'une vente parcellaire calculée sur le nombre et les facultés des enchérisseurs. Les amateurs sont nombreux et solvables là où une population rurale abondante, active, économe et possédée du démon de la propriété n'a pas eu depuis longtemps de vente en détail capable de satisfaire son ambition. Alors, la vente parcellaire assure de grands bénéfices au propriétaire qui défriche ses bois, il en vend la terre sur le pied de 40 à 50 fois le revenu qu'elle

donnerait si elle était soumise au fermage. L'acquéreur, le manœuvre de l'agriculture ne perd pas à cette transaction, il trouve dans sa parcelle l'emploi de son temps perdu, il la défonce, la sature d'engrais, ce que le fermier ne pourrait faire, de crainte de se ruiner au profit de son propriétaire, et tire de sa terre et de son engrais une rente de 5 à 9 pour 100. C'est ce morcellement de la propriété foncière qui a créé la riche et florissante agriculture du nord, de l'est et d'une partie du midi de la France.

§ 4.

Nécessité de construire des bâtiments ruraux.

Si la proximité d'une population nombreuse à laquelle on peut vendre ou seulement louer ses terres doit exciter au défrichement, il n'en est plus de même lorsque l'éloignement et la rareté de la population forcent à élever des bâtiments pour y loger un fermier et ses ouvriers, ainsi que pour y abriter les récoltes et les bestiaux. La construction est alors

une charge très-lourde pour le propriétaire, et les sommes qu'il y dépense ne lui rapportent qu'une rente assez minime, parce qu'il bâtit dans une situation qui, faute de concurrence, est bien défavorable aux loyers. En pareille circonstance, il n'y a lieu de conseiller le défrichement que de terres devant être très-fertiles sous le système agricole.

§ 5.

Forêts non aménagées.

Les propriétés agricoles donnent un revenu, chaque année; mais il n'en est pas toujours de même pour les forêts. On ne peut couper celles-ci que lorsqu'elles sont exploitables; or, pour qu'une forêt présente annuellement des bois exploitables, il faut qu'elle soit aménagée en coupes ou bois d'âges gradués. Mais les partages héréditaires viennent souvent détruire les aménagements, et ne donnent aux copartageants que des parcelles à revenus irréguliers et satisfaisants mal aux besoins annuels de la vie hu

maine. Dans Dans une telle situation, le défrichement sera parfois le meilleur moyen pour rétablir l'annualité du revenu et sera surtout à conseiller au petit propriétaire, cultivant lui-même, et qui, n'ayant pas assez de terre pour occuper son train de culture, trouvera l'emploi le plus profitable de son temps perdu, en augmentant ses champs par le déboisement de sa parcelle de forêt.

§ 6.

Prix des produits forestiers et des produits agricoles.

Enfin les prix des produits donnés par la sylviculture et de ceux donnés par l'agriculture doivent être consultés pour décider du sort d'une forêt. On comprend, en effet, que ce n'est que par la comparaison de la récolte ligneuse et de la récolte agricole que l'on peut reconnaître la forme sous laquelle la jouissance sera la plus avantageuse, et que cette comparaison ne peut se faire que par l'application de leurs prix aux deux espèces de récoltes. Dans l'examen de ces prix, il ne faut pas négliger les variations qu'ils

doivent éprouver à l'avenir. A cet égard, si le prix des produits agricoles doit s'élever par l'accroissement du nombre des consommateurs, ainsi que par la dépréciation monétaire, il n'en est pas de même des produits forestiers, principalement de ceux abondant le plus dans les forêts particulières, à savoir les bois de charbonnage et de chauffage, lesquels, menacés par les perfectionnements économisant le combustible dans les foyers, et surtout par la concurrence toujours croissante du combustible minéral, ne verront leurs prix hausser en raison ni de l'accroissement de la population, ni de la dépréciation monétaire.

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