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formellement reconnue par le droit public comme le principe fondamental de la société religieuse.

L'erreur de Nestorius était à peine condamnée par le sentiment général de l'Église que l'on constata l'apparition de l'erreur diamétralement opposée. Eutychès, archimandrite de Constantinople, enseignait le monophysitisme, qui réunissait en une seule les deux natures de Jésus-Christ.

Déposé par un concile assemblé à Constantinople, Eutychès en appela auprès du Pape, qui confirma tous les actes du

concile.

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Saint Pierre Chrysologue écrivait à Eutychès: ...Nous vous exhortons sur toutes choses, bien-aimé frère, à vous » soumettre à ce qui a été écrit par le bienheureux Pape de Rome, car saint Pierre, qui vit et préside sur son siège, » donne la vérité de la foi à ceux qui la cherchent.

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Eutychès obtint de Théodose la convocation d'un concile qui devait être œcuménique. Mais l'assemblée ne forma qu'un conciliabule, flétri dans l'histoire sous le nom de brigandage d'Éphèse.

Les légats du Pape furent maltraités et menacés de mort et Dioscore, nommé président par l'eunuque Chrysophius, osa prononcer l'excommunication contre le Pape lui-même.

Théodose confirma par un décret tout ce qui s'était passé au brigandage d'Éphèse.

Saint Léon, dans un concile tenu à Rome, cassa tous les actes du faux concile d'Éphèse et réhabilita ceux que ce concile avait injustement condamnés.

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Il écrivait à Théodose : « Laissez aux évêques la liberté de défendre la vraie foi, que, du reste, aucune puissance humaine ne pourra jamais détruire. Quand nous plaidons » la cause de l'Église, c'est la cause de votre empire et de » votre salut que nous soutenons... »

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L'empereur Marcien (450) travailla à la pacification de l'Église et, de concert avec le Pape, convoqua le concile de Chalcédoine, sur la côte de l'Asie-Mineure.

84. Concile de Chalcédoine.

Cinq cents évêques s'y

réunirent (451), sous la présidence des légats du Pape.

A la lecture des lettres doctrinales du Pape, les évêques s'écrièrent : « C'est la foi de nos pères, c'est la foi des apôtres! Pierre a parlé par la bouche de Léon. C'est cette que nous tenons tous! »

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foi

Le concile proclama l'existence des deux natures en JésusChrist et condamna Dioscore, qui fut anathématisé et exilé. « Nous déclarons d'une voix unanime, disaient les évêques, que l'on doit confesser un seul et même Jésus-Christ Notre Seigneur, parfait dans la divinité et parfait dans l'humanité, » vraiment Dieu et vraiment homme... »

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85. Prétention du patriarche de Constantinople condamnée par le Pape. Cette expression nette et précise du dogme fut accueillie par les acclamations unanimes des Pères.

L'empereur Marcien, pour donner plus de solennité à la lecture de cette profession de foi, assista en personne à la session où elle eut lieu. Il déclara que, à l'exemple de Constantin, il n'avait voulu entrer dans cette sainte assemblée que pour appuyer de l'autorité impériale les décisions du concile et non pour géner la liberté du suffrage.

L'harmonie du concile fut troublée par l'éternelle prétention des patriarches de Constantinople, qui voulaient élever leur siège au second rang dans l'Église et leur attribuer la primauté après celui de Rome.

Le vingt-huitième canon fut rédigé dans ce sens. Mais les légats protestèrent et appuyèrent leurs protestations par la lecture du sixième canon de Nicée:...Le pontife romain a

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puissance sur tous les patriarches. Il est leur prince et > leur chef, comme saint Pierre lui-même, à qui a été donnée la puissance sur tous les princes chrétiens et sur leurs peuples parce qu'il est le vicaire de Notre Seigneur JésusChrist... >>

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Le Pape refusa d'approuver le vingt-huitième canon, et, dans ses lettres à l'empereur, il confirma tout ce qui avait été réglé sur la question dogmatique en repoussant l'entreprise ambitieuse du patriarche de Constantinople.

86. Attila recule devant saint Léon. - Pendant ce temps, Attila, le plus terrible des destructeurs d'hommes, dévastait le monde. Il disait de lui-même: L'étoile tombe, la terre tremble; je suis le marteau de l'univers; l'herbe ne croît plus partout où le cheval d'Attila a passé.

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La terreur de ses armes avait fait transférer le cor.cile de Nicée (en Illyrie) à Chalcédoine.

Il avait dévasté et ruiné l'Italie; l'empereur Valentinien III s'était réfugié dans Rome. La dernière heure de l'empire semblait venue. Saint Léon conjura le péril.

Attila, saisi de respect à la vue de ce grand pontife, dont la réputation avait pénétré jusqu'au fond de la Tartarie, écouta favorablement ses propositions et quitta l'Italie pour se retirer au delà du Danube (452).

Saint Léon rentra dans Rome en triomphe et le peuple lui décerna le nom de « Grand ».

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87. Les évêques orientaux veulent assimiler au Pape l'évêque de Constantinople. Toutefois, les évêques orientaux voulurent maintenir le vingt-huitième canon; malgré les légats et les commissaires impériaux, tous, en reconnaissant que la primauté et le premier rang honorifique devaient être conservés à l'archevêque de l'ancienne Rome, déclarèrent que les privilèges devaient aussi être accordés à l'archevêque de la nouvelle Rome et qu'il avait le droit d'ordonner les métropolitains dans les diocèses de l'Asie, etc. C'était le germe de la séparation entre l'Église catholique et l'Église

grecque.

88. Le Pape refuse d'approuver les canons disciplinaires du concile. - Le synode demanda au Pape saint Léon la confirmation de ses canons disciplinaires et notamment de celui qui réglait la situation hiérarchique de l'évêque de Constantinople.

Mais le Pape s'y refusa en reproduisant la théorie de saint Damon Les canons de Nicée devaient, disait-il, conserver » leur valeur jusqu'à la fin des temps, et ce qui leur était opposé devait être cassé. Il fallait respecter la dignité que

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le siège d'Alexandrie avait obtenue à cause de Marc le disciple de Pierre, et il fallait laisser le troisième rang à Antioche où Pierre avait prêché et où était né le nom des » chrétiens. "

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89. Le Pape maintient le canon du concile de Nicée quant à la suprématie de l'évêque de Rome. On affirme que « les débats » de ce synode présentent, au point de vue du droit public, un intérêt considérable; on y voit pour la première fois l'évêque → de Rome élever certaines prétentions à l'hégémonie ecclésiastique, prétentions qui sont ouvertement repoussées par les évêques orientaux ».

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Or, nous venons de voir que le Pape maintint, à cet égard, les prescriptions du sixième canon de Nicée portant: ... Le pontife romain a puissance sur tous les patriarches. Il est leur prince et leur chef comme saint Pierre lui-même. »

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C'était donc conformément à une tradition constante et non pour la première fois que l'évêque de Rome prétendait à la suprématie spirituelle.

Les efforts des évêques de Constantinople pour élever leur siège au-dessus de toutes les églises d'Orient échouèrent, malgré le crédit des empereurs grecs, contre la ferme et constante résistance des souverains pontifes.

90. Confirmation de cette suprématie. Les monophysites persécuteurs furent réprimés et chassés par l'empereur: les débris de cette secte existent encore en Orient.

Tous les évêques de l'univers recouraient à la décision de saint Léon.

Qu'on se rappelle Rome sauvée une première fois de l'invasion d'Attila, une seconde fois du meurtre et de l'incendie que lui apportait Genséric, roi des Vandales, l'Orient délivré des fureurs de l'Eutychianisme et se rattachant à la chaire de saint Pierre pour marcher avec l'Occident sous l'influence de la grande unité romaine, et l'on concevra comment la postérité a consacré le surnom de « Grand » donné par la reconnaissance publique au pontife qui accomplissait tant de merveilles

au milieu de révolutions incessantes, de trônes brisés, d'empereurs égorgés et d'un monde en ruines.

Le mouvement qui porta l'Église à prendre la direction des affaires temporelles, et qui nous montrera son action toujours croissante, dans les grands événements politiques fut un mouvement spontané et naturel des peuples qui venaient d'eux-mêmes se grouper autour du seul centre qui eût force et vie.

L'instinct de la conservation ralliait les peuples vaincus sous la protection du Pape et des évêques; une supériorité morale reconnue inclinait devant leur autorité les nations victorieuses; tout ce qui abaissait l'empire de la Rome terrestre contribuait à élever celui de la Rome chrétienne.

CHAPITRE IX

RIVALITÉ DE ROME ET DE CONSTANTINOPLE

91. L'empereur Zénon et l'Hénoticon. Maintien de la primauté de Pierre. Le synode de Chalcédoine ne put rétablir l'union dogmatique. Les hérétiques réagissaient contre les efforts de l'empereur Zénon pour maintenir la foi catholique en Orient.

L'empereur demandait au Pape Simplicius la validation de l'élection irrégulière du patriarche d'Antioche. Le Pape répondit : « Comme vous avez cru ne pouvoir apaiser les sédi

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tions d'Antioche qu'en ordonnant pour cette ville un évêque à » Constantinople, en réservant toutefois pour l'avenir à l'assem» blée des évêques d'Orient l'ordination de l'évêque d'Antioche, l'apôtre saint Pierre reçoit votre promesse et votre serment » pour que cet acte exceptionnel ne puisse être, dans la suite, invoqué comme établissant un droit.

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Il écrivait encore à Acace, son légat à Constantinople: « Il semblait qu'il ne restait plus qu'à rendre grâce à Dieu et » à nous réjouir de ce qu'un évêque catholique eût succédé sans troubles à l'évêque défunt et à donner à son autorité

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