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§ 5.

Conclusion.

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Maintenant que, pour chaque parcelle, nous possédons deux estimations établies, l'une dans l'hypothèse de la conservation de la culture forestière, l'autre dans l'hypothèse du défrichement, nous n'avons qu'à comparer ces deux estimations pour reconnaître s'il y a opportunité de défricher.

Mais le jugement qu'alors on portera, pourra n'être pas irrévocable pour les parcelles dont la superficie n'a pas encore atteint l'âge de son exploitabilité, l'opportunité de leur défrichement pouvant n'exister qu'à cette époque. En effet, si l'on défriche, lorsque, trop jeune, la superficie ne peut donner que des bourrées sans valeur et aucun des produits recherchés par le commerce, tels que les fagots, la charbonnette et le rondin, on fait une perte considérable sur la superficie en l'exploitant prématurément, et l'on supprimerait cette perte en reculant le défrichement. En outre, ce n'est qu'à l'époque où la super

ficie est parvenue à son exploitabilité, que le sol forestier possède la couche la plus abondante de feuilles mortes et de terreau; car leurs principes fertilisants et les plus riches en azote ne se conservent que sous un couvert assez épais pour les abriter contre l'action desséchante et volatilisante du soleil et du vent. Ce n'est pareillement qu'à cette époque, que les plantes parasites, infestant les jeunes taillis, sont étouffées par le couvert, et sont moins à redouter pour les cultures qui succèderont au défrichement. Ainsi l'on voit qu'en général il convient de ne défricher les bois qu'au fur et à mesure de leur exploitabilité. En conséquence, pour juger de l'opportunité de défricher une parcelle de bois non encore exploitable, il ne suffira pas d'estimer et comparer la valeur actuelle de cette parcelle suivant qu'elle sera conservée en bois ou défrichée immédiatement; il faudra en outre estimer sa valeur, dans ces deux hypothèses pour l'époque où sa superficie deviendra exploitable, et ce sera de la comparaison des deux valeurs obtenues par cette dernière manière que devra surtout dépendre le sort de la parcelle examinée.

D'ailleurs, nous observerons que les défrichements

sont des spéculations chanceuses, et qu'on doit faire une part assez large aux mécomptes qu'on en éprouve trop fréquemment. Aussi ne conseillons-nous que les défrichements qui paraissent devoir être fort lucratifs, et même de ne les exécuter que successivement au fur et à mesure de l'exploitabilité de la superficie. Au moyen de cette dernière précaution, on ne fera pas de perte sur la superficie, soit en la coupant trop jeune, soit en la coupant tout à la fois ce qui en avilirait le prix, parce qu'elle dépasserait les besoins de la consommation locale; on exécutera le défrichement à meilleur compte, parce que les ouvriers de la localité pourront le faire à temps perdu; on livrera le sol à l'agriculture au moment où il sera le plus riche d'engrais forestier et le plus débarrassé de la végétation parasite; enfin si les premières parcelles défrichées ne donnaient pas le bénéfice sur lequel on a compté, il serait encore temps de s'arrêter pour les autres et de les conserver en bois, si la production forestière venait à être reconnue la plus avantageuse.

DEUXIÈME PARTIE

Exécution du défrichement

CHAPITRE PREMIER

SOINS A PRENDRE PENDANT LE DÉFRICHEMENT POUR

CONSERVER LA RICHESSE DU SOL FORESTIER

§ 1".

Le sol forestier est riche à la surface.

Par leurs racines, les arbres des forêts puisent dans le sol divers éléments nutritifs dont ensuite ils déposent une partie à la surface du sol avec leurs feuilles qui le couvrent comme d'un tapis. Ce n'est pas seulement d'éléments pris dans le sol, mais encore

d'éléments empruntés à l'atmosphère et notamment de principes carbonnés et azotés, que les feuilles enrichissent la surface du sol. Les feuilles vivantes de chêne et de hêtre renferment les 0,0117 de leur poids en azote; celles de peuplier, les 0,0054; celles de poirier, les 0,0136; tandis que l'engrais normal des fermes n'en contient que les 0,0040.

D'ailleurs la production foliacée est très-considé– rable dans les forêts. Ainsi un massif de hêtre en futaie d'une bonne végétation donne, annuellement, à l'hectare, 11.600 kilogrammes de feuilles vertes, suivant T. Hartig, et 12.000 kilogrammes de feuilles sèches suivant Bartels. Bornons-nous au modeste rendement de 10.000 kilogrammes de feuilles

vertes, cela représente 117

quantité contenue dans 4333

kilogrammes d'azote,

kilogrammes de fro

ment avec sa paille. D'après nos expériences, un hectare de massif de chêne bien venant produit annuellement 5000 kilogrammes de feuilles vertes, s'il est peuplé de chêne rouvre, et 4300 kilogrammes, s'il est peuplé de chênes pédonculés; cela donne, pour la dépouille annuelle de feuilles du massif en chêne rouvre, 58 kil. 5 d'azote, quantité contenue

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