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ENCYCLOPÉDIE MODERNE.

TOME DIX-HUITIEME.

I. Riste.

PARIS.

TYPOGRAPHIE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES,

RUE JACOB, 56.

MODERNE.

DICTIONNAIRE ABRÉGÉ

DES SCIENCES, DES LETTRES, DES ARTS,

DE L'INDUSTRIE, DE L'AGRICULTURE ET DU COMMERCE;

NOUVELLE ÉDITION,

ENTIÈREMENT REFONDUE ET AUGMENTÉE DE PRÈS DU DOUBLE,

PUBLIÉE PAR

MM. FIRMIN DIDOT FRÈRES,

SOUS LA DIRECTION

DE M. LÉON RENIER,

SECRÉTAIRE TRÉSORIER DE LA BIBLIOTHÈQUE DE L'UNIVERSITÉ,
MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE DES ANTIQUAIRES DE FRANCE,
CORRESPONDANT DE L'INSTITUT ARCHÉOLOGIQUE DE ROME.

Tome Dix-Huitième.

PARIS,

FIRMIN DIDOT FRÈRES, ÉDITEURS,

IMPRIMEURS-LIBRAIRES DE L'INSTITUT DE FRANCE,

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MODERNE,

OU

DICTIONNAIRE ABRÉGÉ

DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS.

1. (Grammaire, etc.) Cette lettre est le neuvième caractère et la troisième voyelle de l'alphabet latin, ainsi que de ceux des langues tant néo-latines que germaniques. Elle correspond au yod des Sémites. Le nom de celui-ci signifie en hébreu main, et rap pelle sans doute le caractère figuratif dont ce signe alphabétique dérive. Disons toutefois que le yod hébraïque, qui ressemble à une apostrophe inclinée à gauche, ne s'éloigne guère moins que l'iota grec, qui n'est, comme notre I, qu'un trait perpendiculaire, de l'hiéroglyphe auquel ils ont succédé.

Pour produire la valeur phonétique que représente la lettre qui nous occupe, laquelle est qualifiée de dentale par Conrad Amman, dans sa Dissertation sur la parole, et de palatale par John Wallis dans sa Grammaire, il faut d'abord que la langue s'élève vers le palais de manière à n'en être plus séparée que par un fort petit intervalle, et s'élargisse assez pour toucher par ses côtés les molaires supérieures, les angles ou commissures des lèvres atteignant en même temps leur plus grand degré d'écartement. Le souffle sonore, en sortant de l'étroit passage que lui laissent les organes de la parole, disposés comme nous venons de le dire, fait entendre un I. On doit attribuer à l'extrême rétrécissement du tube vocal, nécessaire à l'émission de cette voyelle, la nature claire et aiguë du son qu'elle rend, son qui est, de tous, celui qui permet à la voix d'atteindre le degré le plus élevé dans l'échelle des tons.

Platon dit que la voyelle i convient particulièrement pour exprimer soit les choses subtiles et pénétrantes, soit les objets délicats et faibles. Les Grecs l'employaient beaucoup dans leurs diminutifs, et les rhéteurs

ENCYCL. MOD. T. XVIII.

I

latins admiraient au même point de vue sa fréquente répétition dans ce vers de Virgile : Accipiunt inimicum imbrem, remisque fatiscunt.

Le yod sémitique est, selon les orientalistes, essentiellement consonne. Dans bien des cas cependant il paraît équivaloir à un i long. En grec, l'iota n'était jamais qu'une simple voyelle. En latin, l'i était considéré tantôt comme une consonne, tantôt comme une voyelle. Il était généralement consonne s'il se trouvait placé devant une voyelle dans un mot d'origine italique tel que Ianus, coniicio, qui ne se sont qu'à une époque assez tardive écrits Janus et conjicio. Il était voyelle au contraire dans les mots d'origine grecque tels que iambus, dont nous avons fait iambe, nom d'une espèce particulière de pied dans la versification des anciens. Sa valeur dans les noms d'origine hébraïque était variable, puisque c'était celle d'une consonne dans Iudæus, et celle d'une voyelle dans Iacobus.

L'i avait aussi autrefois chez nous deux valeurs. Ramus est le premier de nos auteurs qui ait uniformément donné la forme du jà l'ancien i consonne. La valeur de cet i consonne, à ce qu'il paraît, n'était nullement chez les Latins celle qui forme chez nous l'articulation initiale des mots Juifs et Jacques; mais c'était celle que les Allemands lui donnent dans leurs mots correspondants Jude et Jacob, c'est-à-dire une articulation identique à l'y an glais dans yes, yacht, etc., et même à notre I dite mouillée.

C'est le son de l'i consonne qui se trouve lié à celui de certaines voyelles dans plusieurs alphabets, tels que le russe, où il forme le premier élément des sons composés ié, iou, ia, représentés par les caractères ₺, 10, я.

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