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autre époque, car il étoit essentiel que notre marche ne fût pas entravée par des articles purement facultatifs et réglémentaires, dont une assemblée législative est aussi capable qu'une convention natio nale; et il faut toujours distinguer entre une constitution et le mode d'exécuter cette constitution. Enfin, une certaine série de bonne lois est venue frapper nos regards et sourire à nos espérances; telles, par exemple, que les fêtes nationales, l'instruction publique, l'adoption, etc. etc. Mais, fidèles à la précision constitutionnelle, nous nous sommes sévèrement interdit le bonheur de vous entretenir de ces lois, parce qu'elles appartiennent aux institutions sociales. II les faut réserver pour un catalogue part, d'où dérive la législation civile. En un mot, nous avons été obligės, pour procéder avec ordre, de séparer trois opérations essentiellement distinctes: la

constitution, le mode de l'exécuter, et le tableau des institutions. C'est de l'acte constitutionnel que nous avons seulement à vous rendre compte.

Tout ce qu'il y a d'indispensable à cet égard, et de fondamental, nous nous sommes efforcés de le réduire en quatrevingts articles. Le mérite d'une constitution doit être dans une combinaison forte, qui créant une réalité à des idées philosophiques, maintienne tous les élémens du corps social à leur place; mais son mérite extérieur ne peut consister que dans la brièveté qui convient à des républicains. Plus un peuple est immense ou agité, plus il importe de n'offrir à son assentiment que les premières conséquences de ces axiômes, irrésistibles et pures comme la lumière dont elles émanent; plus il est pressant que ce peuple se démontre à lui-même qu'il possède des lois, qu'on vouloit son

bonheur, afin que le fantôme de l'anarchie s'évanouisse devant un systême ordonné, et que les esprits foibles, réconciliés avec la cause populaire, ne soient pas plus long-temps les instrumens aveugles des esprits malveillans.

La puissance des législateurs est toute entière dans leur génie. Leur génie n'est grand que lorsqu'il force la sanction, et qu'il recule les conventions nationales.

Nous vous devons Fexplication des motifs qui nous ont dirigés dans plusieurs points capitaux.

Nous avons fait d'abord l'attention la plus sérieuse au principe de la représentation. On sait qu'elle ne peut être fondée que sur la population, sur-tout dans une république aussi peuplée que la nôtre. Cette question ne peut plus être douteuse aujourd'hui que dans l'esprit des riches, accoutumés à se calculer autrement que les autres hommes, I

s'ensuit que la représentation doit être prise immédiatement dans le Peuple; autrement, on ne le représente pas. La monarchie s'isole et se retire sur des sommers, d'où elle distribue le pouvoir. Le Peuple au contraire reste sur la base, où il se distribue lui-même et s'unit. Pour parvenir à cette volonté générale, qui, dans la rigueur du principe, ne se divise pas, qui forme une représentation et non pas des représentans, nous aurions voulu qu'il eût été possible de ne faire qu'un seul scrutin sur tout le Peuple. Dans l'impossibilité physique d'y réussir, après avoir épuisé toutes les combinaisons et tous les modes quelconques, on sera forcé d'en revenir, comme nous, au moyen le plus naturel et le plus simple, à celui que nous avons consigné dans notre projet. Il consiste à faire nommer sur un seul scrutin de liste, un député par chaque réunion de cantons

formant une population de 50,000 ames! Il ne peut pas y avoir une autre manière. On approche par-là aussi près qu'il est possible de la volonté générale; recueillie individuellement ; et il devient vrai de dire que les représentans sortent du recensement de cette volonté par ordre des majorités. Toute autre tentative dans ce genre seroit infructueuse et erronée. Si vous usez, comme on a fait jusqu'à présent, du mode des assemblées électorales, vous anéantissez le principe démocratique de la représentation; vous n'acquérez pas même une ombre de majorité, vous renversez la souveraineté. Si vous croyez épurer les scrutins par des listes doubles ou triples, ou par des ballotages, vous vous trompez. Borné à un scrutin définitif, le peuple eût été intéressé à faire les meilleurs choix : vous abusez de sa raison et de son temps par des complications superflues; vous le

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