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DU MÊME AUTEUR

COMMENTAIRE DE LA LOI SUR LES ORDRES (1859).
COMMENTAIRE DE LA LOI DES COALITIONS (1864).
DEMOCRATIE ET LIBERTÉ (1867).

LE 19 JANVIER (1869).

UNE VISITE A LA CHAPELLE DES MÉDICIS (1872).
LAMARTINE (1874).

PRINCIPES ET CONDUITES (1875).

LE MINISTÈRE DU 2 JANVIER, MES DISCOURS (1875).
CONCILE DU VATICAN (1877).

THIERS A L'ACADÉMIE (1879).
LIBERTÉ DES SOCIÉTÉS (1880).

LE PAPE EST-IL LIBRE A ROME? (1882)

LE CONCORDAT EST-IL RESPECTE? (1883).

LE CONCORDAT ET LA SÉPARATION DE L'ÉGLISE ET
L'ÉTAT (1885).

LE CONCORDAT ET LE GALLICANISME (1885).

MANUEL DU DROIT ECCLÉSIASTIQUE (1885).

1789 ET 1889 (1889).

MICHEL-ANGE (1892).

DISCOURS POUR LE PRIX DE VERTU (1892).

SOLUTIONS POLITIQUES ET SOCIALES (1894).

DE

L'EMPIRE LIBÉRAL, tome Ier, le principe des Nationalités (1895).

MARIE MAGDELEINE, récit de jeunesse (1896).

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L'EMPIRE LIBÉRAL

ÉTUDES, RÉCITS, SOUVENIRS

:

LIVRE II

LES IDÉES, LES SENTIMENTS,
LES ACTES DU PRINCE NAPOLÉON

JUSQU'AU COUP D'ÉTAT

UNIV OF

Quand Priam s'est assis devant cet Achille dont les mains terribles, dont les mains meurtrières avaient versé le sang d'Hector et de la plupart de ses enfants, il commence à le considérer il est étonné de le voir si beau, si grand, si plein de majesté. Achille, de son côté, quoique le cœur encore plein du désespoir de son Patrocle perdu, n'est pas moins frappé de la haute mine et de l'air de grandeur qui éclatent sur toute la personne de Priam et de la sagesse de ses propos. Les hommes de véritable vaillance jugent de même ceux contre lesquels ils ont le plus âprement combattu, auxquels ils ont donné et desquels ils ont reçu des blessures. Qu'ils réussissent ou non à les vaincre, ils ne les outragent pas, et même dans l'emportement de la

T. II.

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mêlée, ils ne méconnaissent ni leur majesté, ni leur grandeur, ni leur sagesse. Combien nous sommes éloignés de cette longanimité équitable! Au moindre dissentiment nous refusons à celui en qui nous voyons un adversaire les dons et les vertus dont il est le plus manifestement doué, et nous nous acharnons à faire grimacer en caricature le plus noble visage. Il nous est contraire, donc il n'a aucune valeur ni intellectuelle, ni morale. Est-il orateur, on lui refuse l'éloquence. Est-il écrivain, on lui conteste le style. Est-il un politique, il manque d'honneur ou tout au moins de clairvoyance et d'habileté. Sous le règne de Louis-Philippe, le maréchal Soult avait perdu ou gagné la bataille de Toulouse, suivant qu'il était au pouvoir ou dans l'opposition. On m'a conté qu'un professeur allemand, narrant l'histoire de France, se bornait à reproduire sur chacun de nos gouvernements les opinions de nos historiens qui lui étaient contraires. Les Girondins jugeaient la Montagne, les montagnards la Gironde, les républicains Napoléon Ier, les bonapartistes la Restauration, et les uns et les autres Louis-Philippe. Il concluait, au milieu des applaudissements joyeux de son patriotique auditoire, que, de l'aveu combiné de nos propres écrivains, nous étions une nation couarde, sotte, incapable de prévoyance, de suite et de bon sens, en tout point méprisable.

Aucun personnage historique n'a été, autant que l'empereur Napoléon III, en proie au dénigrement systématique et déchaîné. Tout en lui,

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