Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]
[ocr errors]

"

par le consentement du Siège apostolique la solidité désirée. Cependant, je viens de recevoir de l'empereur des lettres qui représentent Jean Talaïa comme indigne de ces hautes fonctions. J'ai donc suspendu la sentence de confirmation..."

Ces paroles établissent le droit du Pape sur la confirmation des évêques et sa suprématie sur l'Église universelle.

L'empereur Zénon voulait mettre fin aux querelles religieuses et prétendait apaiser des discussions qui devaient rester étrangères à son autorité.

Il publia l'édit fameux connu sous le nom d'Hénoticon. On n'y retrouve que confusion, incohérence, contradiction et abus de pouvoir. Il veut s'en tenir exclusivement au concile de Nicée et admet plus loin la définition du concile d'Éphèse et les douze chapitres de saint Cyrille. Il rejette et il admet en même temps le concile de Chalcédoine. Il usurpe enfin le pouvoir spirituel, n'ayant pas qualité pour définir la vérité et l'erreur et, bien moins encore, pour excommunier ceux qui penseraient autrement que lui.

"

Le Pape Simplicius déclara que l'Hénotique n'avait aucune valeur et le Pape Félix III excommunia Acace: « Vous avez, » disait le Pape, protégé les hérétiques, ennemis du concile de Chalcédoine ; vous avez maintenu un intrus sur le siège épiscopal d'Alexandrie; vous avez exercé la violence contre les pacifiques ambassadeurs du Siège apostolique; vous avez > refusé d'obéir aux saints canons... »

"

"

Il est donc inexact de dire que, l'Hénoticon ayant été rédigé par Acace, le Pape saisit cette occasion pour fulminer l'anathème contre un rival qui lui disputait l'empire de l'Église.

[ocr errors]

66

Le décret portait : Qu'il ne soit jamais délié des liens » de l'anathème. On conclut de là que le Pape interdisait à Dieu même la miséricorde, en feignant d'ignorer que le maintien de la condamnation est toujours conditionnel et suppose que le coupable persévère et s'obstine. L'Église admet toujours le repentir et le pardon.

Le prétendu édit d'union (Hénoticon) avait porté le trouble

parmi les orthodoxes et jeté la division au sein des hérétiques eux-mêmes. Il commençait le schisme entre l'église de Constantinople et l'Église romaine, centre d'unité, source d'autorité et dépositaire de la foi.

Un nouveau concile, convoqué à Rome par le Pape saint Félix III, proclama le successeur de saint Pierre : « Il est de tradition que ce successeur règle et prononce en dernier res» sort puisque c'est à lui qu'appartient la sollicitude de toutes les Églises. Il en est le chef; c'est à lui que Notre Seigneur » a dit dans la personne du prince des apôtres : « Vous êtes

[ocr errors]

"

"

"

pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église et les portes

» de l'enfer ne prévaudront pas contre elle. »

Nous voyons

donc à chaque instant s'affirmer la suprématie de l'évêque de Rome.

Théodoric, roi des Ostrogoths, vainquit Odoacre, roi des Hérules, et soumit toute l'Italie; mais saint Félix sut maintenir et faire respecter l'autorité du Siège apostolique.

Rome, prise et reprise par les Barbares, n'était plus qu'un amas de ruines. Le pouvoir politique avait disparu.

L'autorité religieuse y suppléait par le respect qu'elle inspirait aux Barbares et par l'assentiment unanime des peuples, qui ne trouvaient de refuge que dans la papauté (voyez 202 et 221).

"

[ocr errors]
[ocr errors]

Le Pape Gélase proclamait l'œcuménicité du concile de Chalcédoine. Examinant la validité du vingt-huitième canon, qui accordait le privilège du deuxième rang à l'évêque de Constantinople, il disait : « Toute l'Église reçoit sans difficulté ce que le concile a décidé de concert avec l'autorité du siège apostolique. Mais ce qui a été résolu contrairement à l'ordre de ce siège romain, contredit aussitôt par les légats du souverain pontife, n'a jamais été approuvé ni ratifié par le Pape, quelques instances que lui en fît l'empereur Marcien. Anatolius luimême, alors évêque de Constantinople, protestait que la validité de cette sentence dépendait de l'approbation du pontife de Rome. Or, celui-ci, loin de la confirmer, » s'est toujours élevé formellement contre elle. Donc cette sen>tence est nulle de plein droit et le vingt-huitième canon du concile de Chalcédoine est non avenu. »

[ocr errors]

"

"

Saint Gélase maintenait les traditions de grandeur, de noblesse et de fermeté du Saint-Siège. Il insistait auprès des évêques d'Orient sur la soumission due à l'autorité de l'Église

romaine.

"

66

Par quelle raison, disait-il, et sur quel fondement se > croit-on obligé de déférer aux autres sièges si l'on s'affranchit » de l'antique respect dû au siège de Pierre, de ce premier siège par qui toute dignité sacerdotale a toujours été fortifiée > et affermie, dont la prérogative suprême a été proclamée par » l'unanime et invincible jugement des trois cent dix-huit » Pères de Nicée qui se rappelaient ces paroles du Seigneur : Vous êtes Pierre et sur cette pierre j'édifierai mon Église."

"

"

[ocr errors]
[ocr errors]

Perosès, roi des Perses, fit périr les catholiques dans les supplices. Les Arméniens détruisirent les armées persanes et conquirent le droit de rester chrétiens (481).

En même temps, la nation des Francs plus tard appeler la fille aînée de l'Église

à la foi.

[ocr errors]

[ocr errors]

qu'on devait

se convertissait

92. Conversion de Clovis. La primauté de Rome est confirmée par Justinien. Clovis, vainqueur à Tolbiac (496), se fit instruire par saint Remy. Écoutant le récit de la passion de Jésus-Christ, il s'écria : « Que n'étais-je là avec mes Francs! »

Il demanda le baptême, qu'il reçut des mains de saint Remy. L'évêque lui dit : « Courbez la tête fier Sicambre; > brûlez ce que vous avez adoré et adorez ce que vous avez » brûlé. "

"

Le Pape saint Anastase lui écrivait : « Nous vous félicitons, glorieux fils, de ce que votre conversion à la foi chrétienne > concourt avec notre promotion au pontificat. La chaire de saint Pierre pourrait-elle ne pas tressaillir d'allégresse » quand elle voit la plénitude des nations accourir vers elle, quand elle voit le filet que ce pêcheur d'hommes a reçu > ordre de jeter dans ce monde se remplir à travers les » siècles!... »

Toutefois, la situation de l'Église restait déplorable en Orient. L'empereur voulait obtenir l'approbation par le Pape

de l'Hénotique de Zénon et suscitait des troubles contre le Pape saint Symmaque.

Le roi Théodoric envoya aux évêques de l'Émilie, de la Ligurie et de la Vénétie des lettres de convocation. Ceux-ci répondirent que la convocation des conciles appartenait uniquement au Pape, qui tenait cette prérogative de la primauté de Pierre.

Théodoric pria Symmaque de convoquer lui-même les évêques d'Italie; il disait : « S'il eût été dans les attributions de ma puissance de connaître par moi-même de cette affaire, j'aurais pu la terminer à la satisfaction générale. Mais c'est » la cause de Dieu et de ses ministres; voilà pourquoi je vous > ai rassemblés pour l'instruire, car je n'ai pas cru qu'il m'appartînt de décider les affaires ecclésiastiques... »

"

"

L'Église, forte de l'union qui régnait entre le Pape et les évêques, poursuivait le cours de ses conquêtes pacifiques en Occident.

Mais il n'en était pas de même en Orient. L'empereur Anastase reprit la politique hostile contre l'Église (505) et rallia un parti formidable à l'Eutychianisme.

Les évêques d'Orient eurent recours au Pape, dont ils implorèrent la protection. Toute l'Église orientale suppliait le Pape de lui indiquer le chemin de la vérité. Elle reconnaissait spontanément, il y a quatorze siècles, que, après Dieu, son unique salut était le Pape.

[ocr errors]

Sous l'empereur Justin, la réconciliation des Églises d'Occident et d'Orient fut accomplie. Le 28 mars 519, on lut complètement l'acte de réunion, dans la grande basilique de Constantinople: « Nous adhérons, y était-il dit, à tous les > actes des quatre conciles œcuméniques de Nicée, de Constantinople, d'Ephèse et de Chalcédoine. Nous anathématisons tous les hérétiques, principalement Nestorius... Suivant donc en toutes choses l'autorité du Siège apostolique, nous espérons demeurer inviolablement attachés à la communion de cette chaire de saint Pierre, vrai et solide fondement de l'Église, centre de l'unité, source d'auto

"

[ocr errors]

"

[ocr errors]
[blocks in formation]

En 534, Justinien, empereur d'Orient, confirma les décrets des quatre conciles de Nicée, de Constantinople, d'Éphèse et de Chalcédoine : « Je désire, écrivait-il au Pape, soumettre et unir tout le clergé oriental au siège qu'occupe votre Sainteté. Le Pape de l'ancienne Rome sera considéré comme » le premier de tous les prêtres et le bienheureux archevêque » de la nouvelle Rome (Constantinople) occupera le second » rang d'honneur. »

On tire de ce décret la conclusion que la division de la chrétienté en deux patriarcats indépendants l'un de l'autre devint ainsi définitive. Cette affirmation est absolument contradictoire avec le mot soumettre employé par « >> Justinien.

Justinien poursuivit le rétablissement de l'unité catholique avec une constance inébranlable, malgré l'opposition du peuple de Constantinople et les séditions que les hérétiques fomentaient partout en Orient.

La conquête de l'Afrique par les armées impériales rendit cette terre au catholicisme.

La victoire de Bélisaire portait un coup mortel à l'Arianisme en Afrique.

93. Conquêtes de Bélisaire et sujétion de la papauté. Bélisaire renversa le royaume des Ostrogoths et conquit l'Italie.

L'impératrice Théodora jugea le moment favorable pour faire asseoir, par le crédit impérial, sur le siège de saint Pierre un Pape sans conscience qui consentirait à admettre les Eutychiens à sa communion.

Elle trouva un instrument docile dans le diacre Vigile et donna l'ordre à Bélisaire de le faire élire Pape. Mais, quand Vigile arriva à Rome, l'élection de saint. Sylvère était un fait accompli. Après le martyre de saint Sylvère, Vigile, devenu Pape, rejeta avec indignation les engagements qu'il avait souscrits étant diacre.

A partir de cette époque, les évêques de Rome devinrent les vassaux de l'empereur de Byzance. Cette sujétion humiliante dura jusqu'à Charlemagne, qui détruisit la souveraineté des Grecs en Italie.

« PreviousContinue »